Dominique A
Dominique A s’est produit jeudi dernier au Whalll devant une salle comble
Après un retard pour cause de pandémie et un report dû à une mauvaise chute du chanteur, Dominique A se produisait enfin au Whalll ce jeudi 1er juin dernier devant une salle qui affichait complet.
Un concert qui a soufflé le chaud et le froid, ne laissant en tout cas personne indifférent.
A l’époque où est sorti La Fossette, son disque référence, soit il y a une trentaine d’années en 1992, Dominique A m’avait interpellé par sa démarche de sortir un disque minimaliste et sombre. Un disque qui sera vite récupéré par les médias comme ouvrant la porte à une nouvelle scène française en opposition avec le clinquant de la variété souvent dénigrée par ces mêmes médias. Je trouvais alors la démarche intéressante et culottée.
Et puis durant toutes ces années l’artiste s’est constitué un public de convertis à son art, et en a aussi pas mal énervé d’autres par son maniérisme, son anti-conformisme devenu attendu et ses chansons volontairement déstructurées qui ne surprenaient plus vraiment. Mises bout à bout elles donnent parfois l’impression d’une grande linéarité, et de ne pas voir le bout du tunnel.
Celui qui déclarait dans la presse que « si l’album La Fossette n’avait pas eu le succès qu’on lui connait il n’aurait sans doute pas pu faire autre chose et se serait peut être flingué, a aujourd’hui une belle carrière derrière lui et est apprécié par un fidèle contingent d’admirateurs présents en nombre ce soir au Whalll.
Bénéficiant d’une scénographie très réussie composée de néons et de carrés lumineux multicolores, l’artiste de 54 ans au timbre très personnel et à la gestuelle ample et saccadée façon Ian Curtis de Joy Division, enchaîne ses titres, alternant moments de grâce, et autres d’agacement.
Avec une légèreté feinte et souvent démonstrative Dominique A distille en musique ses messages qui demandent une écoute attentive. C’est ce qui emballe ses défenseurs, mais que ses détracteurs qualifient de rasoir et plutôt prétentieux.
A chacun sa sensibilité !
Il est vrai que sur scène notre homme n’est pas vraiment affable, et assez replié sur sa petite personne.
Entre deux morceaux, il s’exprime assez maladroitement, et ironise sur la salle qui l’accueille, sa situation dans Bruxelles, et au sujet des artistes has been dont il a croisé les affiches dans sa loge (Hervé Vilard, Yves Duteil et d’autres). Ses réflexions cyniques n’ont pas été d’une grande élégance.
Un spectateur lui rétorquera d’ailleurs un : « Yves Duteil c’est bien ! » auquel il répondra laconiquement : « oui peut être, à part Le petit pont de bois, je ne le connais pas, mais vous avez le droit d’aimer si vous voulez !«
Je ne suis pas personnellement un grand admirateur de Duteil, loin de là, mais ce dédain envers des artistes confrères dont l’énorme carrière n’est plus à démontrer, ne sert pas positivement son personnage. Beaucoup de spectateurs ont été choqués par cet épisode et en reparlaient entre eux à la sortie du show.
Mais revenons-en au concert lui-même.
Durant 2h30 (c’est très long) Dominique A a enchainé vingt six titres devant un public attentif avec lequel il interagissait peu, ou souvent assez mal à propos. Un set au cours duquel les guitares sont quasi absentes et que, malgré les très beaux arrangements joués par de très bons musiciens, j’ai personnellement trouvé interminable, glacial et pauvre en émotion, et dont découle une uniformité dans le tempo qui porte préjudice sur la durée à l’intérêt qu’on lui porte.
Un set de 2 heures aurait pour ma part amplement suffit.
Néanmoins, son public lui a réservé deux standing ovations, preuve que l’artiste a ses fervents admirateurs qui lui ont fait un triomphe, et peut donc facilement se passer de moi pour venir écouter ses titres patrimoniaux et humanistes au ressort narratif bobo intello.
Et tant mieux pour ses fans !
Moi à sa prochaine visite je passerai mon chemin, mais il ne sera pas dit que je n’aurai pas essayé.
Jean-Pierre Vanderlinden / Photos Fabian Braeckman
Article partagé en collaboration avec Branchés Culture.com. Retrouvez l’article original via ce lien :