Entre Mulhouse et Toulouse, le Baudet se tâte encore…
Pour cette troisième et dernière journée du Baudet’stival, l’affiche faisait la part belle aux compositions en langue de Molière avec Doria D, Zoé Josephine, Colt, Claudio Capéo ou encore les brothers de la ville rose, BigFlo et Oli.
Honneur à l’une des benjamines pour l’ouverture de cette ultime séance avec le set de Zoé Josephine, une ex candidate de The Voice Kids qui vient de sortir son premier EP, « Regarde dehors ».
A 20 ans, la Liégeoise déborde d’énergie et d’enthousiasme au point d’avoir assuré seule la matérialisation de cet opus, de l’écriture des paroles à la gestion des réseaux sociaux en passant évidemment par la composition de la musique, mais aussi la gestion de son label. Etonnant direz-nous ! Et bien pas tant que cela si l’on considère qu’elle a écrit son premier titre à 10 ans, et ce en quelques minutes à peine. Et sa prestation ? Nous garderons volontairement le silence à ce propos afin que les plus curieux viennent la découvrir par eux-mêmes. Ce sera le samedi 27 juillet à Ere.
A quelques encablures de Zoé (oui, c’est son vrai prénom, par contre Joséphine n’est pas son nom de famille mais le prénom de sa grand-mère), on retrouve ODE, le groupe qui s’est produit en premier dans ce festival, vendredi. En tant que vainqueur de la catégorie Tremplin, il a remporté le droit de se produire, cette fois, sur la scène principale, Place des 3 Fers.
Lorsque l’on revient près du centre culturel, c’est Gabriel Seize qui s’est emparé du micro pour présenter son projet « Prologue » du nom de son synthé fétiche, instrument de prédilection aux sonorités seventies, mais aussi au double sens caché d’ouverture sur le monde ou d’entrée dans l’univers artistique. Le prologue, c’est la première phase, celle qui initie le changement ou la course si l’on s’en réfère au Tour de France cycliste.
L’artiste suivante n’en n’est plus au début de sa carrière vu le succès rencontré par ses premiers singles, Dépendance, Hors tempo ou encore Sur ma tombe, que personnellement j’écouterais bien en boucle.
Depuis 3 ans, la jeune louvaniste assène ses couplets aux paroles sombres et lourdes, sur des musiques tellement entraînantes aux quatre coins du pays que l’on a l’impression qu’elle fait partie intégrante du paysage audio-visuel belge depuis bien plus longtemps.
Et pourtant, son premier album, Je cherche encore, vient à peine de sortir depuis deux mois. Parmi les titres les plus récents, Question qui laisse supposer que Doria D, puisque c’est bien d’elle qu’il s’agit, est régulièrement en proie aux doutes et interrogations, comme elle le dit sans détour lors de ses intermèdes musicaux, alors que sur ou en dehors de la scène, elle est probablement l’une des chanteuses les plus souriantes et abordables de cette époque.
L’an dernier, une très jeune demoiselle avait entamé son tour de chant le dimanche, mais avait dû l’écourter en raison de la tempête annoncée et de l’évacuation temporaire du site. Cette fois, pas de conditions climatiques précaires pour Marion (Duplicy), la résidente de Bertrix, et donc une set-list complète pour celle qui a représenté la région dans The Voice kids (et oui, encore une, mais n’est-ce pas là un signe que l’émission télévisée sert effectivement de belle vitrine pour certains artistes en herbe ?)
Retour Place des 3 Fers pour le duo endiablé de Colt (ex- Coline et Toitoine), l’une des sensations de l’été 2024.
Je ne dis pas cela pour la découverte du groupe, qui existe déjà depuis un certain temps, mais pour sa réussite actuelle. Les festivals belges s’arrachent les prestations des Bruxellois qui vont s’attaquer à des salles de renom dès l’entame de 2025.
La Cigale (Paris) puis l’Ancienne Belgique sur leurs terres, excusez du peu… En attendant, c’est bien dans la province du Luxembourg que Colt a mis le feu.
Fily Leela est une autre de ces artistes qui devait se produire en 2023 sans cette mini bourrasque qui a mis sur pause toute activité extérieure pendant quelques heures. Les organisateurs avaient promis de lui offrir l’opportunité de revenir dès que possible, c’est chose faite.
Ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, et pourtant sa carrière musicale a déjà emprunté un beau parcours. Elle débute l’académie à 7 ans pour apprendre le chant choral, le solfège et le piano. Sa formation lui permet d’être repérée pour prendre part à des doublages de dessins animés (dont certains très connus) puis d’intégrer un groupe de gospel en tant que soliste.
A elle les premières tournées. Elle se prend alors au jeu, composant ses premières chansons, mais c’est dans l’ombre d’autres stars qu’elle évolue pendant un certain temps, accompagnant notamment Lara Fabian, Zap Mama, Daniel Lévi… En 2020, la voilà au chômage technique avec l’arrêt de toutes les festivités, confinement oblige. Cette pause forcée lui fait prendre conscience qu’il est temps de prendre un peu la lumière en proposant ses morceaux, sa voix, sa personnalité au public. Le concept Fily Leela est né. Depuis, il grandit progressivement au fil des singles et de sa vie de maman.
Artiste de l’ombre, Claudio Ruccolo (son nom de baptême) le fut aussi tout un temps avant de prendre part à une émission télévisée très connue (The Voice) qui va permettre au public de mettre en exergue l’extraordinaire voix rauque, mais surtout la personnalité attachante du bonhomme.
Il ne gagne certes pas l’édition à laquelle il participe, mais sa première chanson sortie après cette expérience fait un carton. Qui n’a jamais chanté ou fredonné « Un homme debout » ? Claudio Capéo a fait mouche et enchaîne depuis les titres à succès en français, mais aussi en italien, la langue originale de sa famille. Toujours accompagné de ses « Capéos », musiciens mais surtout amis, Claudio nous a encore livré un spectacle de toute beauté, tantôt énergique, tantôt attachant, à l’image même de son interprète qui se donne toujours à 100 % sur scène.
La place est désormais noire de monde et il devient impossible de circuler, tant le public est massé devant la scène en attente des brothers de Toulouse. Mais ceux qui sont un peu à l’écart de cette marée humaine peuvent encore profiter d’un concert pour le moins dépaysant avec la prestation de The Flynts (avec un Y). Déjà venu à Bertrix dernièrement, ce quatuor belge propose du rock aux accents 70’s et ne déçoit jamais. Ils sont l’une des révélations de Classic 21.
Claudio nous a emmenés un peu plus tôt dans la soirée voguer entre son Italie natale et la région de Mulhouse qui l’a vu grandir, et bien arrêtons-nous cette fois, pour notre dernière escale du week-end, bien plus à l’ouest sur la carte, à Toulouse, la ville rose chère à Claude Nougaro, mais aussi aux frères Ordonez, alias Bigflo et Oli.
L’italien laisse place à l’espagnol, sans majuscule puisque l’on parle des langues cette fois, mais on reste dans la sphère The Voice. Florian et Olivio sont en effet jurés dans la célèbre émission, et Claudio en est issu mais va aussi rejoindre les fauteuils pour l’édition consacrée aux kids.
Il n’y a qu’à soulever les yeux et tendre un tant soit peu l’oreille pour comprendre que les deux rappeurs sont attendus. L’assistance trépigne d’impatience. Sur le mur vidéo défilent des extraits de la vie des fréros qui sur les planches vont nous livrer un show dont ils ont le secret. Complices et espiègles à souhait, Bigflo et Oli sont des machines de scène, capables de dompter tout public. Et comme celui de Bertrix leur était déjà dévoué, l’ambiance fut électrisante durant toute la prestation.
Voilà encore une belle édition du Baudet’stival qui touche à sa fin, même si le public a encore pu profiter des sonorités festives de Nice Idée et des scratchs endiablés de Daddy K, nous fermons la page de ce livre-ci, nos prochaines pérégrinations nous menant dès ce soir dans la région spadoise (pour les Francos évidemment).
Retrouvez les clichés du festival sur la page facebook – ReMarck Photos.