Une cure de jouvence signée Les Gens d’Ere.
« Si tu cherches un peu de gaieté, viens donc faire un tour à Lambé » chantait Matmatah en 1998. Depuis, 26 ans se sont écoulés, on a changé de siècle, et même de millénaire, mais cette chanson procure toujours autant de joie dans l’assistance.
Il faut dire que si le groupe a pris de l’âge en même temps que son titre phare, on est loin d’avoir en face de nous de vieux grabataires proches de rejoindre une maison de repos.
Cela ne se passe pas non plus à Lambé, ni à Brest, d’où est originaire le groupe, mais bien à Ere, une commune rurale de la région tournaisienne habituellement fréquentée par 750 habitants.
Ici, plusieurs milliers de festivaliers sont encore présents pour le dernier jour de l’événement qui a fait « prairie » comble la veille.
On commence à voir sur les visages de certains que les heures de sommeil ne suffisent plus à combler l’énergie dépensée à se mouvoir sur les titres de tous les artistes, mais qu’à cela ne tienne, on est là pour profiter encore comme il se doit de ce rush final festif.
Ce ne sont, vous vous en doutez, pas les Bretons qui ouvrent le bal dominical mais bien Nicolas Dieu, le chanteur de Mister Cover, qui a désormais ses habitudes à l’endroit.
Il était en effet encore là l’an dernier, mais aussi ce vendredi pour le premier jour de festival.
Cette fois, point de band spécialisé dans les reprises, mais bien des chansons en français produites dans le concept de « Oh mon Dieu », un nom évocateur évidemment en référence à l’identité de sa personnalité forte.
Le groupe suivant en comporte quelques-unes, des personnalités, avec Sébastien Préaud (basse), Massimo Panza (guitare), Hervé Tricot (batterie) et Cendrine Ketels (chant) facilement reconnaissable à la frange de couleur qui trône en front d’une chevelure noir corbeau.
At Night est un groupe assez jeune (formé en 2022), originaire de Mons, qui se distingue par la voix puissante et marquée de sa chanteuse.
Groupe nous étions, groupe nous restons avec Space Alligators, un quatuor tout droit venu du nord de la France.
Ils ne se prennent pas vraiment au sérieux dans leurs clips, que l’on vous invite d’ailleurs à regarder, comme celui de « London Tropical » ou encore « Les Amours de Vacances », mais sur scène ils n’ont rien à envier à la plupart des plus vieux briscards qui oeuvrent encore sur les planches.
On traverse l’océan pour se donner rendez-vous au Québec avec Clay and Friends, un quintet construit pour la scène aux accents soul, hip-hop et funk.
Le show est assuré par Mike Clay qui glisse quelques références à la région et au festival dans ses improvisations rappées, mais aussi par le duo de cordes composé par Clément Langlois-Légaré et Pascal Boisseau. Quand ces deux-là se lâchent, ça part en live…
Une autre louve qui acère ses crocs actuellement se nomme Doria D.
Son premier album « Dépendance » avait fait mouche, son nouvel opus, « Je cherche encore… », est tout aussi précis et intéressant.
Son quotidien y semble toujours aussi tourmenté (certains titres portent les noms révélateurs de « Questions » ou encore « Colère ») et pourtant ses prestations scéniques sont gaies et rafraichissantes.
La Louvaniste (24 ans) n’était donc pas encore née au moment de la sortie de l’album « La Ouache ».
De retour sur les planches, Tristan Nihouarn (chant/guitare) et ses potes musiciens montrent que les « papys » font une belle résistance, surtout lorsqu’ils se reposent sur le jeu scénique assez déjanté du petit jeune fraîchement débarqué dans la troupe, Léopold « Léo » Riou.
Il rend 20 ans à ses collègues de scène, mais c’est bien lui qui dicte le rythme et fait le show, rendant presqu’une nouvelle jeunesse au rock « folklorique » de Matmatah.
Un rapide détour par le chapiteau où le groupe au logo moustache, les pétillants « Deluxe », en profite pour tester quelques nouveaux morceaux et l’on reprend une bouffée de jeunesse éternelle avec l’entrée en scène de Kyo.
Ben est particulièrement en voix et en jambes.
Il frappe fort dès les premières notes avec le titre qui a servi de base au succès du groupe, « Le Chemin », de l’album du même nom sorti en … 2003.
Et oui, nous voici encore à rivaliser avec Marty McFly. Pas besoin d’une DeLorean trafiquée quand on a un juke-box magique. « Je cours », « Dernière danse », « le Graal », la discographie de Kyo est telle que le concert file à une allure non mesurable, un peu comme Léon Marchand dans un bassin de natation.
Mais une bonne nouvelle se profile à l’horizon puisque le groupe devrait retourner au studio d’enregistrement en septembre ! Un nouvel album est en effet en préparation.
Pas question toutefois de se quitter ainsi, sans un bouquet final.
L’an dernier c’était Kid Noize aux platines. Cette année, c’est… Kid Noize qui remet le couvert. On ne change pas une équipe qui gagne.
Ceci signera notre clap de fin sur cette édition 2024 de Les Gens d’Ere, une année riche en émotions, mais aussi en nombre de festivaliers puisque l’on devrait être proche d’un record. RDV en 2025 ?
Retrouvez les photos du festival sur la page FB – ReMarck Photos.