Chroniques Sonores : La Musique comme un Match

Crédit photo : Kevin Westenberg
Dans cette nouvelle rubrique de Confestmag, Denis Fourrier, chroniqueur chevronné du RSCA et véritable passionné de musique, nous plonge dans l’univers sonore avec une plume incisive et pleine d’âme. Chaque fois, on vous invitera à découvrir des albums, des concerts, et des festivals sous un angle unique, mêlant des réflexions sur la musique à la rigueur et la passion d’un supporter ou d’un fan. Avec un regard à la fois intimiste et expert, « Chroniques Sonores : La Musique comme un Match » vous fera vivre la musique comme un véritable jeu, où chaque note, chaque accord, est une victoire. Laissez-vous emporter par ses critiques et analyses et rejoignez la conversation sur notre webradio en pleine construction !
Pour cette première Denis a écouté :

Crédit photo : Kevin Westenberg
STEVEN WILSON : » THE OVERVIEW »
Dans une interview récente, Steven Wilson raconte ceci :
« L’année dernière, j’ai vu un très bon ami à moi, Alex Milas, qui dirige une organisation appelée Space Rocks, et je lui ai parlé de la possibilité de faire une sorte de collaboration. Son organisation a pour objectif de réunir le monde de la science et de l’astronomie par le biais de la musique. Je me suis dit que je pourrais peut-être créer une bande-son pour un de ses événements.
Et il a commencé à me parler du ‘Overview Effect’.
C’est le phénomène que vivent les astronautes lorsqu’ils vont, pour la première fois, dans l’espace et qu’ils regardent la Terre depuis l’espace. Ils ont cette prise de conscience où ils comprennent à quel point la Terre est insignifiante et donc, par extension, à quel point les êtres humains sont insignifiants par rapport au cosmos. Il m’a expliqué que certaines personnes ont une réaction positive à cela, mais que d’autres ont une réaction très négative. J’ai immédiatement imaginé, dans ma tête, la possibilité d’enregistrer un album conceptuel sur ce thème. J’ai en quelque sorte entendu tout le disque dans ma tête, en tant qu’ébauche. J’ai su, à ce moment-là, qu’il fallait que ce soit quelque chose de long. Que ce soit un seul morceau de musique ininterrompu. Je suis donc rentré chez moi et en six à huit semaines, j’ai esquissé les compositions et élaboré la plupart des morceaux de base que l’on entend sur l’album final. Donc, oui, ça s’est mis en place facilement. J’aimerais que ce soit toujours aussi simple. »
Lorsqu’un phénomène du Rock Progressif vous dit cela, vous savez que vous serez conquis par son nouvel album. Steven Wilson, figure emblématique et créateur de Porcupine Tree, mais également actif dans de nombreux groupes : Blackfield, No-Man, actif dans la production uniquement de Opeth, Bass Communion, Storm Corrosion, en est à son 9ème album solo : « Insurgentes », « Grace for downing », « The raven that refused to sing », « Hand cannot erase », « To the bone », « Home invasion », « The future bites », et « The harmony codex ». Et le moins que je puisse écrire, c’est qu’à chaque fois, Steven remet l’ouvrage sur le métier et se réinvente : de l’album très psychédélique aux tendances plus electro-pop et modernes en passant par du Prog Rock classique, façon Camel, Genesis, Pink Floyd ou encore Yes, SW propose, à chaque fois, des albums de grande qualité, avec, qui plus est, une production hyper soignée : Monsieur possède également son studio et retravaille régulièrement la production de certaines œuvres de certains des artistes précités.
Steven Wilson était attendu au tournant ! En effet, si tous ses albums étaient d’une qualité incontestable, de nombreux fans lui reprochaient de s’être un peu trop écarté du rock progressif depuis plusieurs albums : depuis « To the bone » en fait. Mais SW est ainsi fait ! Il est incapable de se complaire dans un style unique. Il faut qu’il se renouvelle en permanence.
Et c’est ce qu’il a fait avec « The Overview » :
2 plages composent l’album : Une de 23 minutes 17 : « Objects outlive us » et une autre de 18 minutes 27 : « The Overview »
Depuis Genesis et « Supper’s ready » et Pink Floyd « Wish you were here », je ne me rappelle pas avoir vu souvent des plages d’une telle longueur… Ah si ! Marillion sur l’album « An hour before it’s dark ». Et, à l’image de ces 3 illustres groupes, Steven à découpé ses 2 plages en chapitres qui s’enchaînent naturellement. Sur « Objects outlive us » il nous fait voyager de l’univers « Floydien » aux grandes années de Porcupine Tree (style « Blackest eyes » ou encore « Fear of a blank planet », avec des riffs de guitare agressif et quasiment « métal ») en passant par des chœurs non loin de rappeler « Prophet’s song » de Queen, ou encore « Awaken » de Yes. C’est tout simplement somptueux ! Mais c’est complexe ! Ne vous attendez pas à craquer immédiatement sur un chapitre ! Il a fallu que je chausse mon casque, mette le son à fond lors de la deuxième écoute pour percer les mystères de Mister Steven. La deuxième plage « The overview » est cependant un rien plus classique. Ce qui n’ôte rien à sa beauté. Pour cet album, Steven Wilson s’est entouré de très grands musiciens : Craig Blundell à la batterie, Adam Holzman aux claviers et Randy Mac Stine aux guitares. Notons également qu’à l’instar de ce qui s’était passé pour « The Harmony Codex », Rotem, alias Madame Wilson, prête sa voix sur plusieurs passages, avec toujours autant de talent. Si ce n’est pas l’album de l’année pour tout le monde, ça l’est pour moi ! Un véritable chef d’œuvre.
Liste des morceaux : 1. Obects outlive us : – No monkey’s paw – The Buddah of the modern age – Objects -meanwhile – The cicerones – Ark – Cosmic sons of toil – No ghost on the Moor – Heat death of the universe 2. The overview : – Perspective – A beautiful infinity I – Borrowed atoms – A beautiful infinity II – Infinity measured in moments – Permanence
Steven Wilson – L’aperçu – Nouvel album disponible maintenant !