Suzane vole la vedette aux têtes d’affiche.

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Les nuages du vendredi ont disparu du paysage, laissant la place libre à un soleil omniprésent qui a le double avantage d’assécher la plaine et de réchauffer les cœurs. Côté public, on a cisaillé un peu la pyramide des âges. Ce sont en effet essentiellement des adolescents qui se pressent devant les scènes et l’espace de musique urbaine qui rencontre, encore plus que les autres jours, un succès franc et massif. Il faut dire que la programmation a de quoi rencontrer les attentes des 15-30 ans avec des artistes qui s’exportent aussi bien sur les réseaux sociaux que sur les ondes radios.

Et la première à prendre le micro n’est d’ailleurs pas une inconnue puisque ses titres « Docteur », « C’est la vie » ou encore « Ma place » ne cessent de tourner en boucle sur toutes les stations contemporaines.

Rori avait offert un mini concert sous un pont à Ronquières, Namur lui a servi la grande scène…

Il n’est encore que 15 h quand le premières notes de son succès le plus connu résonnent sur le site Ecolys, et pourtant on se bouscule déjà devant la scène pour apprécier la prestation de Rori. La jeune Hannutoise a beau avoir écumé de nombreux festivals cet été, on ne s’en lasse décidément pas.

Succès de foule…

A vrai dire, on prend même plaisir à la voir apprendre, au fil de ses représentations, à appréhender l’espace scénique. Elle qui s’excusait presque de venir derrière le micro voici moins d’une année prend de l’assurance. Cela se voit dans ses déplacements, sa posture, et cela s’entend lors de ses transitions. L’enfant prodige, mais renfermée, a digéré sa chrysalide vers l’âge adulte… ou plutôt artiste confirmée.

Ce n’est pas 50 cent mais bien Leo Fifty-five

A la plage, nous retrouvons un autre papillon puisque Leo Fifty Five (55 étant son numéro de maillot au hockey sur glace) a débuté comme beatmaker avant de se lancer en tant qu’auteur, compositeur et interprète. Annoncé comme la révélation du RnB belge, ce jeune Belgo-Indonésien aime jouer avec les mots, en français, racontant ses morceaux comme des histoires romancées… mais sa basse n’est jamais très loin.

Sorte de rappeur lover, Leo Fifty Five livre sa version de la vie en français.

Nous allons volontairement mettre, temporairement, Suzane de côté, vous comprendrez pourquoi un peu plus tard, et nous retrouvons ainsi Chilla, une chanteuse et rappeuse suisse qui propose des thèmes d’actualité résolument tournés vers la défense de la cause féministe. Du mélodieux « Si j’étais un homme » au ton plus agressif de « Sale chienne », Maréva Ranarivelo décoche des flèches qui font mouches aux oreilles de ses nombreux admirateurs et admiratrices.

Du peps sur scène avec Chilla.
La Suissesse défend la condition de la femme avec conviction.

A quelques encablures à peine, du moins si nous pouvons nous frayer un chemin dans cette foule qui s’est agglutinée entre les deux scènes principales, nous rejoignons le sympathique trio des 47 Ter.

47 Ter, en référence à l’adresse de la salle où ils se donnaient rendez-vous.

Originaire de Bailly, dans les Yvelines, le groupe de pop/rap français n’en n’est pas à son coup d’essai dans nos contrées. Il s’était d’ailleurs fait remarquer de la meilleure des manières lors du festival Les Gens d’Ere en juillet puisqu’une demande en mariage avait été filmée en direct pendant sa prestation. Et pour la petite histoire, mademoiselle (plus pour bien longtemps semble-t-il) avait dit oui.

Cette fois, l’attraction est bel et bien le soleil puisque c’est la première fois, selon Pierre-Paul et ses condisciples, qu’il ne pleut pas pendant leur show de ce côté du Quiévrain.  Qu’il pleuve, vente ou que le thermomètre s’emballe, une chose reste ancrée dans cette prestation, tout le monde adhère et chante en chœur « On avait dit ».

Du rythme et de la bonne humeur avec les 47 Ter.

Tout le monde ou presque… Certains sont en effet venus, parfois de loin, pour un autre phénomène urbain en provenance de chez nos voisins du sud, Lujipeka, qui se produit juste après, mais sur un autre podium. Ex membre du groupe de rap Columbine, Lucas de son vrai prénom cartonne désormais en solo avec son opus « Montagnes russes ». Là encore, les amateurs du genre sont aux anges, l’artiste ne ménageant pas sa débauche d’énergie.

Lujipeka n’a pas déçu ses fans.
Un jeu d’ombre et de lumières…

Les fadas de rap et autres tendances urbaines en ont donc eu plein la caboche et les yeux. Mais c’est peut-être l’artiste la plus improbable dans cette programmation assez ciblée qui a tiré la plus belle épingle de son jeu. Je veux bien entendu parler de Suzane, qui malgré un horaire de passage en fin d’après-midi, a marqué les esprits de tous.

Pas besoin de SAV avec Suzane, vu la qualité du show.

Et dire qu’il y a quelques saisons, c’est une jeune femme en salopette bleue qui se cachait presque derrière son clavier pour l’une de ses premières sorties dans notre pays. Depuis lors, beaucoup, mais vraiment beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Ses textes si parlant sont toujours là. La rythmique répétitive est toujours au rendez-vous. Suzane se présente encore seule sur scène. Mais c’est désormais une artiste assumée et assurée qui effectue avec brio le job.

Short de boxe, chaussures baskets noires, débardeur sportif noir… Suzane n’a besoin d’aucun artifice car le show c’est elle qui s’en occupe. Elle bouge, danse, court et n’oublie pas de venir retrouver un public que certains semblent fuir tellement ils essayent de prendre de la distance avec tout ce que le show business comporte de contraintes. Ici, rien de cela, il suffit d’écouter son titre éponyme,  « Suzane », pour y retrouver dans les paroles le pourquoi de sa joie d’être arrivée exactement là où elle le voulait.  L’insatisfait, Génération désenchantée, il est où le SAV… chaque partition pourrait faire l’objet d’un reportage au JT. Avec une telle artiste, on a le son, l’image, et la conscience en éveil.

La star du jour se prénommait Suzane, avec un seul N.

Retrouvez ces clichés et quelques autres sur la page Facebook – ReMarck Photos.

ReMarck (149)

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