Trois Heures – Mana Neyestani –

Ca et Là éditions/Arte éditions « Trois heures » est le récit des mésaventures du dessinateur iranien Mana Neyestani, il y a 4 ans à l’aéroport d’Orly.

Réfugié en France depuis 2011 – il a fui l’Iran à cause d’un dessin – il est invité à Montréal, au Canada, pour présenter son roman graphique « L’Araignée de Mashhad » et compte en profiter pour rendre visite à son frère. Sauf qu’à l’aéroport, rien ne se passe comme prévu.
Neyestani a bien tous ses papiers en règle – carte d’identité, passeport, invitation – mais la compagnie aérienne ne sait pas comment traiter son statut de réfugié.
Le dessinateur ne rentre pas dans les cases.



Commencent trois heures d’attente d’humiliation bureaucratique au cours desquelles Neyestani raconte comment sa condition de réfugié lui pèse, condamné à ne pas revenir dans son pays où il risque la prison à vie, tout en ne se sentant pas encore chez lui en France.

Et ces trois heures d’attente ne sont pas pour l’aider. Quand vous ne rentrez pas dans les cases, vous vous sentez totalement impuissant, et personne ne fait attention à vous. Des dessins épurés, expressifs pour décrire son angoisse, les autres voyageurs qui embarquent, sans qu’on leur demande « d’attendre sur le côté ».
C’est l’occasion pour Neyestani de faire un autre voyage, en lui-même.
Une introspection qui permet de comprendre pourquoi cet homme timide n’ose jamais élever la voix ou défendre ses intérêts.



Un récit émouvant, d’une sincérité confondante, et parfois drôle – comment il nomme ses 3 bagages, son dialogue imaginaire avec un chat – et à la fin, totalement révoltant par la mauvaise foi affichée de la compagnie aérienne.