Terrenoire, la descendance artistique de Bernard Lavilliers est assurée.

Ce nom, Terrenoire, le groupe le sort tout simplement de l’appellation du quartier de son enfance, à Saint-Etienne, la patrie chère à Bernard Lavilliers, avec qui le binôme se trouve évidemment de nombreux atomes crochus.

Raphaël et Théo (Herrerias) sont frères, attachés à leur terroir, mais aussi aux valeurs qui leur ont été transmises par leurs aînés, certains d’origine espagnole.

C’est en 2017 que le groupe se compose, les frères ayant, chacun, eu leur propre parcours jusque-là.

Le binôme débute sur scène par des premières parties d’artistes aussi emblématiques que Clara Luciani, Eddy de Pretto, Feu! Chatterton.
Le premier album de Terrenoire, « Les Forces contraires », sort en août 2020.

Raphaël et Théo s’identifient notamment par leur sens des mots, écrivant aussi pour d’autres comme ce « Désolée » interprété par Louane.
Et comme on devait s’y attendre, ils sont naturellement invités par Bernard Lavilliers sur son album Sous un soleil énorme pour le titre Je tiens d’elle qu’ils ont composé ensemble pour rendre hommage à Saint-Étienne.

Mais c’est leur titre « Jusqu’à mon dernier souffle » qui se démarque en illustrant à merveille un spot télévisuel tourné en milieu hospitalier. Et pourtant comme le raconteront les frères, ce morceau, très intime, a failli ne pas apparaître sur leur produit fini. Concours de circonstances faisant, c’est leur chemin artistique qui s’illumine depuis.

Ils viennent d’ailleurs de sortir leur troisième opus, « Protégé.e » (qui est en fait le deuxième album, « Terrenoire » étant un EP).
Ambassadeurs de la langue française, ils expriment leurs sentiments avec une vision faussement positive de la vie dans « ça va aller » mais veulent aussi attirer l’attention avec « Le fou dans la voiture » qui s’écarte de leur tracé habituel, plus saccadé, plus grave, plus alarmiste.

Sacrés Révélation de l’année aux Victoires de la musique 2022, ils ont pris le temps de peaufiner ce nouvel album où ils ont composé 50 chansons d’où 14 se sont extraites pour venir se déposer sur la maquette finale.

La prose est toujours là, le mélange de styles musicaux plus remarqué et les thèmes plus ouverts, engageant à profiter du moment présent, sans se focaliser sur les critères de l’époque.
J’aime tes seins qui tombent
Ton corps de daronne
Ta peau d’avant donner la vie
J’la connaîtrai jamais
J’aime qu’le temps nous abîme
Qu’on se cherche les rides
On s’dit qu’on est wabi-sabi
Ça fait stylé d’vieillir

« C’est une musique d’aujourd’hui, populaire et exigeante, où différents genres musicaux s’enlacent. Des accords planent, des ritournelles s’installent, des machines discutent avec des instruments à cordes ».

Terrenoire nous emmène dans un conte, parfois brut, parfois dur, mais toujours avec cet écrin souple et malléable que peut-être la langue de Molière, si habillement utilisé. Ils n’ont certes pas encore le charisme de Lavilliers et cette voix rauque qui fait la patte du plus célèbre des militants chanteurs stéphanois, mais ils en empruntent les pas, assurément.
Retrouvez les clichés du festival sur la page FB – ReMarck Photos.