Les 40 ans de Boy de U2
Les 40 ans de Boy de U2 – © Tous droits réservés

À l’occasion du 40e anniversaire du premier album de U2, Boy, nous revenons sur sa réalisation. Newsletter Classic 21

Boy est le nom du premier album de U2, un album sorti le 20 octobre 1980.

U2 est un groupe irlandais qui s’est formé dans la fin des années 70 et dans lequel on retrouve le guitariste The Edge, le bassiste Adam Clayton et le batteur Larry Mullen Jr et le chanteur Bono.

Les débuts du U2


Tout commence en 1976 alors que le batteur Larry Mullen Jr poste une petite annonce pour former un groupe de rock.

Rapidement rejoint par les futurs membres de U2, le groupe évolue tout d’abord sous le nom de « The Larry Mullen Band » (tout simplement).
Ensuite le groupe devient Feedback ou, encore plus tard, The Hype puis finit par se rebaptiser U2, un nom qui s’avère d’une efficacité rare.


The Edge, expliquera, des années plus tard, à propos du nom U2 :

« C’était le moins mauvais du lot. On y a réfléchi quelques jours avant de dire ‘Bon c’est mieux que The Hype, pourquoi ne pas l’essayer quelque temps ?’. On a donc choisi U2. A mesure que le temps passait, on s’est mis à l’aimer de plus en plus. Sa nature graphique était très forte. Comme ça ne veut rien dire de particulier, on s’est mis à aimer l’idée qu’il n’avait aucune connotation importante. Et ça nous différenciait aussi des Nimportequoi, vous savez, The Jam, The Clash, tous ces groupes dont les noms commençaient par The à l’époque. Le nôtre était un peu différent, mais ça n’a, en aucun cas, été une illumination du genre : ‘C’est le meilleur nom qu’on ait jamais entendu !’ C’était plutôt du genre ‘Ok, ça fera l’affaire !’ ».

Le groupe, à ses débuts, rejoue sur scène les grands classiques du rock (essentiellement des titres des Stones, des Beach Boys, de Thin Lizzy, de Peter Frampton ou encore des Eagles).


Ensuite, U2 commence à écrire ses propres morceaux.
U2 croise sur sa route des grands noms du rock. Phil Lynott de Thin Lizzyleur file un petit coup de main puis c’est au tour du célèbre Bill Graham de les appuyer.
Suite à cela, U2 dégote non seulement un manager (le célèbre Paul McGuinness) mais aussi un contrat avec CBS.

Un premier EP

En septembre 1979, U2 sort un premier EP simplement intitule  » U2-3  » (pour les 3 morceaux présents sur ce mini-album).


L’EP ne remporte pas encore beaucoup de succès, mais le groupe continue à tourner un peu partout pour se faire connaître.

Un soir, après un concert, Nick Stewart, le directeur artistique d’Island Records, propose au groupe un nouveau deal, bien plus important que celui avec CBS. Petite anecdote à ce propos, le groupe ne savait pas trop ou s’installer après le concert, la signature de ce deal se fera dans le club, dans les toilettes des filles…


Le contrat en main, U2 est à la recherche d’un producteur pour enregistrer son premier album. Nick Stewart, le directeur artistique d’Island, conseille au groupe de travailler avec Martin Hannett, le producteur de Joy Division.

U2 rencontre donc Martin Hannett et Joy Division alors qu’ils sont en train de boucler leur plus grand succès « Love Will Tear Us Apart ».

U2 est ravi de la rencontre et particulièrement impressionné par le professionnalisme de Joy Division.

En route vers le premier album


Hannett produit le single « 11 O’Clock Tick Tock » avec U2. L’ambiance en studio entre U2 et le producteur est excellente, malheureusement cette association ne durera pas…


Martin Hannett était en effet pressenti pour produire l’album mais, choqué par la récente disparition d’Ian Curtis (le chanteur de Joy Division qui s’est suicidé le 18 mai 1980), Hannett refuse de produire l’album en dernière minute, ne se sentant pas en état à l’annonce de cette triste nouvelle.


Hannett out, le nom de Steve Lillywhite est évoqué au sein du groupe.
Lillywhite (qui produira à la même époque le célèbre troisième album de Peter Gabriel et plus tard des groupes comme les Stones, Counting Crowes, ou encore Travis) a déjà une certaine expérience dans le business musical.

Il a alors déjà produit des groupes comme Siouxsie and The Banshess ou encore XTC, des formations que U2 respecte énormément.


Avec Steve Lillywhite à bord, le travail en studio va être très différent.


Le groupe décide de retourner chez lui, à Dublin, pour enregistrer ce premier album. U2 s’établi donc au Windmill studios, le meilleur studio de Dublin…
Lillywhite est, en studio, beaucoup plus dynamique que Martin Hannett. Hannett était du genre baba-cool, fumeur de pétard et Lillywhite est, lui, quelqu’un qui n’arrive pas à tenir en place.

Si Martin Hannett tentait plutôt de minimiser le son du groupe, Lillywhite va faire le contraire et faire tout pour « grossir » le son et expérimenter pas mal de choses.


Lillywhite sera aussi très présent pour encourager le groupe, encourager les musiciens pour qu’ils recommencent une prise, dépassent leurs limites…

Bono :

« Steve Lillywhite sortait tout juste d’une session avec Peter Gabriel, et, quand il est arrivé en studio, il était dans sa phase la plus expérimentale. L’enregistrement a été super car on a tout essayé. On a même retourné un vélo pour utiliser les roues comme cymbales, en tapant dessus avec des fourchettes. On avait écrasé des bouteilles pour faire des bruitages, utilisé un glockenspiel. Pour un groupe de rock, c’était vraiment nouveau ! Et tout ça, grâce à Steve. Adam et Steve passaient la nuit tous les deux à expérimenter des choses nouvelles, puis les testaient sur nous le lendemain matin en studio. Les pistes instrumentales étaient parfaites : la batterie était enregistrée au pied de la cage d’escalier, avec des micros placés jusqu’au plafond, quatre étages au-dessus ».

Un budget « serré »

Le budget pour l’enregistrement de l’album est plus que limité (le groupe n’est pas encore connu et ne dispose donc pas d’un budget très important). Tout est enregistré et composé très vite (environ un mois). Bono a alors beaucoup de mal pour écrire les paroles de ce premier disque.

Bono :

« Je me suis rendu compte que je n’aimais pas écrire des paroles. Je n’écoutais jamais les chansons pour le sens de leurs textes… Ce qui m’intéressait, c’était l’idée globale, pas les détails. Ça avait le don d’agacer tout le monde ; on me disait toujours : ‘Pourquoi les paroles ont-elles changé par rapport à hier ? Tu ne veux pas les enregistrer ? C’est parce que tu veux encore les changer c’est ça ?’ ».

La pochette

La pochette de l’album Boy sur laquelle on retrouve un petit garçon torse nu va poser pas mal de problèmes à U2.

Petit garçon qui n’est autre que Peter Rowan, le frère de Guggi (de son vrai nom Derek Rowan, un membre des Virgin Prunes et l’un des meilleurs amis de Bono).

Peter Rowan (le petit garçon donc) que l’on retrouvera d’ailleurs, plus tard, sur la pochette du célèbre album War.

Aux Etats-Unis, U2 est contraint de proposer une pochette alternative pour Boy, pochette sur laquelle on retrouvait une photo des 4 musiciens.

Adam :

« La pochette de l’album Boy a provoqué une controverse en Amérique du Nord. Je ne savais pas ce que le terme ‘pédophile’ voulait dire, c’était sans doute la première fois que je l’entendais. Je n’arrivais même pas à comprendre le concept… On a dû m’expliquer que, parfois, des gens aimaient avoir des relations sexuelles avec des mineurs, et que le visage de Peter Rowan sur la pochette pouvait prêter à confusion. Expliqué comme ça, je comprenais leur point de vue. On a remplacé l’image de couverture par une photographie de nous, abstraite et assez étrange, déformée par un effet photocopie ».

Boy, à sa sortie, ne connaît pas encore un grand succès. Il se classe seulement à la 63e position du TOP 200 américain. Mais, vu le succès des albums qui suivront, il connaîtra, par la suite, une seconde jeunesse…

Source Classic 21 Laurent Rieppi le mardi 20 octobre 2020 à 13h51

ConFestMag (51)

ConFestMag.be

Laisser un commentaire