Neil Young, le spécialiste des albums perdus ! :

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On dirait que la période estivale est propice à Neil Young et surtout à sa maison de disques pour aller nous rechercher des albums que l’on croyait disparus des radars pour le plaisir de les faire réapparaître comme par enchantement. Après Toast l’an dernier, c’est donc à Chrome Dreams de sortir enfin du bois et de nous montrer ce qu’il dispose dans le ventre. Même non-disponible au sein des bacs à ce jour, cette oeuvre de Neil Young est certainement la plus célèbre de l’ensemble des albums qui n’ont pas été publiés à ce jour et il faut remonter à 1977 pour que Chrome Dreams fasse ses premiers pas dans l’industrie musicale, lorsque Neil Young a en sa possession un bon nombre de titres qu’il juge de bonne facture et qui ont été mis en boîte entre décembre 1974 (Star of Bethleem pour l’album Homegrown dont la sortie était initialement prévue en 1975, mais qui ne verra officiellement le jour qu’en 2020), et février 1977 (Hold Back The Tears).
Son souhait le plus cher c’est de les compiler en dépit de leur disparité tant au niveau de l’inspiration, que des musiciens qui lui font l’honneur de l’accompagner, par le biais d’une oeuvre musicale qui porterait le nom de Chrome Dreams, un titre qui devra son inspiration à un célèbre dessin de David Briggs qui sera un mix de l’avant d’une Chrysler et de la tête d’une jeune femme, mais comme Neil Young a la réputation de remettre cent fois l’ouvrage sur le métier, il décide finalement d’abandonner son projet et d’en faire un rêve éveillé qui n’aura pas d’aboutissement, alors qu’il tient certainement en mains, l’un de ses meilleurs albums. Cependant dans le monde musical, tout peut arriver et 46 ans plus tard, le projet de Neil Young devient enfin réalité et c’est donc sur un support physique qui sort dans les bacs actuellement, que les plus fidèles afficionados vont pouvoir enfin se rendre compte qu’ils tiennent dans leurs mains, une véritable bombe discographique.
Bien entendu pour celles et ceux qui découvriraient l’oeuvre de Neil Young, on leur conseille en découvrant Chrome Dreams de faire abstraction du fait qu’il s’agit de titres qui ont été ébauchés au fil des années, et qu’il ne faut pas s’attendre ici à pouvoir écouter du matériel neuf, car pour seuls inédits on retrouve uniquement deux enregistrements, Hold Back The Tears qui nous donne l’occasion de retrouver Neil Young en solo avec un texte plus long qu’à l’origine et Sedan Delivery, qu’il joue ici en compagnie de son groupe The Crazy Horse , dans un style typique de la formation, avec une chute de sessions ayant donné plus tard, naissance à Zuma. Par conséquent pour l’oreille attentive et encore vierge de l’auditeur qui découvrirait Neil Young pour la première fois, de Chrome Dream il peut prétendre à se mettre sous les oreilles, 12 titres inspirés tant sur le plan mélodique, qu’émotionnel et qui ne font pas ombrage aux grands classiques que sont Harvest, After The Goldrush ou encore On The Beach). Bien évidemment, il devra avoir le coeur bien accroché car ici pas question de crier à l’optimisme, car nous sommes confrontés à des titres desquels se dégage une morosité ambiante qui frappe au sol, de sorte que l’on se demande si ce n’est pas la raison pour laquelle l’artiste avait jusqu’ici opté pour le démembrement de l’oeuvre, pour ne pas imposer à son public un album plombant sur la longueur, même qualitatif.