Springsteen, le vibrant hommage des Femmes !


De modestie plus que légendaire, Bruce Springsteen a toujours aimé rappeler qu’il devait le début de sa carrière aux « Girls Groups », rien à voir bien entendu avec les Spice Girls et autres Bangles , non ici il s’agit de groupes des années 60’s, et selon lui tout leur revient et le Boss au final ne serait qu’un valet qui sert au mieux leur musique. Cette sympathique tape amicale des femmes artistes a très certainement trouvé son écho vu qu’aujourd’hui ce sont elles qui lui renvoient ses hommages appuyés, en publiant l’album « Ladies Sing The Boss », avec en tête de gondole Patti Smith et son pharaonique « Because The Night », composé à quatre mains en compagnie de Bruce Springsteen, une chanson qui a révolutionné son époque vu qu’elle célébrait les amours hétéros et gays voire lesbiens et par conséquent d’avant-garde. Chanter du Bruce Springsteen ce n’est pas rien surtout quand il s’agit de se réapproprier les textes d’un artiste à la voix tant mémorable qu’inoubliable, avec le coffre de surcroît en suffisance, même si ici l’aspect vocal a été relayé au second plan et on assiste pas à un combat de poules pour celles qui réveilleront la basse-cour avant tout le monde, non que du contraire elles ont su mettre leurs talents d’interprètes aux services des textes du Boss, en n’évitant toute forme de duplicata et en redonnant même très souvent une seconde lecture aux textes de Springsteen qui étaient déjà brillants par eux-mêmes et qui sentaient les bonnes tranches de vie vécues, et on peut dire que les 19 femmes qui ont pu avoir un jour en studio les corones de s’attaquer à une montagne musicale d’une telle importance, ne vont pas décevoir tout musicologue averti. Citons entre autre Margaux Timmins et les Cowboys Junkies qui s’approprient Thunder Road, et ce avec un tempo beaucoup plus afin de donner leur propre version d’une chanson qui s’attarde sur l’enfermement. Bettye Lavette de son côté s’attarde à Street of Philadelphia, le superbe film sur les années Sida avec le talentueux Tom Hanks, et sa bande-son rendue mémorable par le Boss, et nous invite à nous réapproprier un standard autour de la maladie et non plus dedans, avec une interprétation empreinte de compassion et d’empathie. Darlene Love de son côté, a choisi de redonner vie à Night Closing In, le titre dans lequel justement Springsteen évoque le déclic qu’il a pu avoir pour la musique grâce aux prestations féminines des sixties. Emmylou Harris, a choisi pour sa part les rapports difficiles au père qui ne font de cadeaux à personne, en nous livrant son propre ressenti à propos du titre « My Father’s House ». Bien que la carrière du Boss n’a pas besoin d’être sauvée au vu des succès pharaoniques de ses dernières oeuvres musicales qui se sont succédées à une vitesse folle au cours de ses dernières années, cette compilation arrivent au bon moment pour couronner une carrière si dense et brillante, avec pour la première fois l’écho des femmes gravé sur support physique, qui font de ce concept, une démarche on ne peut plus originale et que l’on ne pourra pas étiqueter de purement commerciale. Pour le musicologue averti, c’est aussi l’occasion de redécouvrir des textes sous un autre angle et se remémorer qu’en chanson, toute oeuvre de qualité a le pouvoir d’être réinterprétée selon les propres ressentis et émotions de l’auditeur à un instant T, c’est ce qui en fait par ailleurs toute la richesse et son Human Touch, comme le clame si bien Springsteen accompagné ou non de son E-Street Band de légende. Un bel album surprise qui clôture en beauté cette première fin de cycle d’été.