Shaka Ponk quitte la scène belge par la grande porte.

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Ce 14 mars 2024 restera sans doute gravé dans la mémoire des (chanceux) spectateurs qui ont pu assister au dernier show en salle dans notre petit pays de ce groupe forgé pour la scène : Shaka Ponk.

Sam et Frah, complices de scène depuis quelques années déjà.

Point de surprise à l’horizon au niveau du concept vu que la tournée s’appelle The Last Fucked up Tour et que Frah (François Charon, chanteur emblématique et initiateur du projet) a de suite coupé court aux rumeurs à l’annonce de cette tournée et de ce nom singulier, en expliquant qu’il s’agissait bien d’une tournée d’adieu. Mais en proposant un tel show, le groupe ne peut que générer une dualité de sentiments. D’un côté la joie de pouvoir assister à un spectacle total, construit pour et autour du public, et de l’autre, la déception de voir, au fil des dates, l’ombre d’un des meilleurs groupes de rock alternatif s’éloigner inexorablement.

Non, François, ce n’est pas un secret, Shaka Ponk tire sa révérence.

Et oui, Forest national a eu, on peut désormais le dire, l’immense honneur de recevoir pour leur dernier concert spécifique en Belgique, ces monstres de scène. Mais rassurez-vous, il reste encore quelques dates chez nos voisins d’Outre-Quiévrin et surtout Sam, Frah et leurs musiciens devraient encore nous proposer leurs frasques et envolées gestuelles tout autant que lyriques lors de deux festivals en Belgique, et plus précisément à Ronquières et Namur (Solidarités).

J’utilise toutefois le conditionnel car entre SHK PNK et Ronquières, c’est un peu une histoire de rendez-vous manqués. Le Covid et les conditions climatiques de la dernière saison ont en effet postposé par deux fois déjà la rencontre tant attendue entre les festivaliers de ce site et les inclassables disciples de Goz, ce singe en images de synthèse qui symbolise le visuel du groupe.

Goz vous salue.

Qu’à cela ne tienne, ce jeudi 14 mars, c’est au cœur d’un Forest National rempli à ras bord que Shaka Ponk a une nouvelle fois ravi ses fans, venus de Belgique, évidemment, mais aussi du nord de la France car quand on assiste à l’un de leurs concerts, on attrape vite le virus et on en veut plus…encore et encore. Il n’est donc pas rare de croiser dans les allées des salles de spectacles, des afficionados qui multiplient les déplacements pour se remplir les méninges de souvenirs tant qu’il en est encore possible.

Bain de foule habituel pour Frah.

Mais qu’est-ce qui peut expliquer un tel engouement ? La générosité du groupe, l’ambiance, la mise en scène, la participation active du public, le répertoire des artistes… la liste est longue et non exhaustive car, en fait, on ne parle pas vraiment d’un concert mais plutôt d’un show interactif.

Les festivals, c’est par là… Ronquières ou Solidarités (Namur)?

Et oui, comme l’explique Frah en début de soirée, à occasion exceptionnelle, concert et mise en scène exceptionnels. Rien que l’entrée dans la salle est soignée. C’est en effet par une porte menant aux gradins, dans le dos du public, que trois des membres du groupe s’imprègnent de l’ambiance, arpentant les allées en serrant les mains et adressant quelques sourires complices à des spectateurs ravis de les voir d’aussi près.

Frah porté par l’assistance traverse la foule tel un personnage biblique.

Les trois compères s’installent ensuite sur une petite scène annexe implantée en plein centre de « la fosse », cet espace compris entre les gradins et la scène habituelle, qui peut tantôt accueillir des sièges, tantôt être dépourvue de mobilier, comme c’est le cas ici, afin de permettre à plus de public d’assister au show, mais aussi pour faciliter les éventuels mouvements de foule comme il va y en avoir très vite lors de ce concert. Nous reviendrons sur cet aspect particulier un peu plus tard, car nous profitons tout d’abord de l’ambiance « semi-feutrée » de cette entame de spectacle en dolby stéréo.

Difficile d’être plus près de son public.

L’expression est imagée à souhait pour vous expliquer que si une partie du groupe débute sur cette B-stage, d’autres membres apparaissent, eux, sur la stage one. Pour ceux qui, comme nous, ont trouvé place entre les deux scènes, il y a donc le choix de regarder d’un côté ou de l’autre.

Un morceau calme (I’m picky en guitare-voix), un autre un peu moins (Gung Ho), et ainsi de suite (Run Run Run et le cover de The House of Rising Sun version The Animals) jusqu’au retour à « la normale » à savoir la réunion de tous les membres du groupe sur la scène principale.

Debout, couché, assis… Frah surfe sur ses fans.

Mais comme vous vous en doutez, il n’y a jamais vraiment de situation « normale » lors d’un concert de Shaka Ponk. Il ne faut en effet pas plus de deux minutes pour que nous nous retrouvions à tanguer comme si nous traversions les 40e rugissants sur un voilier en plein milieu d’une tempête.

Point de bourrasque ou de typhon à l’horizon, mais ces mouvements de foule que nous redoutions (pour une question de logistique exclusivement), contrairement à beaucoup qui viennent justement pour ce genre d’ambiance. C’est là où il faut en effet être attentif lors de l’achat de vos tickets. La fosse, c’est génial, vous êtes au cœur de l’événement, mais tout le monde n’est pas prêt à une telle expérience. Point de méchanceté dans le public, rassurez-vous, mais quand vous êtes embarqués dans des vagues puissantes, il faut savoir tenir le coup. Et quand vous devez protéger votre appareil en plus, c’est assez sportif (rire).

Quelle énergie!

D’autant qu’aux poussées et pogos improvisés viennent s’ajouter les déplacements de Frah, porté à bout de bras par l’assistance, et cette danse constituée de grandes farandoles devenue si symbolique lors des grands rassemblements du groupe. Vue de l’extérieure, cette scène pourrait ressembler à une immense centrifugeuse où les spectateurs s’agitent avec une certaine forme d’organisation, comme des gouttelettes dans votre machine à lessiver.

On vous l’avait dit, le public ici participe pleinement au spectacle, et c’est aussi ça qui explique l’énorme succès de SHK PNK lors de chaque sortie scénique. Il n’y a qu’à demander à ces deux demoiselles invitées par Frah sur l’un des podiums si elles n’ont pas « kiffé » ce moment privilégié, ou ce spectateur tout aussi acrobate que notre chanteur qui s’est retrouvé porté par la foule, lui aussi, tellement proche de l’artiste qu’il pouvait s’appuyer sur son micro.

Sam assure le show sur scène pendant les sorties publiques de Frah.

De l’énergie à gogo, des rythmes saccadés, des déplacements incessants dans le public ou sur les différents coins des scènes… nos comparses ne ménagent pas leurs efforts pour rendre cette set liste vivante. De « Je m’avance » à « Circle Pit » en passant par « J’aime pas les gens », « 13000 heures » ou encore « Sex Ball », rares sont les instants de repos accordés à nos piles électriques.

Un spectacle rythmé à classer, assurément, dans les « Must be seen »

Pour peu, on y perdrait presque la notion du temps tant le groupe est généreux. A 23h00, la coupole de Forest vibrait encore aux sons des rappels. Rien à dire, les adieux de Shaka Ponk à Forest, et aux salles de notre plat pays par la même occasion, sont mémorables. Il semble même que Frah et Sam aient aussi été émus, les deux chanteurs étant à un certain moment au bord des larmes.

On en remet une couche? Ce sera en été en festivals… ou alors en France.

Le rideau est donc tombé en ce qui concerne les salles, mais pour ceux qui ne voudraient pas louper les deux dernières sorties du groupe en Belgique, en plein air cette fois, vous savez ce qu’il vous reste à faire…

Retrouvez les clichés du concert sur la page FB de ReMarck Photos.

ReMarck (147)

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