Cali, l’hydre à trois têtes (Partie 1)
« les gens ne se rencontrent pas, ils se reconnaissent. Un regard suffit parfois, une poignée de mains, une accolade et on sait que l’on a toute la vie à parcourir ensemble après ». A l’occasion de son passage aux Solidarités, Cali se confie.
Bruno Caliciuri est un auteur-compositeur-interprête français né le 28 juin 1968 à Perpignan. S’il a connu le succès dès la sortie de son premier album, « L’Amour parfait », en 2003, grâce à des titres toujours repris en chœur par le public comme « C’est quand le bonheur ? » ou « Elle m’a dit », il a su garder les pieds sur terre et fait encore maintenant l’unanimité concernant sa gentillesse et son implication, que ce soit au niveau humanitaire, politique ou scénique. Fier père de 4 enfants (il clame haut et fort que sa famille est de loin sa plus belle réussite), il n’en reste pas moins un homme au planning chargé, surtout lorsqu’il surfe sur 3 vagues simultanément, comme c’est le cas en cette fin d’année 2022. Il n’y a en effet pas très longtemps que son troisième roman « Voilà les anges » vient de paraître, son dixième album studio « Ces jours qu’on a presqu’oubliés » pointe le bout du nez et dès la tournée des festivals bouclée, Cali va ranger momentanément ses accords rock au placard pour entamer une tournée seul en scène « Ne faites jamais confiance à un cowboy… » (le 29 septembre au Delta/Namur, le 01 octobre à la ferme du Biéreau à LLN, le 20 octobre à l’Acte 3, le 21 octobre au centre culturel de Verviers).
A l’occasion de son passage aux Solidarités, il nous a convié à un point presse, ou disons plutôt à une rencontre ou encore un échange, car l’homme est ainsi fait, sa politesse n’a d’égale que son humanité. Il se présente comme étant Bruno (son vrai prénom), serre la main de toutes les personnes présentes et répondra à toutes les questions avec sincérité et humilité. Voici un extrait du compte-rendu de cet échange. L’intégralité de cette conversation fera, en fait, l’objet de 3 articles, l’homme étant, pour notre plus grand plaisir, assez loquace.
Nouvelle présence aux Solidarités. C’est donc un festival qui vous tient à cœur ?
Je suis ravi. Il y a des festivals comme cela, très fidèles. Il en fait partie, comme Spa, et j’ai toujours plaisir à y revenir chaque fois. Quand je vois sur la liste des choses que j’ai à faire sur l’année que ce festival y figure, je coche la date et je me dis ah, c’est cool. D’autant qu’on y voit toujours des copains. Là je viens de croiser Gaëtan (Roussel) et Christophe (Maé).
Vous avez une actualité chargée.
Oui, mais comme toujours en fait. Je n’arrête jamais pour ainsi dire. Depuis que l’aventure Cali a débuté, j’ai l’impression que cela s’enchaîne sans cesse. Il n’y a pas un moment de pause, et j’en suis ravi finalement.
Mais qu’est-ce qui vous ressource ? D’où provient toute cette énergie?
Je me dis que j’ai énormément de chance. J’ai des amis musiciens qui ont un talent gigantesque mais qui n’ont pas l’opportunité de pouvoir tourner autant que moi. Je profite de ça. Il faut que je le mérite alors je me dis croque, vas-y à fond, c’est peut-être ton dernier concert car on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Et j’ai la même approche dans ma vie de famille. Ici, j’ai ma fille de 9 ans qui est avec nous, et je lui montre ça en lui expliquant que la vie est une aventure dont il faut profiter. J’écris aussi des livres et je fais du cinéma, mais le prétexte est juste de croquer la vie. Prend tout ce qu’on offre et profite.
Des livres dont le troisième tome vient de sortir, « Voilà les anges ». Mais qui sont ces anges pour vous ?
C’est particulier car les gens ne se rencontrent pas, ils se reconnaissent. Un regard suffit parfois, une poignée de mains, une accolade et on sait que l’on a toute la vie à parcourir ensemble après. On n’a pas besoin de signer un pacte, il y a comme un accord tacite et l’on sait que l’on peut compter l’un sur l’autre. Ces gens sont en quelque sorte vos anges vivants. Et puis il y a les anges défunts. J’ai mes parents là-haut. J’ai perdu ma maman à l’âge de 6 ans et je lui raconte encore maintenant les jours qu’elle n’a pas vécus. Je lui parle et elle est là, toujours. Concernant ce titre, il faut savoir que c’est initialement le titre d’une chanson du groupe Gamine (NDLR, sorti en 1988). J’ai appelé le chanteur et je lui ai demandé si je pouvais utiliser ce titre. Il m’a répondu, les anges ne m’appartiennent pas. Je trouvais cela très beau.
J’écris mes livres à la main. Je ne tape pas à l’ordi et tout ça, je suis nul, je n’y comprends rien et ça m’énerve. On parle de logique or je n’en vois aucune dans ces ordis en fait où il faut parfois enchaîner plusieurs manipulations pour activer une simple fonction. J’écris donc à la main, sur des carnets. Les deux premiers romans, je les ai dictés à ma chérie. Mais le troisième, elle ne pouvait pas le faire. Je suis donc monté à Paris chez un copain qui voulait bien le mettre en forme. Me voilà donc débarqué dans la capitale avec le seul exemplaire de ce roman, griffonné sur un cahier d’écolier. Le problème, c’est que je venais à peine d’atterrir quand des potes m’ont contacté pour un apéro. J’ai fait un long, trop long apéro et j’ai perdu le sac dans lequel était déposé mon carnet. Je me suis dirigé vers l’hôtel et là j’avais les larmes aux yeux. J’ai dit au gars de l’hôtel que j’avais perdu mon roman et qu’il ne devait donc peut-être jamais être publié. Vers 03 h du matin, il est venu frapper à ma porte. Il m’a expliqué qu’il était allé fumer une cigarette dehors, il faut savoir qu’il pleuvait assez fort ce soir-là, et qu’il l’a trouvé sur une bouche d’égout devant l’hôtel. Mon sac était apparemment tombé dans un petit ruisseau qui était venu le déposer juste là au bon endroit. Il est devenu l’un de mes anges aussi en me rapportant ce sac et surtout son contenu.
Une journée c’est important dans une vie, vous allez croiser des gens que vous ne reverrez peut-être plus jamais, mais un regard, un geste, peut parfois changer une vie. Ainsi j’aime dire que j’ai 16 ans et 13998 jours. Parce que moi, je les compte les jours, cela les matérialise, c’est du concret. Et dans mon aventure, je peux crier chaque soir que j’ai besoin d’amour. Si j’étais banquier, je ne pourrais sans doute pas agir ainsi en sautant sur le guichet en réclamant de l’amour (sourire).
Pour en revenir à ces romans, le premier est très autobiographique. Le garçon a 6 ans et perd sa maman. C’est moi. Dans le deuxième, il y a du très vrai et des conneries. Le troisième est beaucoup plus romancé. Alec que je rencontre à 6 ans est toujours un ami proche, Fernand que l’on découvre dans le deuxième me fait les pochettes d’albums et les clips. On est donc toujours très proches aussi. Tout est lié, car à 15 ou 16 ans, alors que l’on n’a pas encore fait l’amour pour la première fois, on est là, au bord d’une falaise, prêts à sauter, et on se dit avec un pote, ça va être éternel, on sera toujours là.
Retrouvez « Voilà les anges » (aux éditions Albin Michel) dans toutes les (bonnes) librairies ainsi que les plateformes de vente. Troisième tome d’une « saga » de moins en moins biographique qui a débuté avec « Seuls les enfants savent aimer » suivi de « Cavale ça veut dire s’échapper ».