Le Belgofest enchante un public conquis.

Pour sa première édition, le futur ex nouveau festival ayant pris la place de l’Inc’Rock a visé juste en alignant un line-up 100% national.

Côté assistance, on était certes loin de l’affluence de Werchter ou des Ardentes, mais le public qui avait opté pour l’infrastructure bien plus cosy d’Incourt ne l’a pas regretté.

Deux scènes à dimensions humaines (comprenez qu’il ne fallait pas une lance téléscopique comme à Liège pour voir les planches du premier rang), des artistes généreux et communicatifs, une mise en place à la hauteur (pas de files interminables à l’entrée, des parkings proches, des bénévoles souriants et de bonne volonté…), tout ou presque était réuni pour fêter l’anniversaire de l’organisation locale.

On notera juste quelques percées d’une pluie à peine gênante, mais pas répulsive non plus. Et puis cette petite pilule difficile à avaler, celle de l’adieu car le concept a beau avoir ravi les personnes présentes, le contexte économique actuel n’est pas vraiment au beau fixe pour les festivals de moyenne importance. Du coup, cette première était aussi… une dernière.




Un one shoot donc, mais qui a fait mouche, grâce notamment à un ambianceur hors pair, Dj Didjé, alias Oli Soquette, qui n’est autre que le chanteur du groupe les Gauff’ que beaucoup connaissent pour les titres aux noms révélateurs de « Vamos à Salou », « Les courses akora », « Helle » ou encore « Toutes des wasses ».

Au fait, pour les nostalgiques, mais aussi pour ceux qui aimeraient passer un bon moment de fous rires et de karaoké déjanté, le groupe effectuera sa tournée d’adieu en 2026.

Ce 05 juillet, ce n’est toutefois pas avec Willy, Patrick, Pol et Marcel qu’Olivier avait effectué le déplacement dans le BW, loin des travées de Sclessin, mais bien seul avec son maillot des Diables, son short coupé façon maison, et sa casquette empruntée aux cyclistes de l’immédiat après-guerre.

Au programme, un set exclusivement composé d’artistes du plat pays, non pas mixé méthode scratch Benny B (non, cela c’était pour clôturer la session, avec Daddy K), mais accompagné de quelques commentaires et anecdotes façon Georges Lang à la sauce liégeoise.

Dans la set-list tricolore, Annie Cordy, Adamo, Confetti’s, mais aussi Sandra Kim, la seule à nous avoir ramené le trophée de l’Eurovision, le Grand Jojo, Lou Deprijk, Machiavel, Frédéric François, Claude Barzotti ou encore Ubaldo et sa valse des boulangers. Il faut dire que la Belgique compte beaucoup de talents au kilomètre carré, sans pour autant se prendre le chou.

On a beau se trouver dans le BW, on peut la faire la fête comme partout ailleurs, chenille comprise. Enfin, on appelle plutôt cela une farandole ici.

Les plus jeunes apprécient, les nettement moins jeunes aussi d’ailleurs… C’est donc un public déjà bien chaud qui se déplace de quelques pas à peine pour aller prendre place face à l’autre scène, celle qui verra l’envoutante Typh Barrow sortir enfin de la tanière qu’elle occupe depuis quelques mois.

La chanteuse s’est en effet montrée très discrète depuis un certain temps, mais elle dispose de la meilleure des circonstances atténuantes puisqu’elle peaufine son prochain opus. Du coup, c’est dans une composition pour le moins épurée, Typh étant seule derrière son piano, que la Bruxelloise propose un extrait de son répertoire. C’est un peu moins enjoué qu’à son habitude, normal vu le contexte expliqué, mais tout aussi mélodieux et efficace.

Sourire désarmant, jeu virtuose, voix posée, Typh fait planer ses mélodies à travers les airs comme si elle n’avait jamais cessé de répéter cette scène.

Même sur les morceaux des autres, ces covers qui ont participé à la reconnaissance, il est vrai, Typh Barrow frappe juste. Cette fois, c’est l’incontournable slow des Eagles qui devient son doudou de la soirée.

Enfin, pas vraiment de la soirée car la chanteuse/pianiste livre en aparté que ce morceau a rapidement fait partie de ses préférés car parmi les paroles figure le prénom Tiffany. Début calme de cet « Hôtel California » qui va inexorablement bercer dans l’univers jazzy cher à mademoiselle Barrow. Nous sommes rassurés, Typh a toujours ce grain caractéristique et cette douce folie d’interprétation qui font la différence.

L’assistance est subjuguée. Il n’en faut pas plus pour qu’elle reprenne en chœur les refrains les plus marquants comme celui de « Taboo » ou du planant « Aloha ». Il faut en profiter car elle se fera rare encore un petit temps, celui qui la sépare de la sortie de ce nouvel album qu’elle défendra sur scène, mais pas avant la saison prochaine, vous vous en doutez.

Moment complice, exquis, où le temps se pose l’espace d’une seconde. Mais toute bonne chose a une fin, comme cette prestation qui mène toutefois à une autre forme de musique, plus pop, plus rock même, celle du groupe Suarez.

Marc Pinilla se montre taquin dès la balance. Il faut dire que le Montois est l’un des artistes qui a gardé le plus de connexions avec son public, ce qui le place dans le groupe de tête des chouchous de l’assistance.



Avec ses acolytes habituels, Maxim, Pata, David et l’incontournable Dada, reconnaissable à sa chevelure proéminente, il fait mouche à chaque sortie, et celle-ci ne va pas déroger à la règle.

Même dame nature montre son intérêt pour le show, en arrosant l’assistance de quelques gouttes dès les premières notes. Une alerte qui aura juste l’intérêt d’attirer l’attention du chanteur qui va donner de sa personne en descendant de scène pour aller jouer sur l’esplanade, au sein d’une foule aussi admirative qu’étonnée.

Et oui, Marc n’hésite pas à mouiller le maillot. Il sortira d’ailleurs des planches en sueurs, montrant qu’artiste de variété n’est pas une profession de tout repos.

Suarez a beau tarder à sortir un nouvel album (la dernière version studio, Vivant, date de 2020), ses airs les plus connus restent dans les têtes, comme on peut l’entendre lors de la reprise des refrains.

Et puis, tant qu’on y est, le groupe en profite pour glisser ci et là ses dernières compositions originales, les singles « La vie devant » et « Amours chiennes ». C’est frais, léger, dansant … c’est de saison dirons-nous.



Encore une bonne pioche pour l’organisation qui propose ensuite une artiste qui eut, il est vrai, ses plus grands succès dans les années 90 (« Sensualité » date de 1993), mais dont les collaborations ces dernières années (la plus représentative étant celle avec Ycare sur « d’Autres que nous » en 2022), ont renforcé la popularité.

On parle évidemment d’Axelle Red, l’une des rousses les plus connues de nos contrées.

Avec Fabienne, ou plutôt Axelle, les hits s’enchaînent une nouvelle fois, pour le plus grand bonheur d’une assistance toujours bien fournie.



Et oui, on vous le disait, le Belgofest a visé juste, dans son concept et son choix d’artistes. D’autant qu’au moment de notre départ restaient encore dans les starting-blocs The Belgians et Daddy K.

La Belgique à l’honneur, les Belges en lumière … le Belgofest peut tirer sa révérence, il a offert un beau spectacle.

Retrouvez les clichés du festival sur la page FB – ReMarck Photos.