« La Belgique en mode Arizona : quand la rue fait le bœuf pour défendre ses accords »

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Texte et photos : Braeckman Fabian
Bruxelles, 14 octobre 2025


Ce mardi, Bruxelles a résonné d’un autre son que celui des fanfares ou des concerts : celui d’une foule bigarrée, rouge, verte et bleue, venue battre le pavé contre les mesures du gouvernement fédéral « Arizona ».
Selon les estimations, entre 80.000 et 140.000 personnes ont défilé dans la capitale, au rythme des slogans, des sifflets et des tambours syndicaux.

Pour une fois, la Belgique a fait le plein… mais pas de bières ou de frites : de convictions.

Quand la culture aussi descend dans la rue

Parmi les pancartes sur les pensions, les flexi-jobs et la sécurité de l’emploi, on pouvait lire aussi des messages venus du monde culturel. Beaucoup craignent que les mesures économiques ne viennent réduire encore un secteur déjà fragilisé.
Et pour cause : l’« Arizona » — alliance du MR, des Engagés, de la N-VA, de Vooruit et du CD&V — entend revoir certaines aides publiques, y compris celles qui soutiennent les associations culturelles.
Autant dire que pour les artistes, techniciens, photographes et bénévoles, la pilule a un goût amer (même avec une bière), car ils seront les premiers touchés.

« La Belgique en mode Arizona : quand la rue fait le bœuf pour défendre ses droits »


Le chœur des syndicats

Sur le boulevard du Jardin botanique, la scène n’était pas musicale mais militante.
Thierry Bodson (FGTB) a lancé :

« Le combat contre le gouvernement de l’Arizona,

ce n’est pas celui d’une journée, mais celui d’une génération.»

Marie-Hélène Ska (CSC), plus posée mais tout aussi déterminée, a rappelé :

« Il est temps de faire tomber certains tabous et de réévaluer certaines aides. »

Et le public a applaudi, comme à un bon concert : un peu de rage, beaucoup de ferveur.

Une marée humaine dans Bruxelles

Dès 9h du matin, la Gare du Nord débordait. Des trains pleins à craquer,

des drapeaux flottant comme des étendards, et cette impression que tout un pays voulait faire entendre sa note dans une partition qu’il ne reconnaît plus.
La marche s’est étirée jusqu’à la Gare du Midi, ponctuée de chants, de klaxons, et parfois d’improvisations pyrotechniques non prévues au programme.

Des tensions en fin de parcours

Quelques échauffourées ont éclaté en fin de matinée, boulevard Pachéco et autour de la Gare centrale. Jets de projectiles, vitres brisées, canons à eau…
Mais la grande majorité des manifestants n’en retienne qu’une chose : la colère sociale qui gronde, pas les flammes de quelques poubelles.
Le calme est revenu en fin d’après-midi, comme une coda après un morceau un peu trop fort.

Et demain ?

Une nouvelle grève est déjà annoncée.
Les syndicats promettent de poursuivre le mouvement, tandis que le gouvernement campe sur sa position.
Dans ce bras de fer, la culture — celle des salles, des festivals, des associations — risque d’en faire les frais.

Alors oui, aujourd’hui Bruxelles vibrait, non pas au son d’un festival, mais au rythme d’une société qui refuse de laisser sa mélodie s’éteindre.
Et si, au fond, cette manifestation n’était qu’un rappel : que la solidarité, elle aussi, est un art à défendre ?.

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