La scène de La Clairière, the place to be pour profiter d’une ambiance électrique.

Les francofolies de Esch-Sur-Alzette se déroulent principalement sur le site du parc du Gaalgebierg, un espace arboré qui accueille trois scènes, chacune ayant ses spécificités, sa programmation et son emplacement.

Si la scène principale a bien évidemment vibré sous les acclamations des fans d’artistes aussi emblématiques que Soprano, Bigflo et Oli, Michel Polnareff, Hamza ou encore Vald, les festivaliers qui ont poussé leur découverte jusqu’à la Clairière, cet espace vert enclavé dans les bois, où la déclivité latérale était, disons, remarquée, n’ont pour la plupart pas regretté l’aventure.

C’est en effet là, à l’opposé de la main stage, qu’ont été proposées deux prestations hors du commun.

En fait, quasi toutes les performances exécutées à cet endroit ont apporté leur lot de bonne humeur et d’excellence, mais deux prestations nous ont laissé un souvenir assez marqué pour leur décalage, peut-être, pour l’engagement des artistes concernés, probablement, mais surtout pour l’ambiance qui en a résulté.

Le premier à s’être mis à nu à la Clairière, et c’est à peine figuré, est le Franco-Texan Marc Rebillet, connu pour ses vidéos sur divers réseaux (Youtube, Twitch, Facebook, Reddit), ses tenues décalées (le plus souvent une robe de chambre) mais aussi son sens de la provocation (il est désormais persona non grata au Touquet Beach Festival après ses attaques incendiaires envers un président français).

Connaissant un succès tardif (à 28 ans), après s’être fait remercier d’un précédent boulot, Marc Rebillet semble repousser toutes les limites. Il n’hésite pas à improviser, se déshabiller, apparaissant à un moment en slip kangourou, et venir au contact d’un public qu’il chauffe jusqu’à l’incandescence. Pourtant, l’homme part de loin, se présentant seul sur les planches avec un loop, un synthé et un clavier.

Quelques notes répétitives lancées en boucle et le voici qui entre dans son personnage. Son faciès se déforme, sa voix mue, ses yeux s’exorbitent… Tel un sorcier vaudou ou un chaman d’une autre époque, il lance quelques vocalises que le public reprend frénétiquement.

Il les a pris dans ses filets ! ça chante, danse, boit… On navigue entre fête estudiantine de fin de promo, un peu arrosée, et rituel d’une secte. L’assistance est captivée. Et pourtant, nous sommes loin du Concours reine Elizabeth ou d’une composition du grand Jacques, ici, quelques notes s’ajoutent ci et là au gré des boucles créées par la machine diabolique (loop). Il y a un peu de pop, de rock, de reggae, de funk, de soul… sur un fond d’électro. C’est confus, mais libératoire. Les troupes ne lâcheront plus jusqu’au terme du combat, ou plutôt ici du set. Pour les survivants dotés de quelques barrettes d’énergie, encore, il faudra traverser le site pour aller retrouver un autre représentant de la vague techno, plus conventionnel, du moins sur papier, Timmy Trumpet, en guise de clôture du jour d’ouverture.

Un bond dans le temps et nous voici le dimanche, début de soirée, au même endroit.

Cette fois, c’est un duo qui investit la scène. L’un est guitariste, en costume rayé, façon rock british des seventies, l’autre est batteur, en singlet noir, coiffure hirsute, lunettes blanches.

Le nom de cette paire peu conventionnelle ? KO KO MO. Leur univers est à des années lumières de celui de Marc Rebillet, mais l’énergie dégagée par ces artistes et communiquée au public est du même ordre que la scène qui s’était déroulée exactement là quarante-huit heures plus tôt.

On zappe la techno minimaliste pour filer du côté des rifts de guitares si représentatifs du rock, exit le clavier pour une bonne grosse batterie bien ancrée au sol, mais notre étonnement sera, lui, identique.

Waouh, quelle prestation ! Les solos sont terribles, les sourires communicatifs et la qualité de la prestation phénoménale.

Présenté comme un groupe de rock hard blues psychédélique nantais formé du duo Warren Mutton au chant et à la guitare et de Kevin « K20 » Grosmolard à la batterie et aux chœurs, Ko Ko Mo est surtout une rencontre de deux musiciens aux influences diverses.

En dix ans de présence scénique, le duo a sorti 4 albums et deux EP, mais ce sont principalement leurs arrangements de deux standards de la musique, Last Night a Dj saved my life (Indeep) et Personal Jesus (Depeche Mode) qui font recette sur le net.

Ce doit être un peu particulier de se rendre compte que ce sont les morceaux d’autres qui finalement sont les plus plébiscités, mais en même temps grisant de prendre ainsi la foule aux tripes en offrant un concert de qualité qui ravit toute l’assemblée. Alors, si toi aussi tu veux t’en prendre plein les oreilles, pas de problème, Ko Ko Mo sera de sortie cet été au Festival de Poupet (27/06), à Pause Guitare (05/07 à Albi), à Décibulles (12/07), au World Festival Ambert (18/07) ou encore aux Escales (25/07 à Saint-Nazaire).

Retrouvez les clichés du festival sur la page FB – ReMarck Photos.