L’Eglise Saint-Jacques a résonné aux sons de voix angéliques.

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L’Eglise Saint-Jacques, qui fut un moment une abbatiale bénédictine, est un lieu chargé d’histoire(s) puisque la construction de cet imposant édifice a débuté en 1015. Un peu plus d’un demi millénaire plus tard (1538), on pouvait enfin juger son ouvrage principal terminé, même si les modifications au fil des siècles n’ont pas manqué (passé du style roman primitif à gothique puis ajout d’un portail Renaissance…). Certains éléments comme la voûte et ses peintures ainsi que les vitraux du chœur sont, précisons-le, toujours ceux d’origine.

Inutile de vous décrire donc que de nombreux artistes (sculpteurs, peintres, maître verrier) se sont succédé pour donner à ce lieu si particulier une aura envoutante. Une ambiance particulière y règne donc, mais aussi une acoustique telle que l’endroit est devenu le terrain de jeu, ou plutôt la scène, d’artistes confirmés comme Natasha St-Pier, Vincent Niclo ou encore Laurent Voulzy, qui y fera un petit crochet le 12 octobre prochain.

Mais ce 26 mai, c’est Thierry Amiel qui était l’invité de ce lieu imposant, tant par son histoire que son architecture. Et même si certains d’entre vous n’arrivent pas à remettre un visage sur ce nom de suite, il fait sans nul doute partie de cette lignée de chanteurs/chanteuses à voix dont la carrière ne se limite pas à quelques likes sur une publication Tik-Tok ou à plusieurs partages sur Instagram.

Et non, car il va bientôt fêter ses vingt ans de carrière. C’est en effet en 2003 qu’il se fait connaître du grand public en atteignant la finale d’une toute nouvelle émission télévisée dédiée au chant, La Nouvelle Star. Et oui, ce dérivé français de Pop Idol où ont été sacrés Julien Doré et Christophe « turtle » Willem.

Long cheveux blonds, barbe naissante, bagues à tête de mort… c’est avec un nouveau style que Thierry Amiel entame cette tournée intimiste.

Alors, certes, il n’a pas remporté l’édition, se classant juste derrière Jonatan Cerrada, mais d’autres « perdants » de ce concept assimilé à un télé-crochet ont acquis une certaine notoriété comme Amel Bent, Yseult, Kimberose ou encore Ycare. Et Thierry Amiel a effectivement pu surfer sur la vague du succès médiatique et populaire grâce, notamment, à sa reprise mélancolique du titre de Christophe, « Les Mots bleus ».

Un duo piano/voix adapté à la configuration des églises sélectionnées.

Un cover pour se faire (re)connaître, mais aussi quatre albums et une comédie musicale (Adam et Eve, de Pascal Obispo) à son compteur, ce n’est pas rien.

Mais si vous le voulez bien, gardons l’église au milieu du village, en suivant le fil chronologique de cette soirée de gala puisqu’avant le répertoire en piano-voix de l’artiste vedette se produisait en solo Izae.

Izae, Théo de son vrai prénom, est pianiste comme son papa.

Là encore, j’en vois certains qui froncent les sourcils. Ce nom ne résonne peut-être pas dans toutes les têtes ni sur les ondes des radios commerciales, mais le garçon gagne à être (re)connu. Entrée soignée, style vestimentaire particulier (costume gris avec rebords bordeaux, chaussures noires aux semelles compensées, body blanc brodé), une coiffure qui rappelle celle de John Travolta dans Grease, Izae prend place derrière le piano initialement disposé là pour son père (et oui, petite précision, il est le fils du pianiste attitré de Thierry Amiel) et commence à jouer.

En quelques notes et deux ou trois phrases, on comprend que l’on n’a pas devant nous un débutant bloqué par le trac. Non, Izae, de son vrai prénom Théo, n’est pas n’importe qui. Il s’est produit en première partie de concerts de Julien Doré et Hoshi, maîtrise le piano et la guitare, est auteur-compositeur-interprête, mais aussi mannequin ou plutôt acteur silhouette.

Avec Izae, c’est tout un concept qui débarque sur scène. Surnommé par la presse française  « Little Bowie », nous le comparerons plutôt à Pierre De Maere dans son approche globale du monde musical et à Damiano, le chanteur de Maneskin dans son look de dandy à la sauce rock poivré.

Avec son phrasé bien séquencé et sa diction sans faille, il sait déjà tenir le public en haleine. A vrai dire, on aurait apprécié en entendre plus encore de celui qui se définit comme un hypersensible qui s’exprime en chansons. Pour faire plus ample connaissance avec cette pépite de la chanson française, qui vient tout de même d’enchainer, juste avant Liège, deux dates à Paris et à Cannes, pour le célèbre festival, je vous renvoie vers son site et ses réseaux sociaux, mais aussi vers son premier EP, sorti voici peu, Amor à mort.

Adam est revenu… ou plutôt Thierry.

Nous en viendrons presque à oublier que nous étions venus pour un autre artiste à la sensibilité particulière, Thierry Amiel, qui après avoir connu une entame de carrière fulgurante a, il est vrai, un peu marqué le pas.

« Tout s’était enchainé très vite avec cette émission que l’on n’imaginait pas aussi suivie (NDR, c’était la première saison, donc un nouveau concept, et lancé par une chaîne un peu moins regardée que TF1 et Antenne 2, M6), le single « Les Mots Bleus », trois albums studio avec des participations aussi prestigieuses que Calogero ou Lionel Florence, et cette comédie musicale (Adam et Eve) qui était un grand défi pour moi. Je suis en effet assez timide et c’était la première fois que je devais ainsi intégrer une troupe. Au final, c’était positif car un fois le pas franchi, j’ai constaté que le poids de la communication était alors réparti sur toutes les épaules et pas que sur les miennes. C’était un peu reposant. Mais pas encore assez. J’avais besoin d’une pause. Mais pas aussi longue que celle qui m’a finalement été presqu’imposée. J’ai pris le temps de composer mon 4e opus, Artefact, que j’ai sorti en 2019, et bam, le covid est passé par là ».

Heureux de retrouver son public.

Le retour de Thierry Amiel a donc été un peu évincé par la grande star du moment Covid et son orchestre des variants. Il en faut toutefois plus pour mettre à mal la passion du grand blond aux chaussures noires.

Seul (ou presque) face à son destin…

« Un cinquième album est en préparation mais je n’avais pas envie d’attendre sa sortie pour venir au contact du public car celui-ci me manquait. Et dans le même ordre idée, je voulais établir une proximité réelle avec lui. C’est de ce désir qu’est née l’idée d’une tournée en piano-voix pour quelques dates exceptionnelles. Je ne pouvais évidemment pas éviter la Belgique, même si une seule sortie dans votre pays est à ce jour programmée. Jusqu’ici, j’avais uniquement connu Bruxelles, mais cette fois je voulais absolument un décor atypique. Je me suis donc inspiré de Laurent Voulzy, et de sa tournée des églises, mais restait à choisir la place belge. C’est la société B.wise Production qui m’a proposé ce site de l’Eglise Saint-Jacques et j’en suis ravi car cela m’a permis de découvrir cette ville dont j’avais jusqu’ici seulement gouté une spécialité (NDP : les célèbres boulets saucés) ».

Un retour aux concerts avant la parution de son nouvel album, c’est presque le monde à l’envers…

Le décor étant planté, plongeons nous dans le cœur (voire le chœur, nous sommes au sein d’une institution chrétienne, souvenez-vous) de la soirée, le show proprement dit de celui pour qui certains spectateurs ont fait le trajet depuis la France ou les Pays-Bas.

Et non, ce n’est pas Gilles Erhart dont on parle, bien qu’il fasse partie intégrante du spectacle en tant que pianiste solo. Et pas n’importe lequel. Trente ans de métier aux côtés notamment de Dave Stewart, Khaled, Luz Casal, Zazie, Mylène Farmer, Alain Souchon… Et accessoirement, le papa d’Izae.

Gilles Erhart accompagne le gratin mondial de la chanson depuis près de 30 ans.

Non, c’est bien Thierry Amiel qui est attendu. Après une brève introduction vocale, il traverse l’allée centrale de l’édifice pour venir se planter là, juste en face de l’assistance. Malgré ses quarante bougies au gâteau, il ne semble pas avoir pris une ride depuis l’émission télévisée, et je ne fais pas ici allusion à l’édition anniversaire de cette année.

Versions épurées, dans l’antre du seigneur…

On y est, il entame son tour de chant avec l’une de ses dernières compositions avant de rendre hommage à Maurane en reprenant « Sur un prélude de Bach » enchainé avec une version personnelle de l’Ave Maria qui fait prendre tout son sens au choix de cet endroit. L’acoustique y est effectivement prenante, surtout avec un technicien de la voix comme l’artiste de ce soir.

L’assistance est captivée. On entendrait une mouche voler. Et pourtant, le public va être mis à contribution puisque pour son retour à l’album de ses débuts, Thierry entonne un « 2000 ans sur la Terre » qui est repris par l’ensemble des sacristains du jour.

« Et comme je n’avais pas encore épuisé mon quota de questionnements avec cette chanson, j’ai remis le couvert dans ce titre suivant … » commente-t-il sous les applaudissements nourris. Et cette chanson qui suit c’est évidemment « Je voudrais comprendre », extraite de l’album Où vont les histoires ?

Entre titres personnels et reprises …

Thierry lui suit le chemin de la Belgique puisque sa deuxième reprise est dédiée au taulier, Johnny Hallyday, qui n’a jamais caché les liens qu’il avait avec notre plat pays.

« C’est un défi pour moi de reprendre cette chanson dans une version alternative moins rentre dedans que celle de Johnny » commente-t-il presque gêné. Quoi qu’il advienne, c’est bien « Je te promets » dont les notes résonnent sur les cordes du piano.

Pantalon noir, chaussures noires, pull … noir. C’est aussi du Johnny ça…

La transition est alors presque naturelle vers « De la haut » compte tenu du destin des deux premiers artistes repris en cover.

Et comme s’il fallait un nouveau signe dans l’enchaînement de la set-liste, c’est vers ces States chers également au rockeur motard que l’artiste du soir nous entraîne. Cela parle de braquage et d’une fuite en Mustang. Une histoire purement et simplement inventée de toutes pièces nous assure Thierry, qui l’a pourtant composée lors d’un de ses détours au pays de l’oncle Sam.

Un saut de puce vers le nord nous transporte cette fois au Canada d’où est originaire Sarah McLachlan dont la chanson suivante, Dans les bras de mon ange, est une adaptation personnelle en français.

Le Français que l’on abandonne très provisoirement pour la seule interprétation en anglais du show, le célèbre Creep de Radiohead.

Quel est le point commun de tous ces titres repris par Thierry Amiel me demanderez-vous. Et bien sa réponse est qu’ils font partie de ceux qu’il chantonne régulièrement, même sous sa douche.

Par contre, « Tes silences » fait bien partie de son répertoire, au sein de son dernier album. Un titre dont les paroles ne vous incitent pas à faire nécessairement la fête, mais qui permet à l’artiste de déployer toute l’étendue de son spectre vocal.

Il suffisait d’un signe, d’un micro…

Un bel exercice avant de s’attaquer à l’un des plus beaux morceaux de la chanson française, Les Moulins de mon cœur de Michel Legrand.

D’un monument à un autre, c’est « la Bohème » de Charles Aznavour qui s’invite au concert.

Non mais, il me semble qu’il y a beaucoup de défunts dans ce line-up ! « Je regarde là-haut » leur est peut-être dédié. C’est à la lumière des écrans de Gsm, qui ont remplacé désormais les bougies, que se déclameront les paroles, et oui, l’heure tourne inexorablement, de ce dernier morceau.

Un duo complice.

Vous vous en doutez, l’artiste et son acolyte n’allaient finir ainsi et laisser le public sur sa faim après un tel festin, mais dépourvu de dessert. C’est donc tout naturellement que le duo a repris place pour « Cœur sacré », l’un des titres phares du répertoire de Thierry Amiel, mais aussi, et surtout pour l’indémodable chanson qui a lancé la carrière de l’artiste voici 20 ans, « Les mots bleus » de Christophe.

La boucle est bouclée avec ces vingt ans compilés dans ce spectacle intimiste, mais l’artiste l’a déjà annoncé, il ne compte pas refermer le livre de sa carrière pour la cause. Il y aura donc probablement un prochain épisode.

NB : retrouvez les photos du concert de Thierry Amiel et Izae sur ReMarck Photos (page Facebook) mais aussi via ces liens –

https://www.facebook.com/wizfabphotos/

https://www.facebook.com/100075950136785/posts/pfbid0E5d8zXTk47G5n5W38RZxmLvnP7y5nRL7c4ZpEV7PtfzGQuBcFuC2u1q9esYAuxmzl/?d=n

ReMarck (87)

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