Chimène Badi nous emmène dans un voyage musical teinté de blues, de soul et de gospel.

Ce 01 mars, le Cirque Royal accueillait l’une des plus belles voix de la scène française, Chimène Badi. Propulsée sur de devant de la scène il y a (déjà) 23 ans grâce à l’émission télévisée Popstars (M6).

Pour être précis, elle ne doit pas vraiment sa reconnaissance à l’émission même, puisqu’elle n’avait pas été retenue pour la formation du groupe, qui était alors le but recherché de l’émission (où l’on a également vu se révéler un certain M.Pokora), mais bien au flair de l’un des membres du jury, Valery Zeitoun, qui repère en elle une future artiste solo. Cela dit, le succès est bel et bien au rendez-vous dès son premier single, l’inoubliable « Entre nous ».

Relativement discrète dans ce monde où strass et paillettes font de plus en plus bon ménage, Chimène va s’imposer sur la durée, démontrant à chaque sortie que sa voix peut se frayer un chemin dans presque tous les répertoires. Il faut dire qu’elle a de suite été à bonne école puisqu’elle a été invitée à effectuer la tournée des zénith avec le taulier himself, Johnny, qui lui apprendra l’une des clés du succès, le respect du public.

Lors de sa dernière tournée, Chimène Badi avait repris le répertoire d’une autre artiste intemporelle, aussi emblématique que Johnny Hallyday, Edith Piaf. Cette fois, ce n’est un homme ou une femme que Chimène veut mettre en exergue mais plus un courant musical. « Gospel & Soul : La voix et l’âme », le nom est révélateur, le vivier de programmation sans fond et la surprise finalement très belle car outre ses performances vocales, attendues, il est vrai, Chimène Badi va nous livrer des éléments de son histoire, son vécu, sa relation au public, entamant un dialogue improbable avec l’assistance. Flash-back sur la soirée…

Quelques notes flottent dans le Cirque royal avant que six choristes entament la mélodie d’Amazing Grace, l’un des airs les plus populaires de ces deux derniers siècles (le texte date de la fin du 18e et la chanson a été reprise plus de 7000 fois par notamment Aretha Franklin , Andrea Bocelli, Whitney Houston, Aerosmith, U2, Johnny Cash…). Chimène arrive presque sur la pointe des pieds pour se joindre à eux.

Elle enchaîne avec une artiste francophone à laquelle peu de chanteuses actuelles osent se frotter, Nicole Croisille, pour un « Parlez-moi de lui » poignant. Vient alors un grand écart que seule Chimène Badi peut envisager avec le roi de la pop, Michaël Jackson et son « Man in the mirror ».

Déjà venue au Cirque Royal lors de précédentes tournées, la chanteuse va nous offrir une petite parenthèse afin de remercier ce public qui lui reste fidèle depuis près de 24 ans. « Ces moments sont comme des parenthèses enchantées » lance-t-elle, faisant référence à ces concerts qui peuvent être source de stress parfois mais qui découlent toujours sur des moments magiques de partage. Puis vient le moment d’aborder l’un des moments les plus marquants pour l’artiste, sa rencontre avec Billy Paul pour l’enregistrement de leur duo sur « Ain’t No Mountain High Enough ». Billy est depuis lors passé dans l’autre monde, mais l’un des choristes, Julien, va endosser le rôle du chanteur anglophone pour cet hommage.

Au fait, le choeur est composé de six membres, quatre dames et deux hommes, tous issus de Sankofa Unit, la chorale urbaine créée en 2006 par David Smite et Joby Smith (présente au Cirque Royal) et qui s’est désormais imposée comme le support incontournable des voix soul, RNB et gospel. Ce nom vous parle! Vous faites alors partie des téléspectateurs qui suivent The Voice France, Sankofa Unit accompagnant régulièrement des candidats du célèbre télécrochet lors de prestations en live.

Six choristes donc, mais également un pianiste, Cyril Barbessol (également directeur musical de la tournée) et un batteur, Jeff Ludovicus, pour entourer Chimène Badi qui semble s’amuser comme aux premières heures de sa carrière sur cette scène. Et le comble pour nous, c’est qu’elle le maîtrise son sujet. Nous avons là l’une des plus belles voix françaises, et c’est encore plus restreint dans ce domaine musical précis où Chimène tire véritablement les marrons du feu.

Sa set-list, Chimène l’a pensée, construite même, avec des morceaux qui lui parlent, qui ont une histoire. Ce chemin, elle l’a vraiment entamé dans sa chambre d’adolescente déjà, et c’est d’ailleurs de cette époque que date la chanson suivante, « Le Ballet » de Céline Dion.
Sa voix chaude et ensoleillée, chargée d’émotions rend chaque morceau vivant, planant, enivrant.
Pour ne pas gâcher votre plaisir, et la découverte du spectacle, le récit chronologique s’arrêtera ici, à vous de découvrir la suite ou tout du moins son habillage du moment car on ne va, par contre, pas se priver de vous mettre l’eau à la bouche. Le spectacle est en effet vraiment bien balancé et l’artiste très touchante. Elle qui, jeune, détonnait par ses connaissances et sa maîtrise de répertoires pas nécessairement dédiés aux adolescentes, semble avoir gardé encore maintenant, à contrario, son âme d’enfant, comme si elle remontait le temps, tel Benjamin Button.

Comme vous l’aurez noté, toutes les chansons présentées précédemment étaient des reprises, des covers comme on dit maintenant. Mais le répertoire propre de l’artiste n’est pas oublié. Ne vous inquiétez pas, « Entre nous » sera bien au rendez-vous. Il ne pouvait en être autrement. Vous aurez également « Le Sud », version Chimène Badi, et même peut-être un passage a cappella de « Le Jour d’après », Chimène ayant ravi un spectateur qui voulait absolument entendre ce morceau en improvisant un couplet. Mais il y a surtout trois titres récents, poignants, plein de sens, qui rappellent que Chimène est bien une chanteuse actuelle et non une interprète de reprises.

Le premier fut écrit, voici peu, par Antoine Délie, un talent belge que Chimène avait coaché à The Voice Belgique. Ils sont toujours restés en contact et cette fois, c’est une chanson forte, « Au nom de qui », qui vient sceller leur collaboration, le titre figurant sur le nouvel album de Chimène.
Le deuxième est une véritable mise en lumière de la relation qui lie Chimène à son public, exprimée en texte par le talentueux Ycare qui s’est inspiré de la prestation de la chanteuse à la première de son spectacle hommage à Edith Piaf, à l’Olympia, un soir où Chimène s’était particulièrement exprimée sur son ressenti. Ce titre, c’est « Je reste là ».
Le troisième, « Une et mille femmes », tiré également du dernier album, célèbre la force de l’union des féminités. Un morceau qui se prête comme un gant à la composition du band.

Comme vous le voyez, il y a de quoi passer une agréable soirée et se remplir les oreilles de bons sons, d’autant que vous imaginez bien que Chimène ne va pas tirer ainsi un trait définitif sur son hommage récent à Edith Piaf. Pour faire le lien avec ce show ci, c’est « la Foule » qui a été sélectionnée. Une fois de plus, l’artiste démontre son talent, capable de rendre vie, presque, au petit bout de femme qui avait conquis le monde avec ses morceaux mythiques.
Le public est sus le charme, d’autant que Chimène ne lâche pas la bride, enchaînant avec l’entraînant « I Wish » de Stevie Wonder, l’un des chanteurs qui a bercé son enfance et son éducation musicale, puis « Rolling in the river » de l’inestimable Tina Turner.

Là, vous devriez avoir assez d’éléments pour avoir envie de vous précipiter sur les tickets restants de la tournée. Et pour ceux qui sont toujours indécis, pensez rock and roll, pensez Johnny, pensez… « Noir c’est noir ».
On ne vous en dit pas plus, sauf que pour ceux qui ont loupé l’artiste à Bruxelles ou qui en veulent encore, elle sera de retour dans notre pays ce 13 décembre 2025 au Wex de Marche-en-Famenne.
Tickets en vente sur https://stagemagic.be/en/calendar/chimene-badi/89 et https://www.wex.be
Retrouvez les clichés du concert sur la page FB – ReMarck Photos.