Bohren & Der Club of Gore, une musique belle comme une cathédrale émergeante dans une nuit noire à la lueur de la lune

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Les Allemands de Bohren & Der Club Of Gore font partie de mon top 10 de mes groupes préférés de tous les temps tous genres confondus, c’est dire l’impatience qui était la mienne d’assister à leur concert prévu au Grand Salon du Botanique le 9 novembre dernier.

Le show est annoncé à 20h30 et c’est avec une exactitude digne d’une horloge suisse que le trio fait son entrée sur scène dans la pénombre.

Un show qui disons le tout de suite fut exceptionnel.

« We are Bohren &Der Club Of Gore, from West Germany… Thank you for coming « 

Les mots me manquent pour décrire l’émotion ressentie pendant ces nonante minutes où seulement éclairé par quelques faisceaux lumineux orientés vers le sol, le band nous transporte corps et âme dans son univers beau, sombre et torturé au son de titres étonnants et envoûtants comme Patchouli Blue, Total Falsch, Maximum Black ou Midnight Walker.

Une musique que le band qualifie de « horror jazz » ou de « doom-ridden jazz music » et que je nommerais plutôt « dark ambient jazz ». Un florilège de compositions  d’une beauté ensorceleuse qui n’ont besoin d’aucun artifice.


De temps à autre on aperçoit dans un rare faisceau de lumière le visage et le sax de Christof Clöser ou le crâne les mains de Morten Gass qui effleurent les touches de son piano, de son mellotron ou d’une guitare, tandis qu’ à gauche de la scène la grande carcasse de Robin Rodenberg se penche lentement sur sa contrebasse électrique.
Le tout avec classe, lenteur, noirceur et émotion…


Passant du glockenspiel- xylofone au saxo avec un même bonheur Christof Clöser s’adresse peu au public, mais quand il le fait c’est avec un humour noir du plus bel effet.

Le groupe joue volontairement dans une quasi obscurité totale qui cette fois était encore plus marquée que lors des tournées précédentes auxquelles j’ai pu assister. A un point tel que même Christof Clöser en se déplaçant sur scène lance un ironique : » il fait vraiment sombre ici ! » qui fera rire l’assemblée. Ce choix est évidemment le cauchemar des photographes, et peut déconcerter certains spectateurs qui viennent les applaudir pour la première fois, mais est en totale adéquation avec la démarche artistique de Bohren.

Il n’en faut pas plus, car la musique parle d’elle même au corps, à l’âme et à l’esprit, et c’est bien là l’essentiel.

Merci au band pour cette prestation exceptionnelle et pour leur oeuvre qui regorge de pépites faites de minimalisme et de noirceur, et merci au public pour cette faculté d’écoute respectueuse et presque religieuse qui a accompagné un concert tout en climats et en émotions.

Bohren & Der Club Of Gore est un immense band, pas vraiment facile d’accès, mais lorsque vous pénétrez dans l’antre de la bête elle vous dévore lentement de l’intérieur et ne vous lâche plus.
Et cette lente agonie jubilatoire vous comble d’aise…

Jean-Pierre Vanderlinden et photos Fabian Braeckman

Article partagé en collaboration avec Branchés Culture.com. Retrouvez l’article original via ce lien :

https://branchesculture.com/2023/11/20/bohren-der-club-of-gore-une-musique-belle-comme-une-cathedrale-emergeant-dans-une-nuit-noire-a-la-lueur-de-la-lune/

Fabian Braeckman (337)

Auteur & Photographe

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