Juicy, la saveur belge qui fait sensation ! :


Ce mois de Mars nous gâte véritablement en matière de musique made in Belgium car après l’album tant attendu de Stromae et celui d’Angèle qui continue à cartonner depuis sa sortie en décembre dernier, voici que notre plat pays accueille enfin au sein des rayons des bons disquaires, le tout premier album du duo bruxellois « Juicy », que nous aimons tout particulièrement parmi les membres de rédaction de Confestmag. Sasha Vovk et Julie Rens qui composent le groupe, sont bruxelloises et ne sont pas des débutantes dans le paysage musical belge car avant de sortir leur véritable premier album « Mobile », elles se sont illustrées par la sortie de deux EP’s intitulés « Cast A Spell » et « Crumbs », sans oublier les multiples concerts donnés en Belgique et au-delà de nos frontières qui ont contribué à assurer aux deux demoiselles, un carte de visite significative, leur permettant ainsi d’asseoir la renommée et surtout d’avoir la possibilité d’assurer la sortie d’un premier album, qui a été véritablement conçu en famille vu que c’est Jean-Marie Rens, le père de Julie qui s’est chargé des arrangements pour orchestre de l’album, vu qu’il est lui-même professeur d’harmonie, lui qui les aime assez élaborées. Ayant débuté leur carrière par des reprises focalisées sur des sons made in US que l’on peut qualifier de coquins, le duo tourne ici la page définitivement et nous livre une première oeuvre musicale teintée de hip-hop et de R and B au style rock and roll sans oublier d’autres influences qui dépasse largement les sentiers musicaux qu’elles avaient tracés par le passé, bref une musique sans concessions qui emballe des textes qui eux aussi tranchent avec les productions actuelles, en taillant dans le vif du sujet et surtout dans les sujets d’actualité qui ne laissent personne au stade d’indifférence de nos jours tel le féminicide, la désillusion, l’inceste, la protection de soi dans une société qui part en vrille, bref si les deux artistes sont d’une nature sympa et fringante, leur premier effort musical n’est pas un concentré de joyeuses gaudrioles, mais marque bien son temps dans un monde qui depuis la pandémie, semble avoir conquis les sommets du « trop c’est trop », et c’est justement cela que l’on apprécie chez elles, c’est qu’elles aiment dire les choses de façon cash et dérangeantes sans tomber dans la mièvrerie et leur titre « When It’s Getting Bad », vaut bien à lui seul toutes les actions que l’on a pu mener jusqu’ici contre ce fléau sociétal qu’est le féminicide, et de leur démarche résiliente on retiendra tous les efforts qu’elles mènes pour garder la pêche dans un monde qui se déglingue au jour le jour. Si à travers leurs clips, elles montrent déjà un goût prononcé pour le spectacle, on peut s’attendre à ce qu’un jour sur scène lorsque les moyens suivront, elles nous proposent un show à grande échelle comme savent en faire les Mylène Farmer et autres Johnny de l’époque, surtout que Juicy s’est fixé pour objectif de proposer au public, différentes formules en ce qui concerne les chansons proposées, afin justement d’en extraire plusieurs grilles de lecture ce qui est in fine bien joué, quand on veut entrer par la grande porte et proposer un album à contre-courant qui se veut le témoin d’une époque qui ressemble au pire des mauvais rêves que l’on aurait préféré ne pas faire. Preuve en est que les demoiselles n’ont pas froid aux yeux et qu’elles en ont dans le pantalon, en 2019 elles écrivirent « Didn’t Knock », afin de dénoncer le projet de loi présenté par Theo Francken, lorsque la NVA partageait encore le pouvoir avec le MR, visant à permettre des perquisitions policières sans mandat d’arrêts chez tout individu soupçonné d’héberger au sein de son foyer des femmes et des hommes dépourvus de papiers, un morceau qui aujourd’hui peut très bien refaire la une de l’actualité avec tout ce qui se passe en Ukraine en ce moment, c’est un peu comme si on empêchait l’homme de venir en aide à son prochain. Lorsque l’on demande pourquoi elles ont opté pour le titre « Mobile » pour ce premier album, elles le justifient par le fait que ce terme fait référence au jouet que l’on donne à un enfant, qui sera d’ailleurs disponible pour les personnes qui vont acheter le vinyl, et au sein des 13 chansons qui jalonnent leur première grande oeuvre, on constate que pas mal de titres font référence à l’enfance, car oui après tout quand le monde déraille et que l’on veut en coucher les moindres aspérités sur CD, il est bien normal de laisser une grande place à l’enfant qui doit creuser ses propres sillons dans un total chaos. Bref, Juicy apporte une fois de plus la preuve que notre pays est apte également à enfanter des artistes qui se dénotent des masses en osant dire des chose en mode brut de décoffrage, avec un talent grand comme cela et il est clair que Juicy surfe sur cette vague.