Arno, dans les yeux du Saint-Père ! :


Quand on aime la musique et lorsque l’on tente d’en parler au mieux, pas facile d’aller mettre le mot « fin » sur la carrière d’un artiste qui a tant contribué à notre Belgitude et qui depuis le printemps dernier nous a tous laissés orphelins, même si on le sait parfaitement que la carrière d’un grand artiste ne s’arrête jamais car bien entendu non seulement il reste ses oeuvres immortelles pour nous le remémorer à nos bons souvenirs, mais il y aura toujours des rééditions avec très probablement des inédits pour faire perdurer cette légende intemporelle qu’il était et qu’il restera. Déjà lorsqu’il avait entrepris d’enregistrer l’album « Vivre » paru en 2021, qui est un best-of dépouillé de ses plus beaux titrés, revus et corrigés avec la collaboration du talentueux pianiste Sofiane Pamart, qui a lui a rendu un très bel hommage par ailleurs à l’occasion du Rendez-Vous Grand-Place du 23 septembre dernier, Arno n’était pas certain d’arriver au bout de la réalisation de cet album tant la maladie était devenue sa plus fidèle amie, mais comme les anges font souvent des miracles, il était parvenu à aller jusqu’au bout de son projet pour nous laisser cette première trace gravée dans nos mémoires indélébiles, également pour nous remémorer si besoin il en était qu’il était un Grand de la musique. Malheureusement la date de son anniversaire en guise de sortie de ce nouvel opus n’a pas réussi à lui porter chance car pas de promotion pour l’artiste qui est obligé à nouveau d’être hospitalisé et qui ne va plus réapparaître avant décembre de la même année, et qui dans un entretien accordé au Parisien semble faire bonne figure tout de même car il rassure son public en signalant qu’il travaille à la réalisation du futur nouvel album, tout en se préparant à remonter sur scène pour une tournée qu’il avait voulu en deux formules, l’une aux accents rock, l’autre piano-basse faisant ressurgir son côté chanteur de charme, car Arno en dépit de son état ne pouvait s’empêcher de résister pour ce qu’il savait faire de mieux, à savoir son métier, mais en ce qui concerne l’année 2021 il se voit contraint de renoncer à ses beaux projets de combattant actif et il faudra patienter jusqu’en février 2022 pour le revoir sur la scène de l’Ancienne Belgique, avec un concert soldout des plus triomphants et qui sera malheureusement le dernier car Arno qui devait encore se produire sur cette même scène le 15 mars dernier, se voit contraint d’y renoncer et puis en avril le couperet tombe, l’artiste tire cette fois sa révérence pour de bon, mais en nous laissant tout de même un dernier album « Opex », et original cette fois après Santeboutique qui remontait à 2019. Les dix dernières chansons ont été enregistrées à Bruxelles, entre l’automne 2021 et le printemps 2022, avec un nom d’album qui trouve son explication au sein du quartier populaire d’Ostende qui a vu grandir Arno, et d’ailleurs dans les années 70’s, cette ville côtière constituait véritablement un lieu d’effervescence musicale et c’est à cet endroit par ailleurs qu’Arno entendit une chanson d’Elvis Presley qui n’allait pas tarder à le marquer à vie et très certainement influencer le fil d’une carrière semblant toute tracée. Sentant la vie perdre du terrain, Arno a souhaité que ce dernier opus soit majoritairement familial, vu qu’à travers ses nouveaux textes il évoque son Grand-Père, son fils qui a proposé une composition pour l’un des titres, « La Vérité », son frère qui joue du saxophone, tandis qu’Arno joue de l’harmonica sur « I’m not Gonna Whistle ». En guise de dernier pied-de-nez à la vie, Arno invite même Mireille Mathieu sur ce dernier effort musical, pour une reprise de la célèbre chanteuse , « La Paloma », un titre que l’artiste n’aura jamais l’occasion d’entendre dans sa dernière version finale. En raison de la Covid-19, Mireille Mathieu n’aura toutefois pas l’occasion de se déplacer et a donc enregistré sa voix dans un studio à Paris le 23 avril dernier et à peine sortie de l’enregistrement, elle apprenait comme bon nombre d’entre-nous que l’artiste était mort. Pour la pochette qui a été validée avant sa mort, Arno a choisi le Casino d’Ostende et un portrait fait de lui en 2016, une photo qui est bien ancrée dans l’esprit de l’artiste qui semble nous dire en regardant déjà ailleurs, « On a fait la fête et on part en finalité ! ». Arno de son nom de scène Arnold Hintjens, parfois surnommé également Arno Tjens, est un artiste belge né un 21 mai 1949 à Ostende, qui avait la particularité d’être trilingue et qui avait commencé sa carrière en chantant en anglais avant de favoriser le français et parfois le flamand. Parfois considéré comme le Tom Waits belge en raison de sa voix brisée, il est parvenu à se faire un nom au cours d’une carrière longue de cinq décennies, tout en marquant la scène rock belge. C’est au cours des années 80’s qu’Arno va connaître le véritable succès avec son célèbre groupe TC Matic et son célèbre titre, pardonnez-moi l’expression, « Putain, putain ». C’est en 1986 que son expérience de groupe prendra fin pour une aventure solo qui le conduira jusqu’à sa disparition au printemps dernier. Dans le large catalogue des chansons qu’il nous laisse, on retiendra les filles du bord de mer, la reprise du célèbre titre d’Adamo, l’incontournable « Les yeux de ma mère », qui n’a jamais pu laisser insensible les enfants attachés à leur maman, « Je veux vivre » une chanson qui prend tout son sens lorsque l’on connaît l’acharnement d’Arno qui a tenu à se battre jusqu’au bout contre la maladie pour continuer à exercer son métier et bien entendu Oostende bonsoir que l’on retrouve sur l’avant-dernier album de chanson originales « Santeboutique ». Avec Opex, Arno se retire sur la pointe des pieds en nous laissant un dernier CD magistral, compagnon d’infortune pour tenter de guérir un chagrin qui ne nous quitte pas depuis le printemps dernier et tout ce que nous pouvons lui dire aujourd’hui c’est Salut l’artiste, tiens bien compagnie aux anges là-haut, en leur faisant profiter de ton répertoire pour des siècles et des siècles et comme c’est le cas pour de nombreux artistes, tu restes dans nos coeurs et tu ne nous quitteras jamais et dans nos yeux de rockeurs, il y aura toujours des larmes de bonheur !.