Une soirée à fleur de peau avec Lovelace & Anaïs MVA

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Ce samedi 5 avril 2025, l’Orangerie du Botanique s’est transformée en écrin émotionnel. Le public, réuni sous la grande salle de la verrière bruxelloise, a vécu un moment suspendu entre deux générations d’artistes qui ont en commun une même intensité : celle de chanter la vie, dans ses hauts comme dans ses failles.

Première étincelle : Lovelace, l’alchimiste pop

En ouverture, c’est une artiste locale qui prend la scène avec assurance : Lovelace, nouvelle voix de la pop alternative bruxelloise. Derrière ce pseudonyme, une jeune femme qui compose depuis son « labo-chambre », une fabrique intime où elle mêle sons électroniques, textures saturées et mélodies douces-amères.

Son univers, à la fois sombre et vibrant, évoque l’école américaine d’artistes comme Billie Eilish ou FKA twigs, sans pour autant perdre sa patte bien belge : un brin de folie, beaucoup de sensibilité, et une dose d’auto-dérision presque nécessaire pour survivre au chaos. Sa collaboration récente avec Saule « Petite Gueule » l’a mise en lumière, mais sur scène, seule avec ses machines, Lovelace prouve qu’elle peut très bien capter l’attention sans artifices.

Son énergie, quasi compulsive, est le reflet d’une relation intense à l’existence. Elle le dit elle-même : vivre est une forme d’addiction, et parfois ça déborde. Mais c’est aussi cette intensité qui rend ses morceaux si habités. Une belle entrée en matière pour cette soirée, où elle a parfaitement rempli sa mission : réchauffer la salle et faire monter la tension pour la tête d’affiche.

Anaïs MVA, la claque douce

La suite appartient à Anaïs MVA, et dès les premières notes, l’atmosphère change. Elle est accompagnée d’ un batteur et d’un guitariste claviériste, s’emploi pour un titre avec le clavier, mais c’est tout un monde intérieur qui s’ouvre. À 22 ans, cette autrice-compositrice-interprète est déjà suivie par une large communauté sur les réseaux, notamment TikTok, où elle partage ses chansons « en chantier », comme des éclats de journal intime musical.

Formée au conservatoire, Anaïs a pourtant suivi un parcours peu conventionnel. Elle raconte dans une interview à Antonym Magazine :
« Je viens d’une famille de profs. La musique, c’était un rêve un peu flou. J’avais mis ça de côté, mais ça m’a rattrapée. J’ai commencé à poster ce que j’écrivais début 2022… et ça a pris. »

Depuis, elle enchaîne les scènes avec une aisance désarmante, portée par son premier EP Métastases, où elle aborde sans détour les sujets lourds qu’elle transforme en chansons pop poignantes : dépendances, troubles alimentaires, amours cabossés… mais toujours avec une lumière au bout du tunnel.

Elle avoue :
« En studio, j’ai tout lâché. J’ai mis plein d’effets, j’ai suivi mon cœur, j’ai pris les chansons qui me tenaient le plus à cœur. C’était comme poser des mots sur des choses qu’on garde en soi trop longtemps. »

Et si elle garde un lien fort avec son public, c’est parce qu’elle n’oublie rien de ses débuts :
« Je me souviens quand une vidéo avait un seul like, un seul commentaire. Aujourd’hui encore, j’essaie de répondre au maximum. C’est une reconnaissance que je n’ai pas envie de perdre. »

Sur scène, cette sincérité transpire à chaque note. Elle partage la scène pour un titre avec le talentueux rappeur Bruxellois CRC et un autre titre avec l …Anaïs ne fait pas que chanter : elle partage, elle confie, elle expose ses fêlures, et c’est précisément ce qui touche. Son nouveau morceau « 24 février », récemment dévoilé, en est la parfaite illustration : une ballade mélancolique qui prend des airs légers, presque ironiques, et qui laisse en tête une image douce-amère… comme un vieux film qu’on aurait envie de revoir.

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