LES TUNIQUES BLEUES Numéro 65

Numéro 65
L’envoyé spécial
Dessins : Munuera
Scénario : BeKa et Munuera
Le numéro 65 des Tuniques Bleues nous fait-il tourner cosaques?

Précisons tout d’abord que ce tome 65 des Tuniques Bleues sort avant le 64 et ce, sans ses créateurs aux manettes, Raoul Cauvin et Willy Lambil qui ont décidé de passer la main.
Reprendre les rênes d’une série cinquantenaire (créée en 69 par Cauvin avec Salvé aux dessins, c’est Lambil qui prend la relève à la mort de celui-ci en 72) populaire : une sacrée gageure !
Un pari que relève élégamment José Luis Munuera aux dessins et les BéKa (pseudo du couple de scénaristes français, Bertrand Escaich et Caroline Roque) au scénario.
Cet Envoyé spécial c’est William Howard Russell, authentique journaliste anglais de la fin du 19ème siècle qui deviendra le premier correspondant de guerre de l’ère moderne (Albert Londres suivra un premier temps ses traces, avant « de porter la plume dans la plaie » pour couvrir la société en général).
Pour se débarrasser de cet empêcheur de publier en rond, ses patrons du Times l’envoient couvrir la guerre de Sécession qui déchirent les USA du Nord au Sud.
Voulant être au plus près des combats, Russell obtient l’autorisation du général Alexander, qui lui adjoint deux gardes du corps, chargés de le survei… euh de l’escorter, notre impayable duo Blutch et Chesterfield.
Les trois hommes vont faire la rencontre de Daisy, une énergique jeune femme qui s’occupe d’orphelins dans une ferme isolée.
Daisy raconte son parcours : mariée de force à un sudiste qui la battait, et aussi pour une raison plus personnelle, elle a trouvé le courage de s’enfuir.
Russell raconte son histoire et montre à quel point la guerre fait des ravages dans la population, sans se soucier de désigner un « bon » (les nordistes) et un « méchant » (les sudistes), au grand dam de l’armée de Lincoln qui goûte peu le souci de véracité de ce journaliste pointilleux, intègre et peu manipulable.
Dans la réalité, les articles de Russell le rendirent indésirable dans les deux camps, tant il y montrait son hostilité à l’esclavage et la désorganisation des troupes nordistes.
Cet Envoyé Spécial est bien ficelé car plusieurs histoires se recoupent, toutes très cohérentes, avec une touche de romanesque bienvenue qui « fait poser l’armure » à Blutch et Chesterfield, les rendant plus sensibles et moins caricaturaux.
Bien sûr, il va falloir s’habituer aux dessins, moins « ronds » mais tout aussi expressifs et bien dans le ton narquois du duo Blutch/Chesterfield.
Mais c’est aussi ce qui fait la force et la réussite de ces Tuniques Bleues nouvelle couture : elles restent fidèles à Lambil et Cauvin tout en y apportant leur patte.
Et c’est tant mieux !
Chaaaaargez pour de nouvelles aventures.