L’amusement 4.0 aux Anthisnoises
Ceux qui n’y étaient pas le regretteront certainement, car si tout le week-end fut rythmé, la journée de dimanche s’est caractérisée par les mots danse et bonne humeur. Pourtant, les quatre formations sélectionnées n’ont que très peu d’affinités musicales, les genres proposés étant parfois même diamétralement opposés, mais toutes ont livré un jeu scénique qui a mené le public à se mouvoir en cadence, et même, comme on dit en région liégeoise, à « se bouger le popotin ».
Et on commence fort, très très fort même avec Bugul Noz.
Le bugul-noz est, dans le folklore celtique, un « lutin malfaisant » qui effraie les humains par ses apparitions, et revêt parfois une peau de loup pour courir de nuit. C’est une sorte de créature nocturne du légendaire breton, proche du lutin et du loup-garou, qui se présente sous la forme d’un berger métamorphe portant un large chapeau. Il ne serait pas vraiment malveillant, mais demeure toujours seul à cause de son effroyable apparence.
On parle donc bien de la région bretonne, or nos musiciens arrivent sur scène en kilts ! Le ton est donné, car avec Bugul Noz, c’est le grand foutoir. Leur répertoire allie français et anglais, ils parlent de chat dans le freezer et de licornes, vous font participer à des chorégraphies engagées et reprennent même la ritournelle de la Soupe aux Choux durant leur show. Car oui, c’est bien un véritable show que nos joyeux drilles proposent sur une scène qu’ils occupent de main de maître.
C’est rythmé, festif, bon enfant, même s’ils glissent tout de même quelques messages dans leurs compositions, comme dans l’emblématique, et très entraînant, Ton opinion. Pas étonnant quand on lit sur leur page qu’ils ont été influencés notamment par Trust ou les Les Béruriers Noirs. Alors oui, il y a parfois une allusion ou un mot que vos enfants ne devraient peut-être pas entendre, mais on peut vous assurer que toutes les petites têtes présentes ont passé un bon moment pendant ce concert hors du commun.
Vous connaissez désormais le système de l’alternance, que l’on vous a expliqué dans notre article précédent, à Anthisnes, on passe du Pavillon des Bardes au Chaudron des Trolls pour y retrouver un band composé de 8 musiciens. Et oui, on ne fait pas dans le détail avec High Jinks Delegation, un groupe bruxellois aux inspirations ricaines. Ils nous emmènent dans le Sud Est des Etats-Unis, du côté de l’Alabama et du Mississipi, voire même jusqu’à la Nouvelle Orléans et ses saveurs épicées pour un mix de jazz, country, blues et ragtime.
Cette fois, les cuivres et percussions (re)prennent le pouvoir, sous l’œil avisé du Banjo. Nous sommes loin de la frénésie de Bugul Noz, mais le dépaysement est tout aussi présent et vos jambes commencent à frétiller sans que vous ne vous en rendiez compte. C’est frais, reposant mais en gardant cet aspect entraînant qui ne va pas nous quitter ainsi puisque que le groupe suivant est l’incontrôlable The Lucky Trolls.
Pour la présentation de ce quintet spécialiste de l’Irish Punk, je vous renvoie à notre interview parue voici peu (cliquez ici)
Et nous voici déjà dans la dernière ligne droite, celle qui mène en Bretagne, et plus spécifiquement à Caen, la région d’origine d’un groupe référence, Mes Souliers Sont Rouges. L’appellation date en effet de 1991, soit plus de trente ans de carrière. Avec, il est vrai, quelques coupures et surtout des modifications notables dans la composition du groupe. Il n’en reste pas moins que son répertoire n’est pas négligeable (7 albums studio) et la maîtrise rythmique de ses membres impressionnante.
Flûte, violon, guitare, accordéon, contrebasse, triangle, tambour… et pieds, tout ce qui peut faire du bruit est utilisé, à bon escient. Cela concerne évidemment aussi la voix, ou plutôt les voix, qui s’embrassent dans des harmonies qui ne laissent pas le public de marbre. Vous l‘aurez compris, les organisateurs ne s’étaient pas trompés en invitant ce band qu’ils espéraient voir fouler les planches de l’une de leurs scènes depuis un certain temps déjà.
Petit plus que vous remarquerez sur les clichés, le concert a intégralement été traduit en live en langage des signes. Et oui, il y en avait bien pour tout le monde dans ce festival de Wallonie des musiques celtiques qui n’oublie pas non plus les plus petits et les moins mobiles puisque les sites sont accessibles aux chaises roulantes (il y a une plateforme surélevée dans le grand chapiteau) et poussettes.
Pour les retardataires, le livre de l’édition 2023 est désormais fermé, mais il se chuchote en coulisses que le comité compte bien remettre le couvert dans une douzaine de mois. A bon entendeur…
NB: retrouvez les clichés de ce reportage et d’autres sur la page Facebook – ReMarck Photos.