Les Gens d’Ere en mode international.

Le festival lié au petit village d’Ere grandit progressivement, au moment même où beaucoup d’autres événements doivent jeter l’éponge. Il faut dire que les coûts liés aux assurances, aux locations de matériel mais surtout à la venue des artistes (cachets, mais aussi tous les frais annexes comme la prise en charge, le logement, les désidératas de certains…) explosent.

A Ere, les organisateurs ont su garder la barre stable, preuve en est la réussite de cette nouvelle édition. Ils ont même passé un cap en attirant des artistes internationaux venus d’horizons un peu plus éloignés qu’à l’habitude.

On avait déjà vu (et entendu) de nombreux Français (Zazie, Black M, Kyo, Matmatah …) et quelques Suisses (Mosimann notamment), mais cette fois, si nos presque voisins Helvètes nous ont « prêté » Léman, on a aussi pu assister aux performances d’un rappeur canadien, Fredz, et d’une star anglaise mondialement connue puisqu’elle a fait partie du girl band le plus renommé, les Spice Girls.


Alors, comment Les Gens d’Ere ont-ils pu attirer, en exclusivité nationale qui plus est, Mel C ?

« L’agent de Mel C s’occupe aussi d’Henri PFR (l’un des habitués du festival). Il nous a proposé cette opportunité. Au départ, elle devait se produire lors de deux dates dans nos contrées, l’autre étant à Tomorrowland, mais les calendriers de l’artiste et du célèbre festival house ne s’accordaient pas, donc nous avons finalement une exclu » commente Gwen Vanzeveren, le président du Les Gens d’Ere.

Mel C n’est pas venue avec ses comparses des Spice Girls, vous vous en doutez, même si certains rêvent de voir, même pour un soir, la reformation du groupe, mais bien avec son concept actuel, madame étant désormais un DJ de renom qui a sa résidence au Pacha d’Ibiza, comme un certain David Guetta ou Robin Schulz.

A vrai dire, nous n’avions pas été visionner sur internet les vidéos de ses sets. Nous étions donc curieux. Nous n’avons pas été déçus d’avoir attendu la fin de soirée (même si cela nous coûtera quelques minutes à la sortie du parking) car Mel C a assuré le show.

Tout d’abord au niveau du choix des morceaux. On est fan. C’est électro, parfois un peu techno, mais sans hard style. Elle y glisse quelques remixes de morceaux pop des 90’s et 2000’s dont elle connait par cœur les paroles. Les enchaînements sont fluides, et à 51 ans, l’artiste est très bien conservée, ce qui ne gâche rien. Elle peut en effet se permettre un short court, modèle running, avec un top sportif.

Vous saupoudrez le tout d’un jeu de lumières assez intéressant et vous êtes à deux doigts de vous imaginer au bord de l’océan, sur la plage d’une célèbre discothèque de l’île aux plaisirs. Seule différence notable : le prix des cocktails. A Ibiza, c’est hors de budget !

La page internationale du vendredi étant tournée, il restait celle du dimanche. Double cette fois, comme expliqué ci-dessus.

Le premier non frontalier à prendre le micro est Léman, un artiste franco-suisse (mais qui se présente lui-même comme Suisse, étant originaire de Genève) mêlant rock, électro, métal et rap. Il se dit influencé par des groupes comme AC/DC et Radiohead, mais aussi Orelsan et Stromae.

On retrouve d’ailleurs un peu de l’écriture malicieuse de ces deux derniers cités dans certains morceaux de Léman.

On vous conseille vivement JVQTSM. Sa plume acide est délicieuse. En voici un extrait

« Sur ta tombe, quelques fleurs
Un peu fanées, elles vont te plaire
Même si je t’ai dans mon cœur
J’te préfère six pieds sous terre
C’est ni tout noir, ni tout blanc
C’est pas gentil d’être méchant
On ira tous au paradis
Même moi, mon ami »

L’artiste peut se montrer engagé comme dans son premier titre « Les plus bornés », qui pourrait se lire autant que s’écouter tant le texte est prenant, mais peut aussi, à l’inverse, apparaître très détaché. Il a en effet proposé un cover de « La danse des canards » en adaptant le tempo.

Et oui, avec Léman, on peut passer par toutes les émotions, tous les styles. L’homme aborde des sujets de société, mais aussi des problèmes plus personnels comme l’alcoolisme d’un membre proche de sa famille dans « On attend ». A découvrir.

Et si vous voulez encore quelques points de comparaison, Léman aurait aimé pouvoir travailler avec Daniel Balavoine, Johnny Hallyday et Jeff Buckley.
Vous voulez voir par vous-mêmes ? Pas de problème, Léman, accompagné de Cyril et Estelle, ses musiciens, sera aux Solidarités (Namur) ce 23 août.


On termine ce volet international avec l’artiste qui a effectué le plus long déplacement (en théorie) puisqu’il vient du Canada (Montréal – Québec). C’est d’ailleurs un beau clin d’œil qu’il fera au public en reprenant « Parce qu’on vient de loin » de Corneille.

Frédéric Carrier, alias Fredz, est encore jeune (23 ans) mais cela fait déjà 7 ans qu’il a été repéré par K.Maro, l’interprète de « Femme like U » mais surtout fondateur des labels East 47th Agency et Winema Brands. Frédéric expliquera d’ailleurs en interview que lors de sa première rencontre avec K.Maro, il ne savait pas qui c’était. C’est sa maman, après l’entretien, qui lui a révélé qui se trouvait en face de lui.

Désormais, Fredz dispose de trois albums dans sa discographie. « Personne ne touche le ciel » (2020), « Astronaute » (2022) et « Demain il fera beau » (2024).

Ayant débuté durant « les années Covid », Fredz fait partie des artistes qui ont dû compter sur les réseaux sociaux pour se faire connaitre. Cela lui a plutôt bien réussi puisqu’il compte des millions de streams et qu’il est largement diffusé sur Tik Tok et Spotify.

Son écriture est puissante. Voici un extrait de « Mauvais rêve », l’un des titres porteurs de son dernier opus.

« 3 heures du mat, j’écris mes chagrins sur des avions de papier
Comme ça, si moi je reste embarré mes mots pourront peut-être s’évader
Allez leur dire que si y’a du bruit dans la cage d’escalier
C’est moi qui chante toute ma vie ce couplet en décalé, ça fait
Noir gris rouge c’est les couleurs de ma peine
Y’a un monstre, y’a un monstre
Qui s’est caché dans ma tête
Il faut pas qu’il touche à des personnes que j’aime
Y’a des fois, j’aimerais bien pouvoir revenir en arrière »

Dès la fin de l’été, Fredz prendra la route des salles cette fois, toujours en Europe, avec notamment une date à Bruxelles, au Botanique, le 18 octobre, soit 4 jours avant son passage à l’Olympia.

Et oui, le jeune rappeur québécois s’offrira cette salle mythique fin 2025. Avec, semble-t-il, un nouvel album, c’est du moins ce qu’il a confié à Notélé lors de son interview sur le site de Ere.
Retrouvez les clichés du festival sur la page FB – ReMarck Photos.