Bertrix, c’est pas Marseille bébé, mais ça y ressemble presque…
Le deuxième jour du Baudet’stival se voulait résolument urbain dans sa programmation, du moins sur la scène principale. Pari réussi semble-t-il vu l’affluence enregistrée et surtout l’ambiance dégagée. A l’applaudimètre, les machines que sont Rag’n’Bone Man et Koba LaD ont évidemment fait mouche, mais les deux prestations les plus marquantes sont assurément celles des virevoltants 47 Ter et d’Alonzo qui semble en jambes pour s’offrir le stade Vélodrome.
Nous reviendrons un peu plus tard sur les shows offerts par ces artistes car nous débutons ce petit feed-back de la journée par la scène « Contruisons demain », appelée aussi scène 2 ou découverte.
La première à prendre le micro est Léa Pochet. Artiste régionale ou presque puisqu’issue des environs de Florenville, Léa présente un univers assez sombre, décliné en pop / rock / folk aux accents francophones. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, son dernier single « Destin » est un bel exemple de son travail actuel.
C’est ensuite au tour d’ODC de prendre place sur les planches. De deux (Léa étant accompagnée de son claviériste), on passe à quatre, même si deux personnages sortent effectivement du lot. L’un des musiciens, chanteur à ses heures, ne passe en effet pas inaperçu avec son look non genré, ses cheveux teints et ses nombreux piercings.
Mais le personnage central du band reste Célia, un petit bout de femme à la voix très puissante dotée d’une présence scénique remarquable. Elle est très belle et sait jouer sur cette corde.
Ne tombez dans les clichés de la femme fatale qui mène tout le monde à la baguette ou au contraire de la femme objet, Célia assume sa féminité mais se considère comme un membre indissociable du band.
Formé en 2017 dans la région parisienne, ODC a pris du galon, et surtout un coup de projecteur, en 2021 en signant avec Blood Blast Distribution. Depuis, les tournées s’enchaînent et le public se déchaine. A découvrir.
On reste dans le rock, mais un peu plus « british » avec The Rackers. Si le groupe provient bien de Belgique, c’est en effet dans la culture musicale anglo-saxonne, et essentiellement des 90’s et début 2000 que ses membres puisent leur inspiration. On y décèle des arômes d’Oasis avec une pointe de Franz Ferdinand et une pincée d’Arctic Monkeys.
Même scène, autre ambiance avec Maya Nashoba, une artiste belge (aux racines turques) qui n’a pas peur d’étaler ses hantises et ses doutes en musique, comme une forme de thérapie artistique. « J’ai composé ces morceaux en 2019, alors que j’étais au plus mal. Je traversais alors une forme de dépression » nous glisse subtilement celle dont l’apparence physique fait immédiatement penser à la Sinead O’Connor de 1994.
Même visage angélique et surtout coupe de cheveux identique. Mais le parallèle s’arrête là, du moins espérons-le, vu la fin tragique de la chanteuse irlandaise. Une autre belle découverte pour nous, avouons-le car c’est subtil, mélodieux et très bien écrit.
Vient alors l’enfant du pays… tout proche, Florent Brack. Vainqueur de l’émission « The Voice Belgium » en 2015, Florent a pris le temps de se forger un univers, et appris à poser sa voix à la British and Irish Modern Music à Brighton.
Fort de son expérience scolaire, mais aussi sur scène, où il a, nous rapporte-t-on, déjà dû faire face à quelques impondérables (NDLR : Florent, pense à protéger tes doigts), Florent vient de sortir son premier album « Faces », opus qu’il défend désormais bec et ongles avec brio. Et pourtant, il y eut bien un petit stress de dernière minute ce samedi puisqu’au moment de débuter son show, aucun son ne sortait du micro !
Un présentateur en chauffeur de salle improvisé, un ingénieur du son à la rescousse et quelques minutes suffiront finalement à rétablir une situation mal embarquée. Heureusement d’ailleurs, car dès les premières notes, le public est venu remplir la place de ce second espace. Nous pensions, à tort visiblement, que la plupart des spectateurs du jour étaient à tendance rap, prêts à passer la journée devant les barrières de la scène où les cadors du genre se produisaient, mais l’Ardennais a su les détourner du chemin obscur (référence à I AM), du moins le temps de son set.
Ce menu, déjà copieux, était servi avec une performance de Matho et Xal en guise de pousse-café, mais nous étions déjà rassasié et avons donc fait l’impasse sur ce met gourmand.
Par contre, notre pérégrination ne s’est pas arrêtée en si bon chemin pour la cause, à côté de la scène B (ou 2, c’est selon) se trouve la Place des Trois Fers et son accompagnement de stars.
La première n’est autre que l’animateur vedette du 6/9 de Tipik, Gaetan Bartosz, transfuge de la rentrée dernière (passé du giron RTL avec Radio Contact au fief RTBF) et présentateur, pour la première fois, au Baudet.
Un novice donc, comme Oney, groupe formé à l’initiative de l’Arlonnais Noé Remy, rappeur solo à la base qui a vu le rejoindre des musiciens d’horizons divers comme Pierre Thollembeck (Clavier), féru de musiques électro, Félix Schipman (batterie),William Odobescu (guitare), résolument rock, et Charles Wilmet, un saxophoniste actif dans un band de reggae. Le tout donne un mélange détonnant, mais harmonieux. Et pour sa première grande scène, Noé ne se démonte nullement. Une belle surprise.
Arrivent alors deux jeunes pousses toutes fraichement sorties du tourbillon médiatique de la Star’Ac, Julien et Axel. Sans réelle mise en scène ni accompagnement live, difficile de pouvoir se faire une idée de leur potentiel. On peut juste relever que les capacités vocales sont réelles et que Julien ose déjà se frotter à Brel.
Mais voilà que grimpent sur scène de vrais habitués des planches, les 47 Ter. Pierre-Paul, Blaise et Lopes n’en sont effectivement pas à leurs débuts.
Le trio multiplie les prestations depuis quelques années, et frappe toujours juste. Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’œil dans l’assemblée pour se rendre compte qu’une grosse partie du public est là pour le sympathique trio de Paname. Rap, chant, danse … tous les ingrédients sont présents.
Accompagnez cela d’un logo marquant et d’une ligne de merchandising bien étudiée et vous comprendrez pourquoi ce groupe marque les esprits.
On reste dans l’urbain, mais en changeant complètement de style et de look avec Koba LaD, très attendu par les ados et jeunes adultes. Sapé comme un prince moderne, avec une véritable armée de garde du corps masqués, le chanteur mannequin issu de la région parisienne (Saint-Denis) a proposé un show très sobre auquel nous n’avons pas vraiment accroché, mais c’est sans doute là ce qu’on définit comme le choc des générations.
Et pourtant, avec Alonzo, on va retrouver des couleurs. L’ancien membre des Psy 4 de la rime, cousin de Soprano, n’a rien perdu de sa superbe.
Au contraire, ses rythmes sont balancés, son phrasé bien posé et son énergie débordante. Quand on est, comme lui, originaire de Marseille, se produire au stade Vélodrome est une consécration. Et bien c’est ce qui attend prochainement Kassim Djae (son vrai nom).
Bertrix est loin de la Méditerranée, et la Place des 3 Fers ne verra sans doute pas la couleur de la coupe d’Europe, mais ce festival est une belle répétition pour l’expérimenté rappeur qui a su embarquer le public dans son univers.
Un univers rap qui se mute en soul pour la tête d’affiche internationale dévoilée voici quelques jours à peine, Rag’n’Bone Man.
Révélé au grand public assez tardivement Rory Charles Graham (39 ans) est un artiste atypique. Sa voix de baryton est fabuleuse, son parcours particulier (il était essentiellement axé sur le blues et le jazz jusqu’à sa rencontre avec le producteur Mark Crew qui va l’orienter vers une fusion avec le hip-hop) et son physique reconnaissable (grand, large et tatoué un peu partout, visage compris).
« Giant » est certes une chanson de Calvin Harris sur laquelle la tessiture de Rory Charles s’exprime à merveille, mais ce titre est évocateur du talent et de l’humanité dégagée par cet homme qui remplit des stades à travers le monde et chante en duo avec des monstres tels que Pink. « Human » est d’ailleurs un autre titre, son plus connu certainement, qui dresse les poils sur les bras.
Une chanson faite pour sa voix, mais pas que… elle raconte en effet une histoire, celle de son interprète qui a œuvré tout un temps dans le domaine médical, travaillant auprès de personnes atteintes du syndrome de Down, la trisomie 21 dont est atteinte sa sœur. Quelle belle sortie de scène pour nous, qui nous éclipsons sur la pointe des pieds de cette deuxième journée de festival.
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