Claudio Capéo, ému par l’accueil que lui a réservé Forest National.
Claudio Ruccolo, né en 1985 à Cernay (périphérie de Mulhouse) de parents Italiens, est un prisme attachant de cette société. Touche à tout de la musique mais aussi du bricolage, il n’hésite pas à afficher et revendiquer ses deux cultures, l’Alsacienne et la Sicilienne. L’un de ses albums comporte d’ailleurs des reprises de chansons italiennes.
Il apprend l’accordéon dès l’âge de 5 ans, enchaînant, avec l’assentiment de sa famille, les concours avant de se tourner vers le métal puis le jazz africain… Une route musicale sinueuse donc, qui tranche avec son parcours de vie puisqu’en parallèle, il passe son BEP/CAP de menuisier décorateur, un métier qu’il va réellement exercer.
En 2008, il constitue le groupe Claudio Capéo avec des amis du coin. Ce band « vivote », sortant deux albums mais ne parvenant pas à vivre de la musique. Claudio expliquera même que certaines personnes des hautes sphères musicales leur répétaient régulièrement que leur musique était bien, leur énergie intéressante, mais que de tels groupes existaient déjà aux quatre coins du pays et que jamais ils ne feraient leur trou dans cet univers.
C’est donc presqu’en désespoir de cause qu’en 2016, Claudio tente l’expérience The Voice sur TF1, qui en est alors à sa 5e saison. Il se présente en solo…ou presque puisque son pianiste, Gilou, l’accompagne aux auditions à l’aveugle. Il intègre l’équipe de Florent Pagny grâce à son interprétation de « Chez Laurette » de Michel Delpech mais se fait éliminer dès les battles.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, ou reprendre dans l’anonymat presque total duquel le groupe tentait de s’extraire depuis quelques années, mais la personnalité touchante de l’artiste et ses particularités musicales (une voix singulière, un faciès marqué, l’utilisation d’un instrument délaissé depuis quelques décennies, l’accordéon, …) ont touché le public.
Il profite de cet engouement pour sortir un album, s’intitulant simplement Claudio Capéo, qui cartonne. Il faut dire que le premier single extrait de cet opus est une pure merveille. Un titre puissant, poignant et entraînant qui est d’ailleurs le point d’orgue final du concert actuel de Claudio. Ce titre, c’est évidemment « Un homme debout ». A l’instar de « Assis par terre » de Louisy Joseph, Claudio évoque les périodes galères et les accidents de la vie, tout en sollicitant que l’humanité ne se détourne pas complètement des personnes moins chanceuses.
En quelques mois, l’univers de Claudio va être complètement chamboulé par cette notoriété grandissante. Ses albums se vendent comme des petits pains, et il désormais l’un des artistes les plus diffusés sur les ondes en Hexagone (et en Belgique). Il est aussi extrêmement sollicité, par ses pairs (Vitaa, Kendji Girac, Boulevard des Airs…), pour des duos ou des collaborations scéniques (les Restos du cœur par exemple).
Tout s’emballe, un peu trop vite… Au point que Claudio, assez terre-à-terre jusque-là, doit mettre un frein à cette machine lancée au triple galop. Les fans s’inquiètent, vont-ils perdre cet artiste si humain qui les touche par cette proximité, cette mise-à-nu que peu de membres du showbiz s’autorisent en public, cette personnalité qui n’hésite pas à les remercier pour leur soutien au lieu de les nier et à mettre en lumière ses collaborateurs ?
Heureusement non. Claudio revient, ressourcé, mais avec, toujours, cette image d’un homme du cru, qui ne renie ni ses racines, ni le monde « commun » qu’il continue à côtoyer quotidiennement. Ses musiciens, ou ses Capéo(s) comme il les appelle, lui sont fidèles, comme il leur est aussi. Ce groupe, c’est une bande d’amis, une sorte de deuxième famille qui arpente les territoires francophones lors des tournées. Sur scène, Claudio ne les oublie pas, comme chaque artiste me direz-vous, mais on ressent ici une alchimie particulière. Ses compagnons de succès sont restés ses compagnons de galère en somme (Xavier Zemb, batterie / Julien Fuchs, saxophoniste / Jonathan Bonzani, basse / Gilles Dorn, guitare et piano). Tout n’est question que de point de vue, d’interprétation. C’est aussi cela la philosophie prônée par Claudio Capéo, il ne faut pas « écraser » ou même simplement dénigrer certains parce qu’on pense qu’ils sont moins importants ou moins utiles à tel ou tel moment.
Son expérience de vie, son éducation, son histoire personnelle interfèrent dans sa personnalité et c’est cela qui qui fait de cet artiste un être si proche de son public. Au propre comme au figuré, car à Forest National, Claudio n’a pas dérogé à la règle, enfin à sa règle, qui est de venir se mêler à ses fans. Et il ne s’arrête pas aux premiers rangs, non, il escalade la rambarde et vient au balcon, arpente les allées, se faufile dans l’assistance…
Cette proximité et cet intérêt pour l’être humain, on les retrouve évidemment dans les textes de ses chansons, comme cette ode aux « invisibles », « Les petites gens » extrait de son dernier album, mais qui sert d’entrée à son set. Tout un symbole… Et quand, au bout de quatre ou cinq titres, l’artiste se fige, ému, et annonce au micro qu’il a rarement pu profiter d’un tel accueil et d’une telle énergie en début de concert, ce n’est qu’un exemple supplémentaire de son extrême humilité.
Au chant, à l’accordéon, au piano ; en solo, avec ses musiciens ou avec Marion Roch (invitée en première partie mais qui sera rappelée pour apporter une petite touche féminine à « Chez Laurette »), Claudio est multiple et unique à la fois. Son répertoire est désormais tellement fourni qu’il faut faire des choix dans la set-list, mais l’italien reste à l’honneur avec cette dédicace à ses aïeux sur « Penso a te » et cette performance vocale sur un monument qui avait été remis au goût du jour par son coach de The Voice, « Caruso ». Et oui, Claudio Capéo est attachant, mais c’est avant tout un chanteur avec un instrument plus percutant encore que tous les autres, sa voix.
Certes, il est toujours possible d’écouter ses morceaux en streaming ou via un quelconque support (le CD même, pour ceux qui connaissent encore. Lol) mais l’atmosphère et l’ambiance d’un concert apportent une dimension supplémentaire. On vous encourage donc à retourner dans les salles supporter tous les artistes, mais ici, en particulier, Claudio et ses Capéo(s), et peut-être aurez-vous également, comme nous, les poils du bras qui se hérissent et une petite larmichette au coin de l’œil en entendant l’interprétation sans égale de l’un des plus beaux morceaux du répertoire moderne francophone, « Si j’avais su ».
Et pour les plus rapides, c’est encore possible, car si Claudio ne vient plus en Belgique prochainement, il se produira très bientôt à quelques encablures à peine de la frontière, ce 14 décembre au Zénith de Lille, 15 décembre au Galaxie d’Amnéville, et le 16 décembre au zénith d’Amiens. La tournée reprendra ensuite dès février 2024, mais il faudra un peu plus de carburant dans le réservoir ou d’arrêts au bornes de rechargement pour atteindre les salles de concert à partir de notre plat pays. Plus de renseignements sur le site de l’artiste (ici).
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