Christophe, double commémoration à l’aide d’un film et d’un CD.

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Crédit Photo : Bertrand Guay (AFP)

Longtemps considérée comme une petite gripette qui ne devait pas passer les frontières de l’Europe, la Covid-19 sera finalement prise au sérieux lorsqu’elle commencera à faire des victimes et en semant la mort à travers l’Italie, l’un des pays les plus touchés. Vu que nous sommes toutes et tous égaux devant la mort, cette saleté de virus n’épargnera personne et emportera l’une de nos icônes les plus précieuses et appréciées, Christophe dont nous allons bientôt commémorer les deux années d’un triste anniversaire, celui de sa disparition, alors qu’il s’apprêtait à remonter sur scène et avait déjà dans un coin de sa tête, des bouts de textes destinés à un futur album pour lequel il devait retrouver son complice Jean-Michel Jarre, qui lui avait également prêté mains fortes pour le dernier album studio en date, « Les Vestiges du Chaos », les deux derniers efforts musicaux de l’artiste étant deux albums compilant ses plus belles chansons mais revisitées par Christophe, accompagné de nombreuses pointures dont Etienne Daho, Eddy Mitchell, Julien Doré, Camille, etc…

Vu qu’au moment de sa disparition, de nombreuses compilations sont sorties , ce nouvel hommage voulait se démarquer de qui avait déjà été fait auparavant en proposant au public proche de l’artiste, l’occasion de le revoir au cinéma, grâce à « Christophe…… définitivement », un film qui dresse un portrait de l’artiste sur scène et en coulisses au moment où il avait décidé de renouer avec son public en redonnant des concerts en 2002, et qui a été réalisé par Ange Leccia et Dominique Gonzalez-Foerster, deux artistes plasticiens. C’est donc après de longues années d’absence que Christophe décide de remonter sur scène en mars 2022, et c’est dans ce cadre qu’il sera suivi au plus près pour ne pas dire au plus intime de la création, avec une rencontre qui donne naissance à un documentaire que l’on peut qualifier de beau et à la fois bizarre, en guise de clin d’oeil à l’album du même nom que Christophe sortir en 1978. Attention, il y a lieu d’avertir les afficionados de l’oeuvre de Christophe, qu’il ne s’agit pas ici de visionner le concert de l’époque sur grand écran, et que les réalisateurs n’ont pas tenu à mettre en chantier une biographie de l’artiste par le prisme du cinéma et il faut donc surtout voir cette démarche comme à un hommage à un artiste hors-normes.

Connu pour son succès Aline qui en 1965 atteignit le million d’exemplaires en matière de ventes, Christophe va maintenir le cap en propulsant sur le devant de la scène, des tubes tels que les marionnettes, la Dolce Vita, les Mots Bleus avant de connaître à l’aube des eighties, une sacrée traversée du désert qui va tout même lui voler 20 longues années de sa vie, et hormis « Succès Fou » paru en 1983, cette période musicale ne sera plus synonyme de grands succès commerciaux et il faudra attendre 1996 et l’album Bevilacqua (véritable nom de faille de l’artiste), salué au demeurant par la critique pour que Christophe se relance et entame la véritable seconde partie d’une carrière restée inachevée et les années qui suivront seront synonymes de retours plus réguliers et surtout d’albums marquants tels Comm’si la terre penchait, Aimer ce que nous sommes, Paradis retrouvé en guise de clin d’oeil à l’un de ses tubes Paradis Perdu, les Vestiges du Chaos et ces deux fameuses compilations sorties en 2019, avec les plus grands succès revisités.

Ce film sera donc l’occasion de retrouver l’artiste en répétition, tout en devenant le confident de sa vie nocturne car Christophe aimait la nuit qui lui rendait bien en l’inspirant, de constater qu’il était un boulimique de culture et d’ailleurs son appartement constituait le véritable rempart destiné à amasser tout ce qui pouvait le relier au son, au cinéma et à la musique. On va pouvoir aussi se rendre compte son côté pointilleux et sa volonté de chercher la meilleure des sonorités avec le plus de minutie possible, faisant de lui un véritable sorcier du son, comme dans le cadre des répétitions des concerts de l’Olympia. Ce goût du travail bien fait peut nous éclairer sur le fait que l’artiste aimait laisser de nombreuses années entre les sorties des différents albums pour justement nous revenir avec le meilleur de ce qu’il avait pu donner, tout en évitant de refaire à chaque fois la même chose.

Pour ce documentaire, il n’a pas été question de définir un scénario auparavant et aucun spécialiste de la chanson n’a été convoqué afin de nous dispenser de son savoir sur l’artiste et d’ailleurs qui peut se targuer de tout connaître sur Christophe si mystérieux et intime à la fois. Résultat, on se retrouve face à une sorte de carnet de route réunissant trois artistes, Christophe et les personnes chargées de la réalisation pour aboutir à une forme expérimentale de cinéma que Christophe aimait. Ce film est à rapprocher de la démarche qui a été réalisée pour Bowie l’an dernier avec le sublime Moonage Daydream, qui était également sorti en CD et DVD, ce qui n’est pas encore le cas pour ce qui concerne cet hommage rendu à Christophe, qui pour le moment n’est disponible qu’au format CD, histoire de revivre la plus belle bande-son de sa et de notre vie également. Gageons que ce film aura du succès et viendra vite garnir les rayons des magasins spécialisés dans le vente de DVD’s et de Blu-Ray’s, dès qu’une sortie dans les bacs sera officialisée, mais pour le moment c’est au cinéma qu’il faut se rendre, afin de pouvoir bénéficier de ce chef d’oeuvre , ce qui n’est pas plus mal pour aider les exploitants de salles qui eux aussi ont bien souffert depuis l’apogée de la pandémie et de ses confinements successifs.

CHRISTOPHE COCU (237)

Auteur ConFestMag
Président du fan club officiel de Mylène Farmer Belgique

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