Des confins de l’Est aux Pogues, en passant par le royaume des Elfes…
Pour leur troisième et dernière journée de festival, les Anthisnoises ont (encore) proposé au public un magnifique voyage spacio – temporello – auditif qui a pu nous permettre, durant quelques heures, d’échapper à la grisaille ambiante de ces derniers mois.
Et l’on plonge directement dans le vif du sujet avec une formation créée en 2012 dont le dépaysement est un peu le fonds de commerce. Elle nous fait voyager dans les siècles (et même revenir au XVe à Constantinople, capitale alors de l’Empire Ottoman) à la rencontre d’airs représentatifs de diverses cultures, parfois disparues.
Cette formation, c’est Rastaban, un groupe wallo-néerlandais que l’on a un moment cru parti rejoindre certains de ses sujets dans les abîmes puisqu’il a pris une pause scénique de plusieurs saisons (4) avant de revenir avec une nouvelle configuration incluant une base de musique électronique. Mais c’est à Anthisnes que Rastaban a effectué son test grandeur nature, jouant pour la première fois son répertoire « réarrangé » devant un public, certes déjà acquis à sa cause et bien chauffé par les deux jours précédents.
Pourquoi faire références aux premiers jours de l’événement ? Simplement parce que les plus attentifs auront pu remarquer que l’une ou l’autre tête avait déjà foulé le même podium un peu plus tôt dans le week-end avec La Horde. Ici, le show proposé est toutefois un peu plus intimiste que lors de la prestation des « Hordiens » (ou Hordistes ?).
De nombreux morceaux sont issus d’une autre époque, d’autres contrées (essentiellement des pays de l’Est) et donc moins favorables à des envolées choristiques de l’assemblée, mais qu’à cela ne tienne, nous profitons du voyage intemporel proposé sans réel point de repère, si ce n’est cette reprise à la sauce rastabanesque d’un titre de Massive Attack (mais pas le plus connu), Ritual Spirit ft Azekel.
Quittons Byzance et ces autres citées qui ont bercé les récits de nos cours d’histoire pour prendre la direction du repère des Elfes. Que dis-je, du royaume des Elfes et de tous les êtres vivants qui communiquent avec la nature. Notre vecteur se nomme Nataverne et nous vient endroite ligne d’Ardèche. Enfin, en droite ligne, c’est un peu imagé car nos voisins de l’Hexagone multiplient les apparitions scéniques depuis plus de 15 ans.
Trois albums studios seulement à leur compteur, diront les plus pragmatiques, mais combien de shows proposés ? Car on peut utiliser ce terme avec Nataverne qui nous fait véritablement entrer dans un monde parallèle, celui où les éléments et la nature cohabitent en parfaite harmonie.
Un décor végétal, des tenues apprêtées pour l’occasion… Nous pouvons nous laissons transporter sous l’écorce terrestre. Nos guides se prénomment Jean Chri, Nat, Rémi, Emma, Pascal et Nicolas. Les deux premiers sont véritablement les piliers de cette communauté car leurs voix portent toutes les chansons, en français comme pour les Ruelles du Port ou le Réveil des Elfes, mais aussi dans des dialectes moins utilisés dans nos contrées (Da Garan – Ceilli Quende …). Mais les mélodies revêtent ici une importance primordiale ce pourquoi tous participent à la réussite du groupe même si le violon d’Emma et les flûtes de Jean Chri prennent une place non négligeable dans l’ensemble acoustique.
Il est temps d’abandonner notre bulle verte pour en retrouver une autre, moins imagée, mais plus en rapport avec l’Irlande, ses trèfles et ses pubs où suinte la musique enivrante des soirées qui se prolongent au clair de lune.
Et pourtant, aucun Irish à l’horizon (si l’on excepte les cafés assaisonnés au whisky servis à l’un des food/drink truck du site) mais bien un groupe belgo – franco – écossais qui s’est pourtant établi près de Liège, The Thousand Sails. Depuis 2012, ils écument les fêtes et bars du coin, mais aussi de festivals bien plus lointains, en reprenant les titres des Pogues, l’un des groupes emblématiques du mouvement.
Quelques mois à peine après la disparition de Shane McGowan, l’occasion était trop belle pour les Anthinoises de rendre un hommage à cet incontournable et turbulente figure du folk rock celtique. On tape du pied, on chante à tue-tête, on se balance de gauche à droite…
C’est festif à souhait et c’est sur cette excellente note que nous terminerons notre périple dans le Condroz, n’ayant malheureusement pas l’occasion de voir le dernier groupe proposé du week-end, Beat Bouët Trio.
J’espère que nous aurons pu vous transmettre un peu des ondes positives qui se sont baladées dans le petit village d’Anthisnes et que certains d’entre vous viendront s’y ressourcer lors d’une prochaine édition.
Retrouvez les clichés du festival sur la page Facebook – ReMarck Photos.
Très bel article et magnifiques photos!!!!!!! Nat de Nataverne