Maureen met le feu au Cabaret Vert.
L’urbain s’était invité sur quasi tous les espaces du Cabaret Vert ce vendredi, la scène Razorback étant toutefois réservée aux rockeurs qui ne sont pas friands du rap dans toute forme que ce soit.
Comme expliqué dans un article précédent, ce fut une journée particulière pour nous puisque six concerts nous fermaient leurs portes. En fait, matériellement nous aurions pu, pour certains d’entre eux, essayer de nous glisser dans la foule pour effectuer quelques clichés de loin, mais pourquoi prendre le risque d’abîmer le matériel et d’ennuyer des inconditionnels de ces artistes alors qu’ils ne veulent visiblement pas de médias multigenres, préférant réserver une exclusivité à d’autres (résolument orienté rap) ?
Autres médias pour ces artistes, et bien nous réserverons nos faveurs à d’autres artistes également. Le jeu va dans les deux sens. Exit donc SCH, Ninho, Luther, Kaaris, Vanille et Irène Drésel.
Pour les prestations de nos « nationaux », Shay et Youssef Swatt’s, je vous renverrai vers « Le rap belge n’est pas mort » puisque cet article leur est entièrement consacré, leurs shows en valant bien la peine.
Malgré cette belle liste d’artistes que nous ne présenterons pas dans ce résumé, il nous reste des cartouches et quelques beaux clichés à vous montrer. C’est bien la preuve que le Cabaret Vert est extrêmement riche autant en quantité qu’en qualité des prestations proposées.
Et encore, nous avons dû faire des choix, parfois guidés par le temps imparti pour la prise de photos ou même les déplacements entre les scènes. Oui, Le Cabaret Vert est une grosse, très grosse structure qui offre de nombreuses alternatives musicales, mais aussi en bandes dessinées, espaces de débats, cinéma…
Si tu ne trouves rien qui te plait au CV, c’est que tu es vraiment trop difficile ou ronchon (lol). Trêve de plaisanterie, il est temps de s’occuper un peu des six prestations que nous allons vous présenter ici.
Lucie Antunes : « Sur scène quatre interprètes-performeu(r/se)s touchent à tout dont le talent ne se limite pas à la musique : mouvements, performance, danse, percussions, chant, cris, transe au milieu des batteries, des synthés, des vibraphones et des cloches tubulaires.
La volonté d’abolir les distances, s’affranchir des rôles pour créer des frottements, des carambolages, des rencontres et fabriquer ainsi toujours plus de chaleur humaine ».
Voilà une partie de la description proposée sur le site du festival, et c’est assez bien présenté. Côté style, cela oscille entre le human électro et l’électro expérimentale. En fait, on ne peut ranger cette prestation dans aucun tiroir tant elle sort des clichés de la musique. C’est un peu du tout… mais bien organisé.
JolaGreen23 : « Brutal de prime abord, l’univers que dépeint JOLAGREEN23 est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Tout en nuances, chargés d’images et de références, les récits sombres et authentiques du rappeur de Bois-Colombes naissent systémiquement d’une impulsion, d’un élan spontané. Instinctif, Jorghen— de son prénom — l’a toujours été.
Du haut de ses 22 ans, il croit fermement en sa bonne étoile et aux signaux que la vie lui envoie : sa « chance », telle qu’il la décrit, c’est un peu le fil conducteur de son parcours ». Encore une fois, c’est assez proche du personnage pour la description papier.
Son nom a d’ailleurs été « construit » minutieusement : Jola pour la contraction de son prénom, Green est la couleur représentant la chance et 23 est un chiffre important au basket, le sport qu’il pratique encore (c’était le numéro de dossard d’un certain Jordan). Sur scène, c’est plutôt un duo que nous retrouvons. C’est rythmé et la complicité entre les deux protagonistes est évidente. La sauce prend rapidement avec le public et je ne parle pas que du concert. Assurément l’un des rappeurs à suivre prochainement.
Houdi : Style provocateur, technique maîtrisée et abondance de punchlines, le rappeur masqué est dans la place ! Là, on vous avoue, nous ne nous sommes pas éternisés car visuellement, notre taf était vite plié. Avec Houdi, aucune expression ne transparaît.
Il faut dire que la cagoule noire et les lunettes de ski au verre fumé aident bien… Avec Kerchak, on voit les yeux, quant à Vladimir Cauchemar, il nous réserve toujours un show fumant. Ici, rien de tel, sans doute pour que le public s’intéresse exclusivement aux paroles.
Ah, j’allais oublier, l’artiste avait tout de même adapté sa performance pour l’occasion, il a enfilé un tee-shirt vert pour fêter son intronisation au palmarès du festival. C’était en effet son premier passage au Cabaret.
Teezo Touchdown : Avec Aaron Lashane Thomas, on berce dans l’approche opposée à celle de Houdi.
Le rappeur, chanteur, auteur-compositeur et producteur de disques américain est en effet un personnage assez excentrique dans ses tenues et son aptitude à tenir un public.
Cette fois, pas de clous sur la tête ni de protections de foot US comme costume mais bien quelques accessoires que l’on ne s’attendrait pas à voir accordés ensemble.
Bonnet noir, lunettes noires, singlet noir, short noir. Tout ceci est assez commun me direz-vous. Oui, mais le modèle des bottes est assez singulier, ses gants de gardien de but font tâche dans le décor et son micro est dissimulé au sein d’un immense bouquet de fleurs qu’il tiendra durant tout le show.
On vous passe la liste des bijoux et bracelets de festivals qu’arbore fièrement notre homme pour s’intéresser à sa prestation, toute aussi désarçonnante.
Il joue énormément avec le public, multiplie les déplacements, alterne les styles musicaux, entre pop et rap. Une prestation à voir pour vous faire une idée.
Baby Queen « de son vrai nom Bella Latham, est une artiste émergente qui redéfinit la pop avec son style unique et ses paroles honnêtes.
Née en Afrique du Sud et arrivée à Londres à 18ans, Baby Queen s’inspire d’une variété de genres musicaux, fusionnant pop contemporaine et indie alternative pour créer un son distinctif.
Ses chansons abordent des sujets tels que la pression sociale, l’anxiété et les relations, offrant un message d’authenticité et d’acceptation de soi ».
N’ayant pu effectuer qu’un bref passage sur la scène où elle jouait, nous nous baserons effectivement sur la description donnée par l’organisation.
Tout ce que l’on peut vous dire, c’est que la jeune demoiselle a trouvé sa place dans la programmation de la scène Razorback. Jeans troué, tee-shirt ample noir à logo, pas de chichi, elle est venue pour assurer et c’est ce qu’elle a fait, en compagnie de ses musiciens.
Et the last but not least … Maureen car nous gardions le meilleur pour la fin, et ce malgré une programmation assez tôt en journée (la première à se produire sur la scène Zanzibar ce jour) pour la jeune (24 ans) Martiniquaise.
L’Ambassadrice du « Shatta » (variante locale du Dancehall en Martinique axée sur des sonorités hybrides, simples autour d’une basse prédomi-nante) a enflammé la plaine avec ses danseuses.
En quelques instants, vous voilà en bord d’océan, les pieds dans le sable, et comme le soleil est déjà de la partie, c’est le trip total. Les rythmes tropicaux lancinants pourraient presque vous faire penser à une version féminine de Shaggy.
D’autant que les danseuses y vont de leur chorégraphie très caliente. Grand écart, mouvements de fesses, ondulations du bassin, la panoplie complète des danses lascives est affichée sur l’avancée de la scène.
Est-ce too much ? Certains vous diront que oui, mais soyons bien conscients que l’on est dans un show encadré et non dans la rue.
A l’instar de Doja Cat aux Ardentes ou Beyoncé à Bruxelles, Maureen joue de ses charmes, c’est sûr, mais c’est aussi pour cela qu’elle est adulée. Côté sons, on vous l’a dit, on est preneur. Mais nous aimons en général les rythmes caribéens, donc nous ne partions pas dans l’inconnu, avec toutefois une découverte qui trotte dans les têtes : Pum fat.
Retrouvez les clichés du festival sur la page FB – ReMarck Photos.