Du Maëlle et des Abeilles

Chronique d’un concert qui pique droit au cœur
On dit que les abeilles reconnaissent les fleurs par la vibration. Et ce jeudi 10 Avril 2025 soir, au Whalll de Woluwé Saint Pierre, une vibration bien singulière a traversé les fauteuils — celle de Maëlle. Cheveux désormais blonds, regard bleu électrique, la chanteuse de Bourgogne est montée sur scène comme on ouvre un journal intime en public : avec audace, émotion, et une sacrée dose de sincérité.




Alors certes, la salle n’était pas pleine à craquer. Mais franchement, qu’est-ce qu’on s’en fiche quand l’artiste, elle, déborde ? À 24 ans, Maëlle Pistoia a déjà plus de vécu musical que beaucoup n’en auront jamais. Une carrière lancée en 2018 avec une victoire éclatante à The Voice, un premier album signé Calogero, des scènes prestigieuses (Les Enfoirés, Victoires de la Musique, NRJ Music Awards), et maintenant Fil Rouge, son deuxième opus, plus personnel, plus libre, plus Maëlle, tout simplement.

Ce concert de fin de tournée avait une atmosphère particulière : celle d’une dernière, d’un point de bascule entre ce qui a été accompli et ce qui reste à venir. Avec ses trois musiciens (mention spéciale pour leur complicité millimétrée), Maëlle a livré une performance sans fard ni artifice superflu. Sa voix monte très haut, mais reste ancrée dans l’émotion (…les larmes sur « l’effet de masse » !) . Elle chante comme on respire, naturellement, viscéralement.







Le public — un mélange adorable d’ados surexcités et de parents conquis (et souvent surpris de l’être) — a répondu présent, même s’il aurait bien prolongé le plaisir. Car oui, le show fut court, la faute à un répertoire encore un peu restreint. Quand on n’a que deux albums, on ne peut pas non plus faire trois heures de rappel… Même si, soyons honnêtes, on aurait volontiers signé pour un bêtisier musical ou une impro en mode « Maëlle unplugged dans le noir ».



Côté bémol (parce qu’on n’est pas dans une hagiographie non plus) : pas de stand merchandising à la sortie. Rien. Pas même une petite affiche à glisser dans un tote bag ému. On aurait adoré repartir avec un souvenir concret en plus des étoiles dans les yeux. Mais après tout, peut-être que Maëlle préfère qu’on garde en tête sa voix plutôt qu’un mug collector.




En sortant de la salle, une pensée revient en boucle : cette fille a du nectar dans les cordes vocales. Une artiste rare, qui compose, écrit, joue, et trace son fil rouge sans se perdre dans les paillettes faciles. Le public le sent, le vit. Et même les absents — ceux qui se sont fiés à une image, à un genre, à une case — finiront un jour par comprendre : Maëlle, c’est de l’or en voix.



Alors Maëlle, on attend le prochain album comme les abeilles ou les libellules (ses parents l’appelaient comme ça quand elle était petite et le tatouage sur le poignet rend hommage à ce petit surnom) attendent le printemps. Et si tu veux faire bourdonner nos cœurs encore longtemps, surtout, ne change rien. Ou alors, juste un peu. Comme une note qu’on étire pour mieux l’habiter.

