30 ans après, Richard « Gonzague » Ruben kiffe son retour à Forest.

Le 24 mars 1995, Richard Ruben remplissait Forest National, devenant le premier humoriste belge à fouler cette scène mythique bruxelloise.

Depuis, l’enfant du pays (il est souvent assimilé à son personnage de Gonzague, l’archétype du BCBG des beaux quartiers d’Uccle) n’était plus revenu dans cette salle, lui préférant le Cirque Royal.

Mais un tel anniversaire demandait un acte fort pour marquer les esprits. Richard Ruben a donc décidé de remettre le couvert dans son plus beau restaurant étoilé, le Forest National qui a vu tant d’artistes y mettre le feu. Le pari était osé car le stand-up n’est pas monnaie courante à cet endroit, mais Richard Ruben possède tellement d’atouts en poche qu’il pouvait se permettre de « faire tapis » avec un public fidèle qui le suit depuis désormais 35 saisons.

En tournée depuis quelques temps déjà avec son spectacle « En Chanté », l’imitateur humoriste a donc décidé de s’offrir une parenthèse qui aurait pu se matérialiser par un panaché de ses sketches les plus marquants et ses parodies les plus mordantes, mais l’homme aime surfer sur l’actualité et verser quelques gouttes d’acide sur les personnages qui n’œuvrent pas vraiment pour le bien de l’humanité.


C’est donc un spectacle inédit à 60% qui fut présenté ce 27 mars 2025 aux spectateurs avertis qui ne voulaient pas manquer cette représentation unique. La trame de ce show, Richard Ruben l’a mise en place avec son comparse habituel, Sam Touzani. Et oui, pour les connaisseurs, voici un duo qui prouve que la collaboration, et même l’amitié, sont bel et bien possibles entre deux peuples que tout oppose dans certaines régions du globe car si Richard Ruben incarne à merveille ce Gonzague qui semble lui aller comme une seconde peau, le personnage est bien plus complexe qu’il n’y parait. C’est d’ailleurs la base de l’une de ses réflexions scéniques. On ne peut plus se moquer que de sa communauté, sinon on s’expose à la vindicte populaire voire même à des poursuites judiciaires, mais quand l’on est le fruit d’un panaché aussi riche que le sieur Ruben, on a de quoi voir venir puisqu’il a un pied dans une vingtaine de communautés au moins.



« Sur scène, je raconte l’histoire de ma grand-mère égyptienne, de mes arrière-grands-parents qui sont d’Alep. On est très loin de Gonzague. Je suis né à Cavell, je suis un vrai Belge mais mes racines viennent de partout ailleurs. Ma mère, en 1939, est née au Salvador d’une famille qui a fui l’Alsace pour ne pas être déportée. Quand ils sont revenus, toute la famille de mon grand-père était déportée. Ils ont eu tellement peur qu’ils sont allés… en 1947, en Suisse. J’ai de la famille à Milan, aux Etats-Unis, en Egypte… Mon côté juif, je le tiens par mon père séfarade et ma mère ashkénaze. Mon lien avec le judaïsme est plus de tradition que de croyance. Je suis agnostique »




Cette histoire, Richard la raconte, en partie, sur scène, mais il n’hésite évidemment pas à égratigner les dirigeants mégalomanes qui mettent le monde en péril (inutile de vous faire une photo) et revient sur certaines pratiques « déshumanisantes » comme les anniversaires préprogrammés version FB.


Richard Ruben humoriste et sociologue, c’est l’une des faces de la pièce, mais son don pour la chanson et l’imitation ne pouvait être occulté pour l’occasion. Tous les plus grands y passent, chanteurs et chanteuses, et même des fils cachés de… sorte de mix entre deux personnalités connues. A chacun ses préférences, mais nous avons été bluffés par les « grandes voix », celles de Maurane, Pavarotti ou encore Slimane, que Richard Ruben maîtrise à merveille. Sans oublier The Muscles of Bruxelles, JCVD, que Richard peut pasticher comme s’il était son jumeau. Et pour les plus jeunes, Zaho de Sagazan ou encore Pierre Garnier sont venus garnir cette galerie des stars depuis peu.


Côté pratique, un humoriste, même imitateur à ses heures, seul sur l’immense scène de Forest, qu’est-ce que cela donne ? Du très bon, mais comme on vous le disait, l’artiste ne partait pas les mains vides. Il a tout d’abord invité un autre ket de Bruxelles bien connu et apprécié de tous pour chauffer la salle, le scratcheur fou, Daddy K.








Et puis Richard Ruben ne monte désormais plus sur scène sans le multi instrumentistes Thom Dewatt, qui s’occupe de la partie musicale du spectacle (celui-ci, mais aussi « En Chanté »). Cela peut paraître anecdotique, mais il est une pièce essentielle du puzzle dont le point d’orgue est sans doute cette « compilation » de 49 extraits du grand Brel en 1m20 sec (NDLR : j’en ai relevé environ la moitié, mais je ne suis pas un spécialiste).


Et puis le jeu de lumières était au niveau de l’événement, comme vous pouvez le voir sur les clichés. Nous n’étions pas sur un concert de Mylène Farmer ou Coldplay, mais certains chanteurs adulés des ados pourraient rougir en voyant la mise en scène de ce one shoot. Et oui, c’est loupé pour cette occasion unique, mais Richard Ruben continue de se produire avec ses spectacles « En Chanté » et « 80 min avec Richard Ruben » (dont une date, le 23 avril, au Fridge Comedy Club).


Retrouvez les clichez du spectacle sur la page FB – ReMarck Photos.
