On en a pris plein les yeux et les oreilles au Cabaret Vert.
5 jours de festival, plus de 125 concerts, 70 artistes de BD, 125000 personnes attendues (127000 finalement présentes). On peut véritablement parler d’un événement XXL avec le Cabaret Vert.
Débutons par les aspects pratiques puisque c’était notre première expérience à Charleville-Mézières. Autant de festivaliers, cela demande évidemment énormément de places de parkings. Nous avions un peu peur à ce niveau, ne disposant pas d’emplacement réservé, mais nous avons trouvé relativement facilement des places dans un rayon très correct. Et puis s’il vous faut laisser votre véhicule un peu plus loin, pas de panique, de nombreux bus, navettes voire même trains (et oui, il y a même une ligne desservant Bruxelles via Charleroi) ont adapté leurs horaires à ceux du festival.
L’entrée de certains événements pose aussi parfois soucis, des files interminables s’accumulant devant les accès. Là, on ne peut pas dire que tout fut rose le mercredi, soit le jour de l’ouverture du site, mais c’était dû essentiellement à des coupures de réseaux internet bloquant donc le contrôle de certains tickets.
Le vendredi, par contre, jour de notre arrivée, c’est passé comme une lettre à la poste, selon l’expression consacrée.
Nous pénétrons donc sans avoir rencontré le moindre souci majeur au sein du site même de ce Cabaret Vert qui, au fil des ans, ne cesse de signer de nouvelles lettres de noblesse.
Le premier sentiment qui s’impose à nous est de constater que c’est très grand, et assez bien organisé. Le festival dispose en effet de certaines structures fixes sur le site même qui restent l’année à demeure. Mais ce qui vous intéressera sans doute plus, ce sont les points alimentation/boissons, qui sont en nombre, et facilement accessibles car disposées tout autour des cinq espaces musicaux. Et oui, il y a bien 5. Trois que nous décrirons comme assez thématiques, et deux plus diversifiés, pouvant accueillir plus de monde et donc dédiés aux artistes attendus par le plus grand nombre.
Le Zionclub, est un espace en lisière de bois, accueillant des DJs dont la plupart sont accompagnés de chanteurs au style parfois décalé. Pour exemple, prenez de la musique assez électro, mais avec un bonhomme de plus de 50 balais, au look rasta, qui slame version reggae. C’est détonnant, surprenant, mais très festif.
Vous traversez une passerelle surplombant le lac et vous voilà au Greenfloor, un petit coin cosy niché entre les arbres, où le rap est à la fête.
Revenez sur vos pas, et juste derrière une palissade se terre Razorback, le domaine des métalleux, où rockeurs à la voix éraillée et rifts de guitare s’en donnent à cœur joie. C’est animal, bestial, brutal … et tout ceci dans un village qui n’est pas sans rappeler certaines scènes de la saga Mad Max. Ames sensibles s’abstenir, d’autant que de ce village sortent parfois les flammes de l’enfer.
Les deux autres scènes, plus neutres, accueillent donc elles les « têtes d’affiches ».
Ah, j’oubliais, pour les gourmands qui voudraient tenter le pari fou de goûter un peu de tout, c’est mal barré. Il peut arriver que deux, voire trois prestations se déroulent… de concert.
Voici le menu que nous avons à vous proposer pour le vendredi, troisième jour de fête là, mais premier pour nous.
En amuse-bouche, Leak, littéralement fuite en anglais, peut aussi signifier plus particulièrement un transfert non autorisé de données informatiques, ou plus généralement un piratage. Mais ici, point de complot contre une multi nationale ou un état, mais juste un duo de jeunes rappeurs strasbourgeois arpentant la scène. Grim Bee et Sigma travaillent désormais depuis plus d’un an sur la réalisation de leur premier projet et pour cette apparition sur la scène du Cabaret Vert, ils sont venus accompagnés par DJ Koon, afin de créer un univers associant musiques énergiques et plus posées. Comme exemple de leur travail, on vous renverra vers Shark.
Kiplan : est un groupe assez jeune, formé en 2019 à Reims, Kiplan est la fusion de deux styles opposés. Alternant entre puissance et fragilité, la voix de Laure sert de guide pour un voyage au fil des nombreux thèmes introspectifs abordés par le groupe. On est passé dans l’univers rock/pop un peu planant comme l’illustre When I die.
Aloïse Sauvage : comédienne, chanteuse, mais aussi danseuse, l’artiste propose un show dynamique lors duquel elle n’hésite pas à donner de sa personne. Deux ans après « Dévorantes », son premier album, Aloïse Sauvage revient cet automne avec un nouvel album : « Sauvage » qu’elle défend sur scène avec une énergie toujours débordante et des chorégraphies maîtrisées comme dans le clip de Joli Danger.
The Selecter, c’est un groupe britannique de ska formé à Coventry en 1979 (et oui, tout de même), et qui participa à la renaissance de ce genre au tout début des années 1980 à travers le mouvement « 2 tone », au même titre que The Specials, Madness ou The Beat.
Côté compo, le groupe s’articule autour d’une chanteuse emblématique, Pauline Black, la seule d’ailleurs a toujours faire partie de la formation depuis ses débuts, et de cuivres de circonstance, évidemment. Vous ne connaissez pas ? Le Ska est un genre qui n’est peut-être plus vraiment « à la mode », mais c’est festif. Et là, on revient aux fondamentaux avec le groupe qui a notamment sorti « On my radio » en novembre 1979.
Benefits : Ceux qui ont assisté aux concerts de Benefits au cours des deux dernières années comprendront que le groupe a de nombreuses cordes à son arc. Sur scène, Kingsley Hall utilise sa présence intense pour exprimer non seulement sa rage, mais aussi sa vulnérabilité.
Il assume sa propre nervosité et sa maladresse, et fait preuve d’un sens de l’humour effacé. Pour ceux, comme moi, qui n’avaient encore jamais vu ou entendu même parler de cet obus sonore, on parle ici d’un hard rocker anglais qui donne tout sur chaque montée vocale. Au bout de deux morceaux, il était déjà trempé de transpiration, mais cela ne l’a pas empêché de livrer un show complet duquel il est ressorti avec, probablement, un kilo et des poussières de moins sur la balance.
Zola : surfe sur la vague du succès depuis 2017, année durant laquelle il quitte le groupe Osiris pour se lancer dans une carrière solo qui lui réussit plutôt bien puisque son premier album Cicatrices, s’est écoulé à plus de 15000 exemplaires lors de sa première semaine d’exploitation avant d’être certifié disque de platine. Le 20 novembre 2020, le jeune artiste sort son deuxième album qui devient en une semaine le cinquième album le plus écouté dans le monde sur la plate-forme Spotify. Côté face sombre, on mettra en garde les parents car le rappeur utilise un vocabulaire pas toujours très retenu et qu’il s’est déjà fait remarqué hors de scène pour des comportements parfois répréhensibles. A écouter sans copier donc.
Bekar : jeune rappeur local qui distille ses paroles en français. Originaire de Roubaix, il fait partie du collectif Northface Records. Assez prolifique (il a sorti un EP en 2019, un deuxième en 2020 et encore un l’année suivante), il multiplie les clips disponibles sur les différentes plateformes.
Mais il vient aussi de sortir son premier album complet, « Plus fort que l’orage » où parmi les seize titres, l’on vous conseille notamment « Entre 4 murs » pour débuter l’écoute et appréhender un peu l’univers de l’artiste avant d’aborder des titres comme « Fisheye », son featuring avec PLK.
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Fishbach : un univers à elle seul. De son nom d’état-civil Flora Fischbach, (et oui, elle a gardé son vrai nom à une lettre près) elle est née le 6 septembre 1991 à Dieppe, mais on peut la classer dans les locales de l’étape vu qu’elle a passé une grande partie de son enfance à Charleville-Mézière.
Auteure-compositrice-interprète française, qui navigue entre rock, synthpop et variété, elle se fait remarquer aux Transmusicales de Rennes avant même d’avoir sorti son premier album. Multi disciplinaire, elle est également actrice. En allemand, son nom signifie « ruisseau aux poissons ». « Fischbach c’est mon nom de famille, je suis fière d’être une Fischbach […] Je vais à contre-courant en revenant aux origines, en composant la musique que mes parents auraient pu écouter il y a quelques années ».
Sa voix quelque peu androgyne est parfois comparée à celle de Desireless, voire de Christophe ou Catherine Ringer dans les intonations. On retrouve aussi des influences telles que Niagara, Rita Mitsouko, Mylène Farmer ou encore Julie Pietri. Je vous sens un peu perdu, alors jetez un coup d’œil sur le clip de « Presque beau », ça vous donnera une idée du genre musical…ou pas.
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The Chemical Brothers : deux gars plantés derrière leurs claviers, ce n’est pas très visuel, même si l’écran géant derrière eux renvoie une animation, mais quel bon son. Dans la grande famille des duos chimiques, il y a White & Pinkman (pour ceux qui n’auraient pas la référence, regardez la série Breaking Bad) mais il y a surtout les Chemical Brothers.
Au cours des trois dernières décennies, ils sont passés d’un groupe électronique underground extrêmement respecté à l’un des groupes live les plus renommés et les plus demandés au monde. Leur show époustouflant et entièrement immersif a fait la Une des festivals aux quatre coins du monde. Créateurs d’hymnes légendaires comme « Galvanize », « Block Rockin’ Beats », « Got To Keep On » et « Hey Boy Hey Girl », ils ont remporté plusieurs Grammy Awards et Brit Awards et vendus plus de 13 millions d’albums dans le monde.
Foushee : présentée comme une rappeuse, elle est moins catégorisable que cela. Britanny Fousheé, connue professionnellement sous le nom de Fousheé, est une auteure-compositrice-interprète et guitariste américaine du New Jersey. Elle s’est fait connaître lorsque sa chanson « Deep End » a été reprise partiellement par le rappeur Sleepy Hallow.
Suite à un drame de la vie, Fousheé a été contrainte d’abandonner assez rapidement l’université où elle étudiait notamment la musique, pour travailler et venir en aide à sa mère. En 2018, elle est toutefois candidate dans la 15ème saison de l’émission The Voice (version américaine) où elle fait un joli parcours dans l’équipe d’Adam Levine (le chanteur de Maroon 5). Cette participation va lui permettre de renouer avec sa première passion et de se recentrer sur la musique.
Ten56 : voici une grosse claque qui vient de l’espace. Le choc est terrifiant, et va déstabiliser la scène métal en France. Brutal et psychédélique avec une complexité très roots. C’est une histoire musicale totalement dingue racontée par des samples et des effets de guitares parfaitement taillés dans l’immondice du monde. Une nouveauté qui va éclabousser le paysage métallique français de sa rage, violence et singularité.
PLK : du rap, du feu, et beaucoup de public venu rien que pour lui. Après avoir participé à plusieurs groupes, il décide de se lancer en solo et sort son tout premier album « Polak » en 2018. Un album dans lequel PLK se livre sur son histoire et celle de sa famille originaire de Pologne. Sur sa lancée, PLK sort « Mental » en 2019 qui devient disque de platine en 2020. Il sort son deuxième album « Enna » en août 2020 dont la réédition sortie en 2021 devient triple disque de platine. En lançant cette année un concept révolutionnaire d’album participatif permettant à ses fans de contribuer à la création de son prochain opus, PLK prouve qu’il est une figure incontournable du rap français.
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