…a donné rendez-vous à son public à Forest National pour un concert alternant fulgurances géniales et moments plus douloureux, pour ce qui risque sans doute d’être un dernier salut à son public

Michel Ponareff , un nom illustre de la chanson française et du rock français ! Pianiste hors pair et mélodiste de renom, l’artiste était en concert à Forest National vendredi dernier, dans cette salle mythique où en 1975 dû à des problèmes techniques il démarra son concert avec un megaphone.

Michel Polnareff (c) Fabian Braeckman

De 1966 à 1990, Polnareff a sorti une série d’albums devenus aujourd’hui des classiques et qui contiennent quelques pures pépites. Son jeu de piano exceptionnel et sa voix reconnaissable entre mille a marqué plus de trois décennies d’admirateurs laissant dans le patrimoine collectif musical une trace indélébile.

Michel Polnareff (c) Fabian Braeckman

En 1975 j’étais présent dans la salle, et nous avons vécu un grand moment malgré les soucis techniques et logistiques qui ont fait de ce concert un concert mythique.

Plus de trente ans plus tard, en 2007, à l’annonce de son grand retour sur scène, lors de son passage à Forest National le français m’avait scotché par son jeu de piano formidable et des orchestrations superbes portées par un band terrible dans lequel officiait l’excellent guitariste Tony MacAlpineVocalement Michel était au top, et le show fut grandiose. Un très très grand souvenir.

Michel Polnareff (c) Fabian Braeckman

En 2016, sa prestation toujours à Forest National fut convaincante, sans toutefois atteindre le niveau magistral de la tournée de 2007. L’artiste a néanmoins ravi ses fans et y a donné un concert de grande qualité.

Michel Polnareff (c) Fabian Braeckman

Que fallait-il donc attendre de cette tournée 2023? Annoncée comme une tournée piano-voix en scène centrale, elle se solde finalement par un show électrique plus conventionnel, l’Amiralétant accompagné par de très talentueux musiciens anglais.

Pourquoi ce revirement de situation? Je n’en sais pas plus à ce sujet, mais au vu du concert de ce 30 juin je vous livre dans les prochaines lignes de cet article quelques éléments de réponse qui n’engagent que moi. 

Michel Polnareff (c) Fabian Braeckman

La scène est centrale, et Michel Polnareff prend place sur celle ci soutenu par deux gardes du corps. Il est évident que l’homme n’est plus aussi fringant que lors de la dernière tournée et semble assez affaibli.

Il attaque avec Love me Please Love Me dont il chante volontairement les premières phrases dans une tessiture grave, interrompt la chanson égratignant au passage le journal Le Soir qui a osé écrire  » qu’il ne sait plus monter « , avant de conclure ce petit speech revanchard par un  » le soir bonsoir !  » dédaigneux, et de reprendre le cours du morceau dans sa tessiture classique.

J’avoue après ce début atypique avoir eu peur que le concert ne se résume en un règlement de compte entre Michel et les médias mais heureusement la suite sera plus conventionnelle et convaincante.

Michel Polnareff (c) Fabian Braeckman

Donc pas de concert piano-voix, mais un très bon band anglais qui l’accompagne et redonne un coup de jeune à ses compos.

Et ça pourrait s’expliquer par le fait que même si Michel Polnareff est toujours capable de jolies prouesses vocales, il économise sa voix en début de spectacle et sur certains titres. Il prolonge aussi certaines notes en déstructurant ses classiques (ce qui peut perturber l’auditeur habité par les superbes versions originales), et surtout, il ne joue plus du piano que d’une seule main, l’autre étant constamment posée sur le piano donnant l’impression qu’il s’y agrippe.

Et voir Polnareff sur scène sans jouir de son jeu de piano virtuose à deux mains c’est terriblement frustrant ! 

Il me semble alors évident qu’un piano-voix aurait sans doute été compliqué et que le choix d’un band en soutien est sans doute plus judicieux.

L’artiste a 79 ans et sort de gros problèmes de santé, ceci pouvant sans doute expliquer cela.

Michel Polnareff (c) Fabian Braeckman

Mais ne boudons pas notre plaisir, malgré tout Polnareff a ravi ses fans (5.600 personnes d’après la sécurité) tellement heureux de réentendre ces chefs d’oeuvre que sont Lettre à France, Le Bal des Lazes ( la plus belle version du concert selon moi), La Mouche, Qui a Tué Grand Maman, La Poupée qui fait Non, Sous quelle étoile suis- je né ?, Dans la rue, L’Amour avec toi, Coucou Me Revoilou ( en version instrumentale),La Folie des Grandeurs, Y a qu’un ch’veu, On Ira Tous Au Paradis, Tam Tam Tam, Tout Tout pour ma Chérie, Goodbye Marilou , une kyrielle de hits intemporels.

Michel Polnareff (c) Fabian Braeckman

Un gros bémol à mon sens est cette scène centrale qui reste désespérément fixe, et qui oblige donc les spectateurs d’une moitié de salle à vivre tout le concert face au dos de leur idôle !

Une scène tournante (ndlr. vérifications faites, elle a tourné… après le concert) aurait été bienvenue afin que chacun puisse profiter du show de manière optimale et n’aurait pas vraiment fait exploser le budget de la production. A moins que d’autres critères qui me sont inconnus n’aient justifié ce choix peu réjouissant pour ceux qui étaient placés du mauvais côté. J’imagine leur déception.

Michel Polnareff (c) Fabian Braeckman

Nous avons donc eu droit à un Michel Polnareff qui est resté collé à son piano et ne s’est jamais levé pour venir en bord de scène comme en 2016, mais qui semblait heureux d’être là et n’aura eu de cesse que de remercier son public à maintes reprises.

Michel Polnareff (c) Fabian Braeckman

Au terme de nonante minutes de show, je quitte donc la salle partagé entre le plaisir d’avoir vu l’artiste une fois de plus, mais aussi envahi par un confus sentiment de tristesse de le sentir diminué.

Car même si cette tournée n’est pas annoncée comme la dernière, elle ressemble tout de même beaucoup à un dernier salut au public, une dernière fulgurance artistique de celui qui reste et restera un des derniers géants du rock français.

Jean-Pierre Vanderlinden / Photos Fabian Braeckman

Article partagé en collaboration avec Branchés Culture.com. Retrouvez l’article original via ce lien :

https://branchesculture.com/2023/07/08/michel-polnareff-a-donne-rendez-vous-a-son-public-a-forest-national-pour-un-concert-alternant-fulgurances-geniales-et-moments-plus-douloureux-pour-ce-qui-risque-sans-doute-detre-un-dernier-salut-a/

Fabian Braeckman (337)

Auteur & Photographe

Laisser un commentaire