Chamarande, nouvelle place forte de la rentrée ?
Alors que les étudiants belges ont retrouvé les bancs de l’école dès fin août, nos voisins d’Outre-Quiévrain disposaient encore de quelques jours de « libre » avant leur rentrée officielle, celle-ci étant programmée le 4 septembre.
C’est ce week-end particulier coincé entre vacances et rentrée qui a été choisi par les édiles départementaux de l’Essonne pour proposer au sein du magnifique domaine de Chamarande, le festival RTL2 Essonne en Scène. Peu connu dans nos contrées, ce nouveau venu dans le calendrier (sa première édition s’est déroulée en 2019) se fait toutefois, au fil des saisons, une place de choix dans la liste des activités de la région.
Son succès est tel que tous les billets pour les deux jours de l’événement étaient écoulés en dix jours à peine. Avec des pointures comme Juliette Armanet, M et Shaka Ponk, pas étonnant me direz-vous. Et oui, l’affiche est alléchante. L’arrivée du groupe RTL, via sa radio RTL2 notamment, et de l’équipe artistique des Francofolies de la Rochelle n’est sans doute pas étrangère à ce coup de boost…modéré.
Modéré car les organisateurs veulent prendre le temps de voir grandir leur bébé. Vu le succès rapide rencontré par la billetterie, il était en effet encore possible d’élargir un peu l’offre, le domaine étant très vaste et l’espace dédié aux festivaliers assez aéré, mais cela aurait sans doute grignoté un peu du confort que cet événement peut encore fournir dans sa configuration actuelle, et cela ni les membres du conseil départemental, ni les organisateurs ne l’entendaient de cette oreille.
Ce sont donc les 20 000 spectateurs attendus (10 000 chaque jour), et pas un de plus, qui fouleront finalement les allées de ce rassemblement musical « champêtre ».
Ne voyez pas de connotation négative dans le terme ici employé entre guillemets, il est juste là pour souligner, comme le précise le représentant du département, que la périphérie peut rivaliser, à un certain niveau, avec la ville lumière.
Ah oui, j’avais oublié, pour ceux qui ne maîtrisent pas la géographie de l’Hexagone, de vous préciser que l’Essonne, et plus particulièrement ici Chamarande, se trouve au sud de Paris.
De Liège, comptez entre 4h30 et 5h15 en évitant les péages, un peu moins si vous tracez sur l’autoroute. On vous conseille donc de trouver une chambre ou un camping à proximité (il y en avait encore, à des prix très décents, lors de mon trip) et de rester sur place deux ou même trois jours. La région est belle et les espaces verts nombreux.
Maintenant que vous situez un peu l’endroit, pénétrons dans ce superbe domaine arboré de Chamarande. Inutile de vous dire que vous n’y rentrerez pas avec votre véhicule. Les parkings sont situés en bordure du site, parfois un peu loin, mais cela n’est pas nécessairement un inconvénient. Le festival a en effet prévu plusieurs parkings (6) dispersés en fonction de votre itinéraire d’arrivée… et de départ. Spliter ainsi le public permet en effet de limiter l’effet bouchon des départs simultanés en fin de soirée. J’ai bien dit limiter et non éviter ! Vous aurez inexorablement des ralentissements, comme dans tout rassemblement. Mais là, personne n’a encore trouvé de solution miracle si ce n’est interdire purement et simplement les moyens de déplacements privés (et ne me faites pas ça hein. Lol)
Après un fouille minutieuse de votre sac (et pas un trop gros, sinon il restera à la consigne), vous pouvez découvrir le site. Petit conseil supplémentaire au cas où, seules les gourdes molles sont autorisées (donc pas de verre ni de plastique dur). Nous disons donc que la visite débute par l’allée des foodtrucks et le bar. Le festival a en effet opté pour placer les points nourriture/boissons de part et d’autre de la scène, un peu à l’écart. Certains s’en plaindront sans doute, mais cela offre aussi ses avantages. Il y a du choix et les prix sont de l’ordre de ceux rencontrés dans les festivals en Belgique. Durant les concerts et avant 20h, c’est relativement fluide et vous serez servi en quelques minutes, mais si vous manquez le créneau et que vous décidez finalement de calmer votre estomac entre deux têtes d’affiches, armez-vous de patience. Mais là encore, c’est logique, attendu, prévisible…
Pour nous, pas encore d’arrêt au pit stop car nous apercevons, juste là, sur l’allée principale, un jeune garçon habillé tout de blanc dont la tête ne nous est pas inconnue. Et pour cause, il s’agit de Durel, le tout récent vainqueur de The Voice Kids, couronné il y a moins de soixante-douze heures. Accompagné de quelques membres de sa famille, il pose pour quelques clichés rapides avant d’entamer, lui aussi la visite des lieux. On le retrouvera sur scène durant la soirée, pour un court extrait a capella d’un morceau qui lui a porté chance durant l’émission télévisée car en fait, cette graine de star provient du département, à l’instar d’un autre petit bout d’homme qui a aussi brillé lors du programme de TF1.
Le décor étant planté, il est grand temps de s’attaquer à votre menu préféré, celui de la scène musicale. A Essonne en Scène, comme le titre le laisse grammaticalement deviner, on opte pour une seule scène car on veut que les talents essonniens puissent profiter de la même visibilité que les grandes stars qui se produisent un peu plus tard en soirée. Le public ne doit donc pas faire de choix, parfois manichéen, entre deux espaces, loupant ci et là des prestations parfois intéressantes. Non, le festivalier essonnien voit et entend tout…s’il le désire.
Cela dit, les premières notes à retentir, hors balance, sont celles du groupe Kriill, un trio formé par Klaar, chanteur franco-brésilien formé aux USA, Richard, batteur franco-catalan et Eliott, l’ingénieur du son parisien multi-intrumentiste. Ce groupe connaissait, cela dit, déjà bien le domaine puisque cette performance est leur troisième à cet endroit, mais a aussi connu les planches de The Voice. Et oui, et si vous cherchez ce qu’est un krill, il n’y a pas un mais bien des krills. Ce sont de petits organismes marins très appréciés des baleines et très prisés en supplémentation nutritionnelle. Kriill n’est donc pas commun comme vous l’aurez compris. Trois potes qui se sont rencontrés au conservatoire, pas exactement de la même génération (il y a 8 ans d’écart entre Richard et Eliott), mais aux influences anglo-saxonnes communes (Radiohead, Portishead) qui viennent de sortir un EP de 7 titres, Kriill acoustics volume 1.
Ce trio masculin laisse place à Dynah. Cette artiste au nom de scène choisi (une partie de son prénom, une partie de son nom, mais dont la contraction donne la phonétique du chat d’Alice au Pays des Merveilles) n’habite certes pas dans l’Essonne, mais vu qu’elle se produit régulièrement à Paul B, la salle de spectacle de Massy, on peut l’assimiler à une Essonnienne de cœur.
Elevée dans une famille de musiciens/chanteurs, bercée aux sonoritées du reggae et du rock anglo-saxon des seventies, elle opte depuis peu pour le français comme langue de support à ses messages tournés tantôt vers l’amour, tantôt vers les l’environnement, mais aussi des liens entre les gens en général. Son album est prêt, mais vous devrez attendre le printemps 2024 pour en profiter.
Débarque alors le phénomène Zaho de Sagazan. Certes, un seul album n’est actuellement disponible dans les bacs, La Symphonie des Eclairs, mais quel album !
A 23 ans, cette auteure, compositrice, interprète originaire de Saint-Nazaire propose une musique aux sonorités électroniques particulières, notamment par leur répétition en boucles, habillée de textes puissants dans sa langue natale. D’Aspiration à Mon corps, en passant par Mon inconnu, Zaho de Sagazan propose un voyage acoustique en compagnie d’une jeune fille qui découvre la vie en même temps que la musique.
Chaque chanson a son histoire, pas toujours celle de son interprète, certes, mais celle de quelqu’un, proche généralement. Adepte inconditionnelle de Kraftwerk et fan de Tom Odell, elle ne rechigne pas à se laisser bercer par les accords classiques ou de la codwave russe. Difficile donc de cerner celle qui aurait pu s’orienter vers la psychologie mais qui a finalement répondu aux appels de la création artistique. Quoi qu’il en soit, le concept plait. En quelques mois, elle est passée d’ouvreuse de bal (ou de festival en l’occurrence) à tête d’affiche réelle, multipliant dans le même temps les prestations sur scène.
Si Zaho de Sagazan n’a pas chômé en été, la palme des sorties estivales revient sans conteste à Juliette Armanet. On l’a vue partout, ou presque. Malgré cela, on ne s’en lasse pas. On a beaucoup parlé de sa sortie malheureuse liée à une célèbre chanson de Michel Sardou, je vous l’accorde, mais je vous parle ici de la chanteuse performeuse. Et oui, on peut employer ces termes car une prestation de Juliette Armanet, c’est un show complet.
Entrée en scène soignée, avec son lancer de roses, prestation tantôt rythmée, tantôt posée, mais toujours avec un sourire resplendissant, jeux de lumières remarquables, notamment lorsque ceux-ci se dispersent sur son costume « miroirs », échanges vocaux avec le public. Toute la panoplie d’un concert réussi figure au menu du set de l’artiste.
Nous en profitons au maximum d’autant que c’est l’une des artistes qui nous accorde encore assez bien de liberté au niveau photos, ce qui ne sera pas le cas de M, le fils de Louis Cheddid. Seuls trois médias ont reçu l’autorisation de prendre des clichés de ce concert, qui a sans doute, comme d’habitude, été grandiose. Pour notre part, nous nous éclipsons entre ces deux prestations, histoire d’éviter ces ralentissements dont nous parlions un peu plus tôt. N’oubliez pas que pour moi, et beaucoup d’autres, ce n’est que partie remise vu que le festival remettait le couvert le lendemain avec un programme tout aussi intéressant.
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