Polémiques, pizzas et pépites musicales

Jour 2. Ce que l’on croyait être une journée classique s’est finalement avéré un véritable stress-test pour les Francofolies de Spa 2025. Du monde, du monde et encore du monde : c’est tout simplement la plus grosse affluence du festival.
Mais avant d’attaquer la musique, petite pause pizza en ville (ceci est un message d’amour à la pâte fine, mozzarella fondue et basilic frais). En mode digestion, on parcourt le programme du jour… et on comprend vite que la journée va faire parler d’elle.
Amirgate et la triste tentation du boycott
Impossible de faire comme si de rien n’était : la polémique autour de la venue d’Amir a fait trembler la programmation. Certains artistes ont annulé ou pris position, transformant une scène musicale en tribune politique. De notre côté, on le dit franchement : on vient à un festival pour la musique, pas pour les conflits géopolitiques.

Bien sûr que le monde va mal, en Palestine, en Ukraine, en Afrique, en Asie… mais doit-on vraiment ajouter un clivage culturel dans ce contexte déjà si tendu ? Le public, lui, a tranché : il était nombreux, calme et bienveillant devant la scène Proximus, protégée comme Fort Knox. Et Amir, lui, a répondu avec ce qu’il sait faire de mieux : de la musique et de l’amour.
Du groove, des découvertes, et DJ Daddy K en figure paternelle
Heureusement, cette journée était musicalement superbe.
Sur la Baloise, on découvre Morpho, pépite bruxelloise qui brise les frontières musicales avec un mélange subtil de pop, électro et soul. Ambiance envoûtante, textes soignés, public conquis. On enchaîne avec une petite pause food-trucks (libanais, chinois, crêpes, frites… Spa ou les Nations Unies de la street food), un Ice Tea pêche à la main.






Place ensuite à Léon, l’ex-membre du duo Delta qui se la joue solo. Et ça fonctionne ! Textes intimes, voix à vif, énergie maîtrisée… Léon nous emmène dans un voyage entre mélancolie et force. Mention spéciale à ses transitions d’une finesse rare.






Puis c’est Orlane, qui confirme que la chanson belge francophone a de beaux jours devant elle. Influencée par Axelle Red ou Francis Cabrel, elle brille sur scène avec une élégance et une douceur qui désarment.




Kenji, bermuda et bol d’air sur la grande scène
Fanie et moi, toujours stratèges, prenons position devant la scène Pierre Rapsat pour Kenji Girac. Si on avait eu des doutes sur sa forme après ses récents pépins de santé, ils ont été vite dissipés : le mec déborde d’énergie, et en bermuda s’il vous plaît. Le public, rajeuni pour l’occasion, chante à l’unisson.






Pendant que Fanie reste en poste (il faut bien des images !), je pars faire un tour vers les scènes secondaires, mais pas avant d’accorder 10 minutes à Diego, petit frère de Coline (du groupe Colt). Vu et revu, toujours aussi talentueux, il alterne entre pop, rap et électro avec une aisance impressionnante. 21 ans et déjà une maîtrise scénique bluffante.






Amir : un concert, un message, un public
Retour à la scène Proximus. Et là, Amir. Public tendu ? Pas du tout. Chaleureux, nombreux, réceptif. Amir enchaîne ses tubes, prend la parole, apaise, réunit. On est là pour partager, pas pour diviser. Et franchement ? Il l’a fait avec brio.



Luidji : des ados au top, et des paroles par cœur
On rejoint Fanie (ravitaillée en boisson), en attente de Luidji, le poète-rappeur du 95. C’est une découverte totale pour moi, et une révélation. Flow millimétré, présence scénique impeccable, et un public… incroyable. Les jeunes connaissent TOUTES les paroles. Même Fanie. Même moi (en playback discret, hein). Franchement, les ministères de l’Éducation devraient y penser : rap + programme scolaire = révolution cognitive ?






Barbara Pravi en fond sonore… mais toujours puissante
Pas de badge photo pour Barbara Pravi, alors on reste sur place, devant l’écran géant, qui diffuse son concert avec justesse et puissance. On entend, on vibre, on applaudit même sans la voir directement. Parfois, l’émotion passe très bien à travers un écran et une bonne sono.
Dadju, Elfil et une montée de buzz
La soirée se termine avec Dadju, qu’on ne présente plus. Généreux, entouré d’un groupe monstrueux de talent, il fait chavirer la foule belge. Et là, moment surréaliste : Elfil, youtubeuse en plein buzz, monte sur scène. D’abord tolérée, elle finit gentiment escortée dehors après avoir tenté un câlin interdit. Résultat : bracelet coupé, concert terminé pour elle, mais vidéo virale assurée. Et une leçon : ne sous-estimez jamais un garde du corps en mode papa ours.






Fin de soirée, fin de batterie
Minuit passé. Trop d’émotions, trop de notes, trop de photos à trier. Demain est un autre jour, mais celui-ci fut riche, contrasté, intense, avec cette sensation rare que la musique, même au milieu de tensions, peut tout recoller, ou au moins, tout faire vibrer.