La deuxième journée du festival Les Gens d’Ere était probablement la plus attendue des aficionados de musiques actuelles avec les prestations tant attendues de Hyphen Hyphen et Loic Nottet, deux artistes/formations qui proposent de vrais shows complets tout en arrivant à communiquer leurs émotions au public. Mais avant ce dilemme presque manichéen, l’un étant programmé sous le chapitô, l’autre en plein Ere, retrouvons tous les autres chanteurs annoncés dans un line-up certes très éclectique, mais qui rejoint une ligne directrice commune : chaque artiste de ce samedi incarne un message qu’il tient à transmettre à tout son auditoire.

Et le premier à ouvrir le bal est Nceka. Sur son site, il est présenté comme « un auteur-compositeur, parfait autodidacte et multi-instrumentiste. Parmi ses instruments de prédilection, on trouve la guitare, le piano et la batterie. Il peut chanter en français, anglais, espagnol et d’autres langues… Ce qui rend NCéka si attachant, c’est son grand cœur et sa proximité avec ses fans. Lors de ses showcases, il crée un véritable moment de partage avec son public et laisse son empreinte dans le cœur et l’esprit de chacun, lors des rencontres après ses concerts. Sa passion est de faire chanter le public avec lui ! Grâce à sa voix puissante et son côté performer, il sait parfaitement comment le captiver et l’ambiancer. »

On retiendra encore qu’il fait partie de ces artistes du coin (il est né à Mouscron) que le festival aime mettre en avant, car c’est aussi l’une des missions d’un tel événement, qu’il vient de sortir son deuxième album « Atemporel » et que sa reprise de Zombie des Cranberries lui colle à la peau.

On reste dans la région avec le rappeur tournaisien Minno qui dynamite la scène du chapitô à l’aide de titres aussi entraînants que « La Bombonera », mais aussi « Adjal » un hymne à sa ville natale car le chanteur est fier de ses origines et ose le crier haut et fort. Minno pense ses spectacles pour le public, et ça se (res)sent.

Minno, rappeur tournaisien, et fier de l’être.

Juste le temps de passer chercher un rafraichissement au bar que l’on retrouve Saskia, une artiste dont la sensibilité à fleur de peau permet à ses textes, réalistes et basés sur des situations liées à l’actualité comme les violences de couple (C’est la règle), les ruptures amoureuses douloureuses (Dans ma tête) ou la société de surconsommation (Toujours plus) de prendre vie.  Chaque opus est un roman acoustique qui livre un morceau de la personnalité de la chanteuse, qui est aussi auteure et compositrice de la plupart de ses morceaux.

Avec Sharko, on plonge vers le rock cher à David Bartholomé, cet Ardennais issu d’Arlon dont la biographie disponible sur le site officiel résume assez bien le projet actuel du groupe.

Sharko en mode trio

« We Love You David« : nouvel album pour Sharko, en forme de retour aux sources; le rock, simple et élémentaire, dans la formule trio (Guillaume Vierset à la guitare et Olivier Cox à la batterie).
Une volonté forte de tout enregistrer dans les conditions du live, à trois, ensemble, avec une authentique capture d’énergie.
Une volonté forte de proposer du son sans chichis, non sans caractère. Après plusieurs détours (acoustiques avec le « Hometour », electro-pop avec « Glucose »), Sharko revient à la base.

Le thème principalement abordé, tel un fil rouge:
Narcisse, sous l’angle mythologique;
la réflexion (dans les deux sens du terme), la connaissance de soi, la rencontre avec l’autre, le refus de l’amour mais la volonté d’être aimé et l’exposition de sa propre singularité. « Ne sommes-nous pas tous actuellement, tous, dans le mythe de Narcisse ? L’obsession des selfies et de l’image, les bavardages vides, etc. ?»

« Never Alone When I’m Lonely », je ne suis jamais seul quand je suis seul.
« The End of the F***ing World » ou quand on se doit de tout perdre pour gagner (à se retrouver) ?

David, membre fondateur, est toujours aussi friand de scènes…

Et sur scène, c’est évidemment «Excellent » comme ce titre extrait de l’album Sharko III, sorti voici 20 ans déjà…

Excellent…

A ce moment, Rori (Camille de son vrai prénom) avait 5 ans. L’histoire ne dit pas si elle se destinait alors déjà à arpenter les planches micro en main, mais depuis quelques mois, la jeune Hannutoise multiplie les prestations, et prend du galon. Ou plutôt de l’assurance, dirons-nous. Assez timide lors de ses premières sorties publiques, la demoiselle s’épanouit au fil des concerts, occupant désormais l’espace scénique dans sa plénitude, comme une vraie pro, et n’hésitant plus à fixer son auditoire du regard.

Rori prend possession de l’espace scénique.

Avec son premier album, « Une saison en enfer », Rori partage ses émotions personnelles, dans des textes parfois lourds de sens, mais dont l’approche musicale festive lui permet de créer un lien très fort avec son public. Il faut dire que personne n’a pu passer à côté de « Docteur », le titre étant diffusé par toutes les radios du sud, mais aussi du nord du pays car grâce à Camille, le français s’impose aussi de l’autre côté du périph… euh, de Bruxelles.

Et quand on lui demande comment elle en est arrivée à aborder les thèmes de la déprime et de l’anxiété, la jeune femme répond simplement que c’est son histoire. « Je ne suis pas en mode « il faut en parler absolument ». Je dis que j’ai eu ces problèmes et qu’au final on peut surmonter ça, même si c’est très dur. Mais rien n’est facile dans la vie ». Et elle persiste et signe avec « Ma place », un autre petit bijou d’écriture qui vous fait danser malgré vous, l’air étant entraînant, voire envoutant. En français ou en anglais (« C’est la vie » en est un parfait exemple), sans agressivité ni vulgarité, Rori ramène l’électro-pop sur le devant d’une scène où les rappeurs ont souvent plus de facilité à dévoiler à la société leur mal-être.

On ne voit pas les minutes s’égrainer, mais il est temps, toutefois, de courir au chapitô, où certains campent d’ailleurs depuis l’ouverture des portes afin d’être au plus près de l’espace de chant de Santa et ses acolytes de Hyphen Hyphen, un groupe qui est assurément l’un des porte-drapeaux, au propre comme au figuré, du mouvement  LGBTQIA2S+ (NDLR : acronyme qui signifie Lesbiennes, Gais, Bisexuels/les, Transgenres, en Questionnement, Intersexes, Asexuels/les et Bispirituels/les, soit les termes employés pour décrire les identités de genre et les orientations sexuelles actuellement reconnues).

Santa alterne projets solo et groupés avec Hyphen Hyphen.

Le groupe a d’ailleurs participé à la Brussels Pride en mai. Créé en 2011, le groupe a sorti deux EP, de nombreux singles, et trois albums, le dernier en date étant « C’est la vie », du nom de leur tournée actuelle. On peut donc dire que le trio a de la bouteille, mais c’est surtout leur jeu de scène qui ravit le public car ils n’hésitent pas se donner à fond dès que les premières notes retentissent. C’est rythmé, saccadé, accrocheur …vivant quoi, comme un bon concert peut l’être. Et ce qui ne gâche rien, c’est que le groupe est extrêmement sympathique et proche de ses fans.

Un autre artiste attendu de pied ferme est Loïc Nottet, ce chanteur/danseur qui crée pour chaque show des tableaux visuellement très attractifs. La scène d’Ere n’est malheureusement pas aussi spacieuse et bien équipée que celle du Palais 12 ou même de Forest National, limitant donc un peu l’artiste dans ses choix chorégraphiques, mais ne l’empêchant par contre nullement de s’entourer d’une troupe connaissant jusqu’au bout des orteils tous les pas enchaînés par l’ancien vainqueur de Danse avec les Stars. Vous l’aurez compris, Loic a fait du Nottet, pour le plus grand plaisir des nombreux festivaliers (la plaine était remplie) qui ont pu encore exercer leur déhanché juste après cette performance haute en couleurs, aux sons du Dj bruxellois Henri PFR.

Loïc assure toujours le show.

Retrouvez les clichés de ce festival sur la page Facebook – ReMarck Photos.

ReMarck (143)

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