Le Bota à la sauce US, c’est un délice !

Depuis quelques jours, le Botanique accueille son festival estival annuel, les Nuits Botaniques (32e édition – du 15 au 25 mai 2025). Initialement, deux jours de « relâche » étaient prévus.

Mais, alors que le line-up de 9 soirées était déjà bouclé, une occasion immanquable s’est présentée, celle de recevoir une artiste hors du commun, l’inimitable Azealia Banks, interprète de l’un des titres les plus fascinants de ces quinze dernières années, 212.

Comme le staff du Botanique ne fait jamais les choses à moitié, il était hors de question de laisser passer cette opportunité, mais également de proposer un concert unique au public. Du coup, ce 20 mai, c’est une vraie soirée de gala avec quatre artistes féminines au tempérament bien trempé qui fut proposée aux heureux détenteurs d’un ticket pour ce soir supplémentaire.

La première à se présenter sur les planches de la scène extérieure mise en place depuis quelques jours pour le festival est un visage bien connu des magazines de mode. En effet, Soo Joo Park est un mannequin sud-coréenne et américaine (née à Séoul le 26 mars 1986) qui, en 2015, et devenue le visage de L’Oréal. Outre les nombreuses covers des journaux plus connus les uns que les autres, on lui doit également des apparitions dans les séries Sense8 ou The Trainer.

L’image est donc un aspect omniprésent dans la carrière de l’artiste coréenne, désormais établie aux States, trop à son goût d’ailleurs, nécessitant du coup une bulle d’oxygène qu’elle trouve dans l’art musical. Depuis des années, elle compose et écrit discrètement. Au sortir de la pandémie du Covid, elle franchit enfin le pas et se produit sur scène. Une expérience qui, vraisemblablement lui a plu puisqu’elle persévère désormais dans cette voie.


Moins à l’aise en début de prestation que lors de ses défilés sur les estrades des grands couturiers, la désormais chanteuse, une fois débarrassée de ses soucis d’écouteurs, fait toutefois une très belle impression en posant sa voix gracieuse sur les beats électroniques de son acolyte de Dj.

Juste le temps de permuter les discobars que voici Miss Madeline, une chanteuse au parcours chaotique née à Hoboken (New-Jersey) en 1997 et vivant désormais à New-York.

Dès ses 13 ans, la jeune fille s’intéresse à la deuxième facette de la musique, l’écriture, sortant déjà du lot en 2016. Mais sa première discipline fut la danse. Un art strict puisqu’il tournait autour du classique (ballet). La chanson lui permettra, elle, de fuir cet aspect trop rigide.

Nous en sommes d’ailleurs désormais très éloignés avec les chorégraphies plutôt suggestives de la demoiselle qui fait sensation dès son entrée en scène. Mini short blanc, tee-shirt rose pâle noué version bikini, (porte-)jarretelles noir et hautes bottes découpées, la tenue est osée, mais elle réchauffe de suite l’atmosphère.

Son artiste préférée (en 2016) ? Amy Winehouse. De la chanteuse décédée, elle a copié cette provocation qui était aussi présente lors des premiers pas de Christina Aguilera ou Britney Spears, deux artistes à qui on la compare de temps en temps.

Au fait, pour ceux qui voudraient être un peu trop insistants, en pensant que sa tenue en fait une victime consentante par définition, sachez que MM s’entraine régulièrement aux danses latines, mais aussi à la boxe.

Si ses débuts se sont matérialisés avec de la Folk, son aventure germanique à Berlin la confronte à un style bien éloigné de la campagne US, la techno germanique. Un choc culturel utile puisque désormais, Miss Madeline mélange plusieurs styles, proposant une œuvre personnelle où la provocation joue un rôle non négligeable. C’est pop dance, festif, divertissant… seul bémol : ses effets sonores devraient être coupés lorsqu’elle s’adresse au public.

La troisième guerrière à se présenter devant un public de plus en plus fervent est Swank Mami, également connue sous le nom d’Umal.

Après son premier single, Venus Retrograde (2022), Swank Mami a créé des vagues de musique pop avec un son élégant. L’artiste somalienne de 27 ans originaire d’Oslo est l’une des pépites en vogue depuis peu. Si elle est la seule artiste du jour à ne pas venir des Etats-Unis, elle n’en demeure pas moins une référence internationale puisqu’elle est d’ores et déjà programmée au Great Escape Festival 2026 qui se déroulera en mai prochain à Brighton – UK.

On sent de suite le métier et l’habitude des planches pour cette chanteuse qui sait soigner son entrée et aime interagir avec l’assistance. On soulignera l’équilibrage de la prestation avec une montée progressive dans les beats et l’ambiance. Elle osera même quelques pas de danse malgré des bottes qui n’ont pas l’air d’être si maniables.

Côté son, on est entre le rap, la funk et la pop avec un grain assez agréable.


Mais celle que tous (ou presque) attendent c’est bien Azealia Amanda Banks, née le 31 mai 1991 dans le quartier de Harlem à New York. Rappeuse, chanteuse, parolière et compositrice, Azealia est une sorte d’artiste maudite qui manque d’une reconnaissance à la hauteur de son talent.

Pourtant, son titre 212 a été reconnu comme l’une des meilleures chansons de 2011 et l’une des chansons ayant marqué la décennie par les magazines Rolling Stone et Billboard.

Ses sons inspirés d’une variété de genres et de courants sont inclassables. On y répertorie de la pop, l’indie rock, la witch house, le seapunk, la hardtechno, le dubstep, la bachata, la musique industrielle, l’avant-garde….

Inspirée par Missy Elliott et Jay-Z, Azealia Banks est un petit bout de femme dynamique au flow percutant qui ne sait pas garder sa langue en poche. Il se murmure d’ailleurs que ses sorties médiatiques sur des sujets parfois controversés ou ses clashs publics avec d’autres artistes n’auraient nullement servi ses desseins.

Pourtant l’histoire avait débuté comme un conte de fées vu que très tôt elle s’oriente vers la comédie musicale avant de voguer entre le théâtre et la musique, qu’elle choisit définitivement vers l’âge de 16 ans (même si elle reviendra devant la caméra bien plus tard), mais contrairement à ce tableau idyllique, le ciel s’était déjà noirci rapidement avec le décès très tôt de sa maman.

Bourrée de talent la chanteuse ne va cependant jamais être reconnue à sa juste valeur, ayant connu des périodes très difficiles (plus de label, ni de manager, obligée de travailler dans un club pour joindre les deux bouts…elle posera même pour Playboy). Elle ne désespère toutefois pas et publie 212 qui est un morceau terrible, reconnu comme un véritable chef d’œuvre par la profession, mais qui connait un succès très relatif hors du continent.

Depuis, la chanteuse exerce toujours son art, mais ses sorties du continent américain se comptent sur les doigts d’une main et ses succès commerciaux ne sont guère plus nombreux.
N’ayant plus mis les pieds en Belgique depuis 2012, mademoiselle Banks était donc attendue au tournant. Finalement, on ajoutera une petite heure au sablier, le show débutant avec un certain retard.

Qu’à cela ne tienne, en quelques secondes, l’artiste met le feu aux planches en déclamant ses premières répliques d’un ton assuré. Tenue de scène remarquable, assurance dans son phrasé, attaques de répliques percutantes… On est dans un bon trip US mixant les sons électroniques et le punch du rap. Ah, elle nous avait manqué cette pile à courant alternatif. Et quand je parle de nous, j’englobe tout le public présent pour ce soir de gala car force est de constater qu’elle a bien fait l’unanimité, du moins, bien plus que son actuel président.

Nous vous rappelons que les Nuits Botaniques se termineront ce dimanche 25, mais qu’il vous reste donc encore deux possibilités de venir (re)découvrir des artistes dans ce haut lieu du spectacle bruxellois.
Retrouvez les clichés du festival sur la page FB – ReMarck Photos.